Hopi Medical : la solution contre les déserts médicaux ?

Depuis bientôt 20 ans, le professeur Jacques Cinqualbre développe une vision militante de la télémédecine. Hopi Medical, son entreprise strasbourgeoise, conçoit des outils de haute technologie pour le diagnostic à distance. Petite échographie d’une solution providentielle face aux déserts médicaux.

© Hopi Medical

Greffes et transplantations sont le fil rouge de sa vie. Ce cador du bistouri a sauvé et réemployé des milliers de foies, pancréas et cœurs de part et d’autre de l’Atlantique. Natif de Nancy, Jacques Cinqualbre a même longtemps opéré à Houston. En 2015, alors que près de 4 000 familles d’expatriés français vivent dans le Texas, l’essor de la télémédecine lui apparait comme une évidence.

Avec sa société strasbourgeoise Hopi Medical, il développe un outil révolutionnaire mettant en scène un écran, un clavier, une caméra et son lecteur de carte Vitale, des systèmes numériques à la pointe de la HD capables de livrer le moindre secret de la peau, des oreilles, de la gorge ou des yeux du malade. Le chariot LimStar (en photo ci-contre) permet à « un médecin, où qu’il se trouve, de pratiquer une consultation médicale à distance, avec l’aide d’un assistant, infirmier ou aide-soignant qui se tient auprès du patient pour manipuler les outils d’examen clinique ».

L’expérience ne dure qu’un temps. Les systèmes de santé concernés font la sourde oreille. L’initiative ne restera pas vaine pour autant. Elle débouchera sur d’autres usages qui, en premier lieu, concernent la ruralité…

L’hôpital à domicile

Hopi Medical emploie aujourd’hui 24 ingénieurs, développeurs informatiques et soignants. L’entreprise quittera bientôt l’ancienne animalerie du centre hospitalier de Strasbourg où elle était installée depuis plusieurs années, pour exposer ses nombreux talents dans des locaux habilement aménagés, tout près de là. Le récurrent scepticisme ambiant face aux examens exécutés à distance n’a pas eu raison de ses avancées. Durant le Covid, les limites de la téléconsultation l’ont même aidée à imposer une nouvelle vision de la médecine face à l’isolement et la désertification médicale, qui optimise le temps de travail des spécialistes.

Dès les origines de son projet, le professeur de médecine s’est associé aux compétences d’un ingénieur. Damien Ulrich assure la direction opérationnelle de cette « entreprise d’électronique et d’informatique médicale qui a donné naissance à la première plateforme universelle de consultation médicale à distance ». Avec un sentiment d’exclusivité pleinement assumé : « Nous sommes les seuls à communiquer avec tous les systèmes de visioconférences existants, sans limitation et sans aucune intervention sur la solution du médecin. » Parmi les nombreuses révolutions numériques qui découlent de ses recherches, Hopi Medical a mis au point le dossier électronique patient eRosetta, appelé à un grand avenir.

Mais revenons à nos moutons de campagne. Autonome, mobile, équipé pour l’hygiène, LimStar autorise des examens médicaux non invasifs les plus complets et « donne l’accès à l’expertise d’un hôpital directement sur son lieu d’installation ». De l’accueil à l’auscultation, en passant par l’écoute, l’observation et la palpation, ce bijou de technologie permet « des consultations médicales à distance dans des conditions d’efficacité et de sécurité identiques à celles qui prévaudraient si le médecin était près du patient ».

Le professeur de médécine et chirurgien Jacques Cinqualbre, fondateur de Hopi Medical, entreprise spécialisée dans la téléconsultation qui vise directement la problématique des déserts médicaux en campagne. © Hopi Medical

Le spécialiste en direct

Caméra motorisée, lecteur de carte Vitale, clavier lisse, écran tactile batteries au lithium intégrée, berceau inclinable, aucun câblage extérieur, pulvérisateur de solution hydroalcoolique activé grâce à un capteur infrarouge, mobilité aisée : rien n’est négligé pour le confort de l’utilisateur, préalablement formé. Il existe aussi une version transportable du charriot, dotée des mêmes instruments, dans une malette rappelant l’iconique sac noir du médecin et pesant moins de 7 kilogrammes. Formidablement utile quand on visite un malade à domicile.

La résolution des images est optimale et permet à l’opérateur de gérer des examens essentiels et immédiats en liaison directe avec le spécialiste à distance. Serions-nous à l’heure de la déshumanisation ? « Faux, rétorque Jacques Cinqualbre. Ce n’est pas un patient qui s’ausculte, c’est l’infirmier ou l’infirmière qui va réaliser un examen préparé, sur les indications du praticien, et faire gagner un précieux temps à ce dernier, grâce à un charriot mieux outillé qu’un cabinet de généraliste. »

Ce système permet d’ailleurs au médecin de famille de contacter un spécialiste en temps réel, et développer des consultations à trois. C’est une question d’organisation, qui demande juste à mettre en place des plages horaires de téléconsultation. S’installe ainsi la notion de « cabinet médical virtuel, qui n’apporte pas la réponse à toutes les situations, mais le suivi de pathologies chroniques et bon nombre de situations aigües non menaçantes ». Les Ehpad l’ont compris, devenant parmi les premiers utilisateurs de la version de base du LimStar. De nombreuses communes peuvent aussi accroitre leur attractivité en investissant dans ces équipements qui représentent un budget allant de 30 000 à 50 000 euros, convertissable en loyers. Pas cher payé finalement si l’on peut, à demeure, dialoguer directement avec son cardiologue, son ophtalmologue ou son ORL. 

NB : Hopi Medical sera présent au congrès national des maires ruraux. Les élus pourront apprécier dans les conditions du réel le bon usage d’un cabinet de télémédecine.