TotalEnergies : la Côte-d’Or agrivoltaïque

Sans recherche et développement, impossible de relever le défi de la transition énergétique. En Côte-d’Or, un démonstrateur agrivoltaïque est implanté à Channay dans le Châtillonnais, depuis fin 2021, avec le concours de TotalEnergies. 

Vincent Gaffard, directeur régional BFC de TotalEnergies, suit de près le dossier agrivoltaïque, en lien avec les acteurs et les communes concernées. © Baptiste Paquot / DBM

Nous sommes en 2018. Jean-Philippe et Fabrice Delacre, Simon et Pascal Gomichon aspirent à des pratiques productives, pérennes et respectueuses de l’environnement. Leur problématique est multiple : un rendement agricole insuffisant, des ressources en eau impactées par les conditions climatiques, une réglementation contraignante et la quête d’une agriculture vertueuse. Le collectif d’agriculteurs choisit TotalEnergies pour installer à Channay, dans le Châtillonnais, un ambitieux « démonstrateur agrivoltaïque ».

Le champ de la concertation

Une option tout sauf neutre. Elle vise les transitions agricole et énergétique. Jean-Philippe Delacre résume le projet à la coexistence d’un « système de productions agricoles durable et d’un système de production d’énergie renouvelable, dans lequel il n’y a ni hiérarchie, ni dogme, ni de solution toute faite en matière de vivant, mais surtout beaucoup d’engagement et d’humilité ». Ce défi projette le monde agricole dans son propre futur. Une révolution est en marche. 

De quoi parlons-nous, en fait ? De la création, sous le pilotage de l’équipe R&D de TotalEnergies, d’une zone de 14 rangées de panneaux verticaux photovoltaïques bifaciaux, espacés d’une quinzaine de mètres pour laisser le passage aux engins, doublée d’une zone témoin sans panneaux. Le sens de l’expérimentation est dans cette cohabitation. Dans la concertation avec le monde agricole aussi. Un protocole choisit les cultures à mettre en place, en collaboration avec la Chambre d’agriculture côte-d’orienne, la coopérative Dijon Céréales, le pôle innovation en agroécologie Agronov et le bureau d’études Agrosolutions.

Le temps de la terre fixe quant à lui le rythme du process. On tâtonne ainsi d’une culture à une autre, d’une étude agronomique à une autre. « Le démonstrateur de Channay permet d’étudier l’évolution de la qualité des sols et de la qualité environnementale globale en caractérisant la biodiversité du site du projet », explique-t-on du côté de TotalEnergies. 

Visuellement, le tableau est assez graphique, « les couloirs de biodiversité au milieu du champ maintiennent les échanges à l’échelle paysagère ». Un logiciel de modélisation « mesure la performance photovoltaïque de l’installation, en fonction des conditions climatiques et des types de culture depuis la semence jusqu’à la récolte ».

« Les maires sont les acteurs incontournables de la transition énergétique, ils connaissent le terrain
et nous avons déjà mis en place un partenariat national avec l’AMRF »

Vincent Gaffard, directeur régional de TotalEnergies BFC

Montée en puissance

« C’est un point de départ pour refonder une agriculture française source de solutions et de perspectives », se réjouit Jean-Philippe Delacre. « Grâce à ce premier démonstrateur français, nous valorisons des terres de faible qualité agronomique, tout en produisant une électricité renouvelable », complète Sophie Hargé, cheffe de projets chez TotalEnergies, qui peut aussi compter sur Ombrea, centre d’expertise acquis en 2023 par son employeur, dédié aux agri-énergies et regroupant 50 experts (agronomie, climat, biologie, sciences du sol).  

Un financement participatif implique aussi la population dans le dossier de Channay, qui rejoint une vision globale du territoire. Vincent Gaffard, directeur régional Bourgogne-Franche-Comté de TotalEnergies, ne boude pas son plaisir : « Les maires sont les acteurs incontournables de la transition énergétique, ils connaissent le terrain et nous avons déjà mis en place un partenariat national avec l’AMRF. »

80 % de la production énergétique renouvelable est en effet concentrée dans les communes rurales. Les maires, proches du milieu agricole – ils en font souvent partie –, sont au premier niveau de l’action. Trouver la bonne énergie suscite alors l’intérêt du grand public. Le site de Channay, relayé par l’office de tourisme local, est même devenu un sujet touristique, avec 800 visiteurs !

Autre illus­tration de cet agrivoltaïsme qui pousse progressivement dans nos campagnes : Valforêt et son champ de 15 hectares, prévu pour accueillir 15 700 panneaux pho­tovoltaïques et de nouvelles cultures. Soit une capacité de production de 9 MW, l’équivalent d’une consomma­tion annuelle de 6 500 personnes.

C’est l’étape fondatrice du premier projet d’agrivoltaïsme de Côte-d’Or. Les ambitions sont à tous les niveaux. « Début 2024, TotalEnergies a franchi la barre symbolique des 2 GW d’électricité renouvelable installée en France, de quoi répondre aux besoins d’1,8 million de personnes. Nos ambitions sont élevées », promet Sylvain Maës, responsable de l’agence TotalEnergies Renouvelables de Dijon.

« Notre compagnie investit de l’ordre de 5 milliards d’euros par an dans les énergies bas carbone et vise les 100 TWh de production en 2030, ce qui nous propulsera au plus niveau mondial du renouvelable », confirme Vincent Gaffard, soulignant au passage la stratégie multi-énergies de l’entreprise. TotalEnergies, indissociable du carburant, poursuit ainsi sa politique de lien territorial en prenant l’engagement que « 90 % des Français resteront à moins de 15 minutes d’une de nos stations-service ».

Énergies des territoires

La diversité entre énergies est assumée : carburants fossiles, biocarburants liquides (HVO 100, produit en France par TotalEnergies à partir d’huiles de cuisson, déchets d’abattoirs…), biogaz issu de la méthanisation, électricité notamment renouvelable… toutes favorisent l’équilibre énergétique au quotidien et permettent de maitriser les impacts socio-économiques de la transition énergétique. « Cette transition repose sur un mix de solutions et le souci de son acceptabilité », résume l’énergéticien.

Les biocarburants permettent de réduire significativement l’empreinte carbone sans à avoir à consentir à des investissements : « En Bourgogne, Les Canalous, leader français de la location de bateaux de loisirs, ont adopté l’HVO 100, ce qui leur a permis de réduire immédiatement leurs émissions de CO2 de 60 à 90 %. » CQFD.

La production de biogaz s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire territoriale. Elle valorise les effluents et permet de réduire l’empreinte carbone et les charges liées à la fertilisation des sols.

Face aux « passoires énergétiques », enjeu majeur en ruralité (plus de 30 % des logements), TotalEnergies agit également et soutient les interventions individuelles (890 rénovations globales de maison individuelle et plus de 1 650 opérations uniques d’isolation-menuiserie en BFC en 2023), grâce au dispositif des certificats d’économie d’énergie laissant peu de reste à charge à l’usager.

Les énergies des territoires, ce sont aussi les entrepreneurs qui sont les piliers du développement économique. Pour les entreprises en phase de création/développement, un dispositif de financement à taux zéro des PME a permis, grâce à 634 000 euros prêtés, de soutenir plus de 545 emplois. Parmi les bénéficiaires, Lasertec à Arceau, spécialisée dans la découpe et le gravage laser. Arceau… dont le maire est un certain Bruno Bethenod, président de l’Association des Maires Ruraux de Côte-d’Or. La boucle est bouclée.