100 ans du Tennis Club Dijonnais : les dates clés d’une épopée

Du 21 mai 1924 à l’ambitieux projet « monosite » qui démarre maintenant sur le campus Montmuzard, le Tennis Club Dijonnais (TCD) a connu une histoire singulière et passionnante. Grâce aux archives mises au jour par Manfred Hubert, membre du comité directeur, voici de quoi refaire le match d’un siècle de tennis à Dijon…

🎾 21 mai 1924. L’acte de naissance

Louis Fyot (1893-1984), père du futur cofondateur de Médecins sans frontières Pierre Fyot (nous y reviendrons), délégué du Comité régional de tennis, déclare la naissance du Tennis Club de Dijon, boulevard Carnot. La fédération française fait alors état d’un effectif de 25 joueurs… dont 5 femmes, qui se partagent un seul court, rue Charles-Mazeau, près de la place du 30-Octobre.

🎾 Mai 1934. Montmusard

Le maire gastronome de Dijon, Gaston Gérard, et le président de la République Albert Lebrun inaugurent le Parc municipal des sports dans l’ancien parc (72 hectares) du château de Montmusard. 5 courts sont mis à la disposition du club par la Ville. Un sixième, couvert, est aussi disponible avenue Victor-Hugo. Un immense tilleul (photo ci-dessous) plusieurs fois centenaire demeure le témoin de cette époque châtelaine. Aujourd’hui encore, il veille majestueusement sur les activités du TCD.

Témoin de l’ancien château de Montmusard et son grand parc à Dijon, le tilleul multicentenaire trône toujours majestueusement entre les courts du TCD. © Baptiste Paquot

🎾 1947. L’après-guerre

La guerre est passée par là. Un temps associé au DUC, le TCD reprend son autonomie et se reconstitue sous la présidence de Jacques Berland (1913-1996), rapidement relayé par Ernest Planson (1909-1996). Avec 250 membres, le club entre dans sa troisième période. En 1955, sous le mandat d’André Maillotte (1900-1974), de nouveaux cours sont créés, des vestiaires sortent de terre et le Tennis Club Dijonnais franchit la barre des 300 adhérents. Marie-Magdeleine Poignant est déjà là, raquette en main. Toujours très en forme sur le court elle est, en 2024, la plus ancienne licenciée du TCD.

Marie-Magdeleine Poignant, la plus ancienne licenciée du Tennis Club Dijonnais ; photo aérienne du début des années 50. © TCD

🎾 1964. L’envol de Merle

L’ère André Merle durera 13 ans. Le président de la Ligue de tennis et du Comité Côte-d’Or, impliqué aussi dans les instances nationales, reprend un club en pleine progression avec près de 500 adhérents. Francis Nys, 5 titres de champion de France junior, en est une valeur emblématique. La Revue du TCD, un trimestriel, voit le jour sous la plume de Charles Meurdra et René Dion. Elle couvre avec passion les exploits de ce club boosté par les performances des frères Lambert et leurs autres compagnons champions de Bourgogne. L’hiver, on joue sur les 3 courts en terre battue de la foire. Le club house du Parc municipal des sports jaillit du sol. Le TCD implante une filiale, le TCD du Lac, vers le tout nouveau lac Kir, où se construisent une douzaine de courts.

🎾 1967-1971. L’essor des femmes

Les joueuses montent au filet ! Monique Langlois (15/2), élue « meilleure raquette de l’année » en 1968 et 1969, décroche le titre régional. En 1968, Jean-Michel Goguey, et le Chalonnais Hervé Gauvain, futur numéro 4 français, font le show. Pierre Fyot, le fils de Louis, membre du club, développe avec Bernard Kouchner sa vision de la médecine sans frontières. En 1971, Brigitte Simon dispute la finale simple du Championnat de France Cadettes et gagne le double. Plus anecdotique, quoique, un certain Henri Massol fait le bonheur du photographe de La Revue du TCD

🎾 Années 70. Boulevard Voltaire

Ils se nomment Belbis, Berthaut, Bobin, Cabrera, Carminati, Dion, Farcy, Gauvain, Hoymans, Meurdra, Quinto, Rat, Salembier, Salvano, etc. Que des noms de famille intimement liés au destin du TCD. Le « dress code » de l’époque est au blanc intégral et à la raquette en bois. Le 9 avril 1974, le maire Robert Poujade inaugure les quatre premiers courts du 19 boulevard Voltaire. Personne ne se doute qu’ils seront destinés à la destruction un demi-siècle plus tard.

