Ce soir, vendredi 27 mai, la 4e édition des XV d’Or, organisée conjointement par le Stade Dijonnais fraîchement promu en Fédérale 1 et Dijon-Beaune Mag, mettra en lumière, dans un esprit de fête propre au rugby, les acteurs les plus méritants de l’ovalie. Portraits des 13 candidats en lice.
Par Michel Giraud
Photos : Jean-Luc Petit
Pour Dijon-Beaune Mag
600 combattants portent cette année encore le maillot bleu et rouge du Stade dijonnais, des moins de 7 ans aux « Inox », ces anciens qui n’ont jamais eu le courage de raccrocher les crampons. Le Stade dijonnais entraîne aussi dans son sillage 200 partenaires, dont un noyau dur de 70 entreprises, membres du club Affaires. Fédérateur, il est engagé derrière la réussite de son équipe première, dont l’ambition est de retrouver au plus vite la Fédérale 1. Mais pas seulement. Il y a quelques mois, la Fédération française de rugby a labellisé son centre d’entraînement. Le Stade, qui a vu le jour en 1923, il y a bientôt un siècle donc, se structure chaque jour un peu plus à Bourillot. Or, rien ne se ferait sans l’engagement des hommes, sur et en dehors du terrain. Les Gérard Savin, Michel Equey, Eddy Joliveau, Cédric Descaillot, Didier Retière et autres Mariano Rabago sont de ceux-là. C’est pour rendre hommage à ces joueurs d’hier et d’aujourd’hui, ainsi qu’aux bénévoles, aux éducateurs, que le Stade dijonnais et Dijon-Beaune Mag ont imaginé les XV d’Or, dont la quatrième édition aura lieu le 27 mai. Sous le chapiteau, entre deux plats et quelques bons verres de vins de Bourgogne, on remettra des trophées. On refera le match pour la énième fois. On se remémorera les grands moments, et on rendra hommage à ceux qui nous ont quittés. Sans oublier de saluer les jeunes, qui écrivent déjà les nouvelles pages du Stade.
Annie Nehme
L’âme de La Grotte
Une histoire comme tant d’autres. Un fils que l’on suit le week-end, un mari bénévole passionné par le rugby. Puis l’inévitable : « Je me suis piquée au jeu, sourit Annie Nehme. M’investir, c’était pour moi l’occasion de partager quelque chose avec eux. Aujourd’hui, mon fils joue à Castres et mon mari a pris un peu de recul, mais moi, je suis toujours là ! Je travaille dans l’hôtellerie, un métier très stressant. Alors le rugby, les matches, les copains, tout ça me détend. Je suis là tous les dimanches, et plus si affinités ! » Ces jours-là, vous pouvez croiser Annie du côté de La Grotte, la buvette du stade Bourillot. « Le Stade dijonnais est un club à échelle humaine, on s’y attache sans faiblir. Et puis, sans nous, les bénévoles, il lui serait difficile de tourner ! »
Alexandre Mettey
A pleines dents
« Le Stade ? Ce sont mes premiers copains ! » Alexandre Mettey n’a que 6 ans quand il touche son premier ballon. Jusqu’à l’âge de 18 ans, il va écumer toutes les équipes de jeunes du club. Puis il y a les études de médecine à Paris : « J’ai porté pendant une année le maillot du Stade français, avant de devoir raccrocher les crampons, car sport et études étaient incompatibles. » Une pause de quatre ans, le temps de valider brillamment ses diplômes. Ensuite, retour à Dijon et au rugby. « Je n’avais pas fait tout ce que j’avais envie de faire », sourit-il. Au Stade dijonnais, Alexandre retrouve ses copains, sur le bord du terrain, dans les tribunes, parmi les éducateurs. « Le Stade dijonnais, c’est une grande famille. Ici, on forme des joueurs de rugby mais aussi des hommes. » Aujourd’hui, tout en portant les couleurs de l’équipe première, le centre de 29 ans peaufine sa thèse de dentiste.
Clément Fournier
Le géant de demain
Chaud devant ! Clément Fournier, 16 ans, 1,90 m, 98 kg, n’est pas là pour faire de la figuration. Le jeune troisième ligne au physique hors norme a connu au centre d’entraînement dijonnais une ascension aussi linéaire que fulgurante. Il y a peu encore, il était au pays de Galles pour affronter l’Italie et l’Ecosse avec l’équipe de France. « Le rassemblement à Marcoussis, le maillot frappé du coq, la Marseillaise, c’était vraiment impressionnant », s’étonne encore Clément, qui semble destiné à côtoyer le très haut niveau. Seul Dijonnais de la promo, membre du pôle « Espoir » du Stade depuis septembre, il avait été repéré il y a deux ans déjà, « mais je n’avais pas l’âge pour intégrer l’équipe », nous explique-t-il. Gageons que son histoire ne fait que commencer.
