Il y avait foule ce mercredi 12 octobre pour le cinquantenaire du circuit dijonnais. Près de 8000 personnes sont venues rencontrer les légendes de leur sport. De quoi faire dire à Jean-Louis Moncet, commentateur toujours plein de verve, qu’un retour de la F1 ici serait presque souhaitable…
« Je regrette pas d’avoir attendu ! Vous m’avez tellement fait rêver… » Dans la salle réservée aux dédicaces, les légendes de la course automobile n’en finissent plus de récolter des louanges. Il faut dire que le casting est impressionnant. Partout où le regard se pose, c’est un Hall of Fame ambulant. Prenez Jacky Ickx, six victoires aux 24 Heures du Mans, vainqueur des 800 km et des 500 km à Dijon au cœur des années 70. Le Belge y aura passé une partie de l’après-midi. Sourire rivé aux lèvres, des selfies à la pelle, et quelques moments amusants : « Où avez-vous trouvé ce livre sur ma carrière ? Je ne m’en souvenais même plus ! »
Jean-Claude est venu de Dole pour le rencontrer. Il n’aurait manqué pour rien au monde cette journée des 50 ans du circuit de Dijon-Prenois. Comme lui, environ 8000 personnes sont venues célébrer ce cinquantenaire, en cette belle journée du mercredi 12 octobre. Baptêmes de piste le matin (réservés en cinq minutes à peine), simulations de pilotage sur F1, vénérables anciennes ou modèles rutilants, les passionnés d’auto se sont régalés.
« C’est énorme ! »
Les invités ont aussi aimé ce moment. Inlassablement, René Arnoux a refait une bonne centaine de fois sa bataille légendaire avec Gilles Villeneuve au Grand Prix de France 1979. Le régional de l’étape Bernard Thevenet, seul « non motorisé » de la journée, en profitait pour remonter le fil de la Grande boucle : « N’oublions pas que le circuit a été, de 1977 à 1983, un des hauts lieux du Tour de France. Un contre-la-montre partait de Dijon ou de Plombières et arrivait ici. Il a souvent consacré des Français. »
« Je n’en reviens pas », glisse Jean-Louis Moncet, fidèle à son caractère fantasque. La voix de la F1 au cœur des années 90-2000 en a vu dans sa vie bien remplie. « Mais là, c’est énorme ! Cette fête populaire, ouverte à toutes les générations, est magnifique. Rien que pour ça, Dijon mérite de retrouver la Formule 1 ! » La phrase est lâchée. Une boutade, sans doute… (voir encadré).
Dans le paddock, c’est un joyeux mélange de goûts et de couleurs. Certains auront reconnu l’Audi Quattro avec laquelle Michelle Mouton fut la première femme, et la seule à ce jour, à remporter une épreuve du Championnat du Monde des Rallyes. D’autres, plus jeunes, ne quittent plus des yeux la Porsche 919 Hybrid des 24 Heures du Mans majestueusement posée devant les box. Les concessionnaires dijonnais ont joué le jeu eux aussi en apportant leurs plus beaux modèles.
Phillipe Gaillard, Bruno Saby, Jean Ragnotti, Arturo Merzario, Bernard Thévenet, Margot Lafitte, Jean-Louis Moncet… Les légendes de Prenois avec le livret des 50 ans édité par DBM Le Mag. © Michel Giraud
41 500 euros pour les enfants hospitalisés
Le plateau mécanique était tout aussi exceptionnel. Dijon-Prenois a réussi le coup de maître de placer des stars à portée de public, en toute simplicité. On pouvait se frayer un chemin pour faire causette avec Giacomo Agostini, l’Italien aux 15 titres de Champion du Monde à moto, puis venir à hauteur de Jacques Laffite. L’ancien pilote Ligier a eu toutes les peines du monde à progresser au milieu des véhicules exposés. Il en riait de bon cœur, tout comme sa fille Margot, venue représenter Du Sport et Plus. En soirée, une vente caritative aura permis de lever 41 500 euros pour cette association venant en aide aux enfants hospitalisés.
De quoi rendre philosophe Arturo Merzario, l’ancienne gloire de Ferrari, et un peu nostalgique d’une époque qui semble loin derrière la ligne d’arrivée : « Sur le circuit, c’était la guerre, mais le sport auto c’est une histoire de famille. » Vivement les 60 ans !
Le retour de la F1 à Dijon, Jean-Louis Moncet y croit !
Comme le photographe Bernard Asset, Jean-Louis Moncet faisait partie d’un beau casting de journalistes venus à Dijon. La voix de la Formule 1 (TF1, La Cinq, Canal +, RTL) a trente ans de carrière mais s’est émerveillée comme un gosse sur place. « Dijon représente quelque chose. Il mériterait de retrouver un jour la Formule 1 ! » Sérieux, Jean-Louis ? « Techniquement, les circuits gradués 1 dans une nomenclature très spécifique à la Fédération Internationale de l’Automobile, sont les seuls autorisés à accueillir les Grands Prix. Il n’y en a que deux en France : Magny-Cours dans la Nièvre et Paul-Ricard au Castellet. Il faut que le circuit de Dijon-Prenois soit amélioré, notamment en terme de sécurité, pour se hisser à leur niveau, mais ce n’est pas insurmontable. Le problème, c‘est sans doute l’argent. Il en faut beaucoup pour faire venir la Formule 1… » Aujourd’hui, Dijon-Prenois est devenu un haut-lieu des courses historiques. Tous les pilotes louent son charme à l’ancienne. Rédhibitoire ? « Je ne crois pas. Il y a des circuits sur le plateau mondial actuel moins intéressants que celui-là. » Côté Prenois, la F1 n’est pas vraiment à l’ordre du jour. Le président Yannick Morizot a refroidit cette piste depuis longtemps, ne serait-ce qu’au niveau de la durée insuffisante du tour. Mais la punchline de Jean-Louis Moncet, fidèle à sa verve, a fait son effet !