Le programme Europeana 1914 -1918 et la Mission du centenaire mobilisent les détenteurs de documents de l’époque à l’échelle européenne. Mais les 100 ans de la Première Guerre mondiale ont surtout fait exploser les initiatives en France. Nos archives départementales ne s’attendaient pas à remuer les cartons et vider les greniers de la sorte. Un phénomène particulièrement sensible en Côte-d’Or, d’où fut lancé l’ordre de la bataille de la Marne.
Sur les 8,5 millions de soldats français engagés dans la Grande Guerre, Lazare Ponticelli fut celui qui aura survécu à tous, s’éteignant le 12 mars 2008 à presque 110 ans. Avec lui s’est évanouie toute la mémoire de la Première Guerre mondiale.
Une mémoire que les archives départementales de Côte-d’Or n’avaient pas l’intention de laisser aux oubliettes. A Beaune, à Dijon, comme au niveau national, un appel a été lancé aux particuliers pour récolter, numériser et conserver tous les documents relatifs à ce pan de notre histoire. Un succès au-delà des espérances pour les conservateurs des archives qui, du fait, ont décidé de prolonger la collecte jusqu’en 2018.
La Bourgogne s’affiche en effet comme une région particulière durant la Première Guerre mondiale. C’est à Châtillon-sur-Seine que le général Joffre, commandant en chef des armées – il sera promu maréchal en 1916 – établit son quartier général à l’hôtel de Marmont, d’où il lance l’ordre de la bataille de la Marne qui portera un coup d’arrêt à la tentative d’invasion allemande le 5 septembre 1914. Le conseil général de Côte-d’Or, partenaire des commémorations du centenaire, tiendra sa commission permanente dans ce même lieu le 8 septembre prochain.
Cartes postales, correspondances, carnets de guerre, objets, films ayant appartenu à des soldats sont donc répertoriés et archivés. Une opération à l’échelle européenne qui vise à conserver une trace pour les générations de ce que fut la Grande Guerre, par les yeux de ceux qui ont combattu. Mais pour le site www.europeana1914-1918.eu/fr la démarche va plus loin et cherche à rapprocher les pays européens autour d’un événement qui a profondément marqué la géopolitique de notre continent.
Localement, plusieurs événements sont d’ores et déjà programmés : car loin d’être conservés à l’abri des regards, Ségolène Garçon-Toitot conservateur du patrimoine et directrice adjointe des archives départementales indique que les témoignages seront dans un premier temps accessibles sur internet, puis feront l’objet d’une publication et d’une exposition. Le conseil général de Côte-d’Or organisera pendant l’été 2014 une exposition de photographies grand format dans les jardins du Département et sur les grilles de la cité Henry Berger. D’autres actions seront également envisagées en partenariat avec la BA 102 qui fête elle aussi son centenaire cette année, l’uB, le cinéma Eldorado, le MuséoParc Alésia ou encore la médiathèque de Côte-d’Or.
Rouvrir les vieilles malles, vider les vieux placards et aller fouiner dans les greniers peut donc devenir une activité dominicale familiale, qui permettra également, au-delà de l’archivage de la mémoire de ressortir de l’oubli des oncles, des tantes, des grands-parents ayant mérité de ne pas rester des poilus oubliés.
Archives départementales : [email protected] et 03.80.63.67.95. Archives municipales de Dijon : 03.80.74.53.82. Archives municipales de Beaune : 03.80.24.56.81