Corentin Delabays
Le Franc-Comtois
Deuxième ou troisième ligne, à vrai dire, peu lui importe. A voir sa carrure, on comprend vite que le gaillard peut s’adapter facilement. Comtois pure souche, il a joué ses premiers ballons à Besançon, alors qu’il avait à peine 7 ans. Il y a trois ans, alors qu’il préparait une licence en sciences du sport, Corentin Delabays décide de « franchir un cap, changer d’horizon, jouer à un niveau supérieur ». Dijon l’avait déjà appelé en dépannage dans la sélection ABCD XV. Il débarque donc au Stade, en junior Reichel. Et devient un élément à part entière de l’équipe fanion. « Je savais que le Stade allait me permettre de progresser, et je n’ai pas été déçu. » A 23 ans, Corentin souhaite concilier sport et études. Il est même décidé à décrocher un C.A.P. de boucher !
Frédéric Delhomme
Travail, famille, rugby
Comme son père avant lui, Frédéric Delhomme a fait du sponsoring l’une des raisons d’être de son entreprise. L’Entretien dijonnais, c’est une une belle réussite familiale: « Spécialisés dans le nettoyage industriel, nous employons 700 salariés, qui rayonnent à 90 % dans la grande agglomération dijonnaise ». Foot, handball, rugby… Frédéric Delhomme soutient le sport local. Adhérent historique du Club XV, qui réunit les partenaires du Stade, il s’y retrouve pleinement : « Famille, respect, engagement, volonté : il y a dans ce sport des valeurs qui me sont chères, celles que l’on doit retrouver dans le monde du travail. Le rugby développe en outre cette notion de convivialité qui soude les joueurs, autant qu’une équipe de cadres et de salariés. D’ailleurs, je gère mon entreprise comme une équipe de sport collectif. ». Et ça marche !
Enzo Marzocca
Esprit de famille
Enzo Marzocca n’a pas grandi dans une famille de rugbymen, même si un certain Guy Bruley, l’oncle de sa mère, a porté avant lui le maillot du Stade dijonnais. Enzo est d’abord venu là pour suivre les copains: « Nous étions avec les moins de 11 ans, et j’ai accroché tout de suite. L’esprit d’équipe, le jeu, l’adrénaline, le combat aussi. Le rugby, c’est tout çà, et ça me correspond pleinement. » Pouvant aussi bien évoluer en demi d’ouverture qu’en demi de mêlée, Enzo excelle cette année avec les U18 Balandrade, et rêve « de porter un jour les couleurs de l’équipe première ». Dans ce « club familial et rigoureux » dont il apprécie « les excellents dirigeants, les infrastructures, le terrain synthétique et la salle de musculation », le jeune homme, sur le point d’intégrer le centre d’entraînement du Stade dijonnais, ne cache pas ses ambitions.
Vincent Bourdeaux
Odyssée depuis 2001
Vincent Bourdeaux débarque à Bourillot en 2001, dans les valises de Cédric Descaillot. « Il avait été mon entraîneur au Creusot, et il a voulu que je le suive à Dijon. Rapidement, j’ai trouvé là un jeu qui me plaisait et qui me permettait de m’épanouir. » Vincent portera pendant onze saisons le maillot dijonnais, « avec beaucoup de bons souvenirs, comme l’année de la remontée en Fédérale 1, où nous avions battu Orléans à Auxerre. Sur le papier, ils étaient plus forts que nous, mais notre collectif avait fait la différence. » Soufflot, Parod, Chevassu, Joliveau sont alors ses camarades de jeu. Trois-quarts aile au début de sa carrière, il finit au poste de troisième ligne aile. Désormais enseignant, Vincent conserve des liens étroits avec le Stade dijonnais et initie ses élèves au rugby. « Ça me permet de revoir les copains ! »
Romain Chatenet
Pilier de l’avenir
Après s’être tourné vers le foot, Romain Chatenet découvre le rugby à Is-sur-Tille. Un père rugbyman et l’insistance de quelques copains font le job. « Sans aucun regret, au contraire », confie-t-il. Endossant rapidement le maillot du Stade dijonnais, il connaît une progression linéaire. A l’issue de trois années passées en section sport-études au lycée Hippolyte-Fontaine, ce pilier droit né, élément fondamental de la mêlée des U18 Crabos du Stade, s’apprête désormais à rejoindre le centre d’entraînement du club. « Je regarde avec insistance l’équipe première, c’est mon but. Ce club a de l’ambition, il mérite de retrouver rapidement la Fédérale 1. Ses structures sont solides et nous, les jeunes, nous en bénéficions pleinement. Tout nous pousse à progresser. »
Frédéric Michiels
Les mains précieuses
Dans un sport de contact, son rôle est central : Frédéric Michiels est le kiné du Stade dijonnais depuis 1991.« Avant, j’étais kiné au basket à Chenôve. Des copains m’ont incité à les rejoindre au rugby. J’ai proposé mes services au président Fichère, et voilà vingt-cinq ans que l’aventure dure ! » A l’époque, seul le regretté Gérard Savin s’occupe des soins des joueurs, au coup par coup, selon les besoins. « Petit à petit, nous nous sommes organisés. J’ai lancé la récupération en balnéo en 1995-1996, avec l’appui de Jean-Paul Fichère, avant que Berbizier ne le fasse à Narbonne. Et depuis plusieurs années, nous possédons une commission médicale composée de spécialistes, digne d’un club professionnel. » Frédéric reçoit les joueurs tous les lundis soir à la clinique des Rosiers pour la récupération. Le mardi et le vendredi soir, il est à l’entraînement, et les dimanche, aux matches !
