Monopole de la maison Faiveley acquis il y a tout juste 150 ans, le grand cru « Clos des Cortons Faiveley » est unique à plus d’un titre. Tout part d’une étonnante décision de justice…
Vous aurez du mal à trouver le Corton Clos des Cortons Faiveley sur une carte viticole. Fondu dans l’appellation Corton Le Rognet sur la fameuse colline, ce fleuron de la maison Faiveley (Nuits-Saint-Georges), sur 3,64 hectares, est situé à la frontière des appellations Ladoix-Serrigny et Aloxe-Corton. Avec la Romanée-Conti, il est l’un des deux grands crus de Bourgogne à pouvoir porter le nom de son propriétaire.
L’explication de ce cas original prend source dans les années 1930. De 1874, date de l’achat de la parcelle par Joseph Faiveley, jusqu’à cette période, les Faiveley commercialisent le Clos des Cortons, en référence à ce qui constituait un clos – une parcelle ceinte de murs – au Moyen Âge.
Appellation à caractère légal et obligatoire
En pleine vague de législation autour des appellations, le président du syndicat de l’appellation Corton estime que la revendication dudit clos n’a plus lieu d’être. Il mène l’affaire en justice. Du vin bénit pour la famille Faiveley, qui accueille la décision du tribunal de Dijon avec joie, le 25 juin 1930 : pour éviter toute confusion avec d’autres parcelles de Corton, le nom Clos des Cortons devra obligatoirement… être suivi du nom Faiveley !
Stupeur au syndicat, qui voit le jugement confirmé par la cour d’appel de Dijon un an plus tard, puis définitivement entériné par la cour de cassation le 23 novembre 1937 : ce grand cru restera bel et bien une appellation à caractère légal et obligatoire, et non une marque commerciale.
S’ajoute à cela une autre particularité : cette parcelle de grand cru est le seul monopole de Bourgogne à accueillir deux couleurs pour autant d’appellations. Dans sa partie haute, le chardonnay offre, depuis le millésime 2012, du Corton-Charlemagne tandis que le pinot noir enfante le fameux Corton Clos des Cortons Faiveley. Sacré CV !