(De gauche à droite) Le couple Bobin tout de blanc vêtu ; la presse annonce l’inauguration des courts couverts par le maire de Dijon Robert Poujade en avril 1974 ; André Merle, président de 1964 à 1977 ; le Chalonnais Hervé Gauvain, ex grand espoir du tennis français, raquette en main. © TCD

🎾 1978. Brigitte Simon au plus haut

Incroyable ! En 1978, Brigitte Simon échoue aux portes de la finale de Roland Garros face à la joueuse roumaine Virginia Ruzici, victorieuse du tournoi cette année-là. Sa meilleure performance en carrière. « J’ai touché l’équivalent de 5 000 euros », déclarera des années plus tard au journal L’Équipe celle qui affronta, en son temps, l’iconique Chris Evert. Les effectifs du club se stabilisent autour de 600 adhérents. Son président Jean-Pierre Potron passe la main, en 1980, à (coucou le revoilà !) Henri Massol…

🎾 1983. L’effet Noah

Coup de tonnerre dans le tennis français : le lumineux et fantasque Yannick Noah remporte l’édition 1983 de Roland Garros. À Dijon, pendant ce temps, José Bou succède à Henri Massol, accaparé par le développement du groupe industriel qu’il dirige. Un cinquième court couvert, des vestiaires et annexes voient le jour. La période est faste. Cinq ans plus tard, c’est un membre de l’équipe 1 masculine, Fabrice Bobin, qui intègre le comité. Une nouvelle histoire d’amour et de cœur avec le club s’écrit.

🎾 1989. L’ère Salvano

Sous la gouverne de Jean-Claude Salvano, dix-huit ans durant, les exploits sportifs se multiplient. La championne de Bourgogne Monique Boucary passe deux tours à Roland Garros (1996). La championne de France juniors Karolina Jagieniak rejoint l’équipe 1 féminine du TCD (1997), sous la direction sportive de Raymond Deblangey (1991-1998). Pas très loin du TCD, le Dijonnais Jérôme Golmard (licencié à l’ASPTT) fait sensation et Marielle Gallay (licenciée à Chenôve) devient championne du monde par équipe des plus de 60 ans. 

(De gauche à droite) Jean-Claude Salvano, président de 1989 à 1997 ; présentation de la nouvelle éuipe dirigeante en 1989 ; le directeur sportif Raymond Deblangey avec l’adjoint aux sports Bernard Depierre ; la championne de France juniors Karolina Jagieniak fin des années 90. © TCD

🎾 Années 2000. Cap sur la N1

Près de 700 licenciés sont comptabilisés en 2001, millésime de l’élection de François Rebsamen à la mairie de Dijon. Henri Massol, encore et toujours lui, reprend la présidence du club six années plus tard. Jérôme Golmard (ancien ATP 22), Rabie Chaki, Alexandre Renard et Jean-Michel Piazza accèdent à la N2, préfiguration d’une ascension en N1 (2010). Le TCD a alors plus de 800 licenciés, un niveau qu’il conserve aujourd’hui.

🎾 2014. Golmard, le coup du destin

La terrible maladie de Charcot frappe Jérôme Golmard. Julian Maes succède au champion dijonnais à la tête de l’équipe phare, qui venge le sort douloureux du grand joueur en arrachant sa qualification pour le Final Four. Puis la municipalité dijonnaise confie au club la gestion des 15 courts du PMS. Raquette à la main, le président Massol décroche le premier de ses 5 titres nationaux, catégorie Séniors, récidivant dès 2017 ! Mais le TCD a son lot de tristesse. Il pleure successivement Guy Belbis, José Bou, Pierre-Yves du Fou et, en 2017, le « Djé », son ancien capitaine de l’équipe 1. En 2022, deux terrains indoor de padel sont inaugurés. Avec ces équipements de pointe, le TCD entre définitivement dans un monde numérique.

🎾 2024. Un nouveau siècle prometteur

Approuvé par le Conseil municipal de Dijon, après deux décennies de cogitation, l’ambitieux projet « monosite » va enfin voir le jour et mobiliser plus de 6 millions d’euros, dont 1,5 assumés par le Tennis Club Dijonnais. Toujours au sommet de sa forme, du haut de ses 84 ans, Henri Massol pose les bases d’un siècle nouveau pour le tennis dijonnais. 803 licenciés applaudissent l’initiative. Il se réjouissent de fouler la prometteuse terre battue du PMS… et de ce nouveau logo du centenaire !

Le président du club Henri Massol et l’adjointe aux sports Claire Tomaselli signant le projet de monosite. D’ici 2025, voire début 2026, une halle blanche rectangulaire à la coiffe ondulée verra ainsi le jour à Montmuzard. © TCD