Tom Paterson,
Couteau suisse
Ce trois-quarts centre de métier se définit lui-même comme un couteau suisse, capable d’évoluer un peu partout dans les lignes arrières. L’Anglais Tom Paterson est arrivé en France en 2002,
à Nevers. Puis il y a eu Bourg-en-Bresse, Oyonnax, Limoges, Auch. Il écume alors les terrains de Pro D2. Eric Melville le fait ensuite venir à Dijon. « Il m’avait déjà contacté lorsqu’il entraînait Grasse. Je suis venu pour découvrir la ville, et pour parler du projet avec les dirigeants. J’ai tout de suite adhéré à leur vision. » Paterson retrouve à Dijon Vincent Cortès, qu’il a côtoyé à Auch. Malheureusement, il va connaître la descente en Fédérale 2. Qu’à cela ne tienne, il s’inscrit dans le projet de reconquête, et sa connaissance du rugby s’avère précieuse pour le Stade. « La politique de formation des jeunes que mène le club est une excellente chose. Elle va porter ses fruits, c’est évident. Ils ont grandi avec le club et en seront les grands joueurs. Mon rôle, c’est de les accompagner. Ça me tient à cœur ! »
Julien Rouet
Le Stade au cœur
Quand il arrive à Dijon au début des années 1990, Julien Rouet n’a que 18 ans. « J’étais le petit jeune aux côtés de Laurent Bonventre, Eddy Joliveau et consorts. » C’est à Mâcon que les dirigeants dijonnais sont allés le chercher. Il se fait vite une place en équipe première. Un peu plus tard, Julien porte les couleurs de Poitiers et de Romans. Mais au moment de penser à la fin de sa carrière, il revient à Dijon, « mon club de cœur, la ville de ma femme ». Une fois les crampons raccrochés, il endosse le costume de manager de l’équipe première du Stade. « Puis j’ai eu envie de laisser les seniors, de retourner au pré, et de me mettre au service des jeunes. » Depuis deux ans, il veille donc, avec passion, sur les U18 Balandrade.
Yvan Parod.
20 ans de fidélité
Yvan Parod, c’est plus de vingt ans, de carrière, de sa première licence en 1990 (il a14 ans) jusqu’à ses trois dernières années au club, comme entraîneur joueur de l’équipe B. Une fidélité quasi exclusive au Stade dijonnais, à peine entaillée par deux saisons durant lesquelles il a entraîné Genlis. « Comment ne pas me souvenir de mon premier match en équipe première au Parc des Sports, de la défaite en demi-finale de Fédérale 2 en 2006, aux tirs aux buts, face à Saint-Saturnin ? La finale était programmée le jour de mes 30 ans ! Je me souviens aussi des copains, des conneries dans le bus et les vestiaires, des troisièmes mi-temps… » Yvan Parod a raccroché il y a deux ans. Totalement ? « Pas vraiment. Je garde de nombreuses attaches parmi les éducateurs et les dirigeants. Et puis, j’ai trois garçons. Le plus grand joue déjà au Stade, avec les moins de 12 ans. J’ai encore beaucoup de temps à passer ici ! »
Emmanuel Chevassu
Combattant
Plus de trente ans d’une carrière entamée à Arbois en 1983 et dont le livre s’est refermé en 2015 à Nuits-Saint-Georges. Entre les deux, il y a eu Besançon, et, surtout, le Stade dijonnais, de 1998 à 2013. Quinze années durant lesquelles Manu Chevassu a fait l’unanimité. « Durant toutes ces années, j’ai fait de formidables rencontres, qui resteront à jamais en moi », disait-il l’an dernier. Ce compétiteur hors pair à l’impressionnant charisme déclare encore : « Mon jeu, c’était le combat. » Voilà sans doute pourquoi ce troisième ligne de formation s’est mué en talonneur à son arrivée à Dijon. « J’ai toujours été plus à l’aise sans ballon qu’avec. Du coup, c’est un poste qui m’allait plutôt bien ! » Evoquer le Stade dijonnais avec Manu, c’est aussi parler de son premier match au Parc des Sports face à Valence d’Agen, de Mariano Rabago, ou d’un certain Cédric Descaillot…