Les 14 et 15 décembre, la France miniature des rails va poser ses maquettes en gare de Meursault. Pas seulement. Grâce au concours de la Cité du train à Mulhouse, tout l’armement d’un mythique wagon Pullman de l’Orient-Express sera là aussi. Hercule Poirot en aurait vite déduit la drôle de complicité entre deux Beaunois…
Sylvain Vernerey dirige depuis quelques années le musée français du chemin de fer à Mulhouse. Autrement nommé la Cité du train, ce grand site reprend, sur 25 000 m2, l’histoire de nos monstres d’acier et de leurs bêtes humaines. Il est, en Europe, l’outil de mémoire de référence. A la hauteur du propos. Capable seul de faire revivre l’épopée ferroviaire, des prémices vaporeux de locomotives massives (elles dépassent la centaine de tonnes), aux profils effilés (finiront-ils en stylos ?) des TGV nouvelle génération.
La Cité du train, dans ses jolis quartiers, s’offre ainsi des ambiances à la Hercule Poirot et des scènes de la ruralité d’un autre siècle. On peut s’aventurer dans les complexités techniques les plus inattendues. Admirer les scènes reconstituées les plus improbables, y compris celle d’une gare de l’époque des pantalons à pattes d’éléphant. C’est à une heure de train de Dijon. Finalement à peine plus que pour aller à Chalon.
Mais on peut y voir aussi l’ancienne gare de Cluny. Démontée puis remontée pièce par pièce à 300 kilomètres de son lieu d’origine. D’ailleurs, elle n’est pas le seul point commun avec la Bourgogne dans l’affaire qui nous occupe. Sylvain Vernerey est en effet né aux Hospices de Beaune. Il y a fait ses premières armes professionnelles, dans de jolis établissements de l’hôtellerie et de la restauration. Il y reste attaché, au point de livrer des commentaires sur nos vins à faire pâlir d’envie les connaisseurs les plus avisés.
Denis Thomas, conseiller général de Meursault et président de Beaune Tourisme, n’avait pas imaginé autant de passerelles. Cet ancien conducteur de CC6500, dans années 80, a gardé de son passé cheminot la nostalgie du train. Il compte bien la sublimer, les 14 et 15 décembre prochains, avec la Fête du train au pays des grands noms. Cette troisième édition, organisée sur 2 500 m2, réunira six mille personnes et 75 exposants spécialisés dans “la reconfiguration de sites réels.” Véritables tableaux vivants toutes échelles confondues, ces joyaux du modélisme n’ont “rien à voir avec la fête à Neuneu », insiste volontiers Denis Thomas, ils feront rêver à l’approche des fêtes.”
N’empêche, une présence au format réel d’un objet mythique du chemin de fer à Meursault, au beau milieu des reconstitutions aurait fière allure se sont dits Denis Thomas et Sylvain Vernerey, dès de leur première rencontre. D’où l’idée de déplacer le mythe de l’Orient-Express jusque dans les vignes de la Côte de Beaune. Mulhouse héberge en effet un formidable wagon Pullman, un de ces wagons-salons dans lequel Hercule Poirot dénouait ses enquêtes les plus difficiles.
Le wagon ne sera pas lui-même de la partie. Mais tout ce qui fait son caractère exceptionnel, si. Verrerie Lalique, ébénisterie et marqueterie Prou, vaisselle en porcelaine et argenterie au nom de la Compagnie internationale des wagons-lits: rien n’était trop beau pour l’aristocratie insouciante qui s’offrait ces voyages de légendes. C’est cela, cet “armement” sans équivalent qui sera déplacé, dans un décor reconstitué avec minutie.
Un camion Ford T de ladite compagnie et un compartiment de wagon-lit (acquis par le Musée pour un montant de plus de 100 000 euros) seront aussi du voyage. Tout comme le public, on peut le croire.