Sur fond de vente de son ancien hôpital, la ville de Nuits-Saint-Georges se prépare à une alchimie bien particulière pour 2024, entre les festivités liées à la 63e vente des vins des Hospices ce week-end du 9 et 10 mars et l’accueil du Tour de France cet été.
C’est bientôt le début d’une autre vie. L’ancien hôpital de Nuits-Saint-Georges est en cours de cession. Fondée vers 1270 au bord du Meuzin, la petite maladrerie était un hôpital vigneron à part entière depuis la fin du XVIIe siècle, sous la responsabilité de l’illustre aumônier Antide Midan. C’est le site historique tel que l’ont connu plusieurs générations, avant un changement administratif de taille en 2016 et l’intégration au sein des Hospices civils de Beaune, puis l’inauguration d’un nouvel hôpital Saint-Laurent en septembre 2018.
La vente de ce bijou de famille est l’un des dossiers chauds de Guillaume Koch. Le nouveau directeur des Hospices, qui vivra en mars sa première vente nuitonne, a signé une promesse de vente avec le groupe Histoire et Patrimoine Développement, pour un montant dépassant les 3 millions d’euros. La transaction concerne plus de 4 500 m2 d’espace bâti, en vue de créer une cinquantaine de logements tout en gardant quelques parties ouvertes au public, comme l’apothicairerie classée aux Monument historique.
« Je désacralise ! »
Pendant que la grande fête nuitonne se prépare, on s’active donc en coulisses. Les études archéologiques, les différentes zones classées et les études cadastrales poussées prennent un peu de temps. Le service urbanisme de la ville est sur le coup. Le maire Alain Cartron gère lui aussi ce morceau de patrimoine avec toutes les subtilités qu’une telle vente implique, comme… la nécessaire et très prochaine désacralisation de la petite chapelle, cérémonie supervisée par l’archevêque de Dijon. « J’étais de la consécration de l’église Saint-Symphorien après sa restauration il y a une quinzaine d’années, là, je désacralise ! », s’amuse l’élu, toujours aussi attaché à l’image de « capitale des viticulteurs » entretenue par sa cité.
200 bénévoles et 6 km de barrières
Les festivités de la vente illustrent bien cet esprit terre à terre. Le « trio magique » semi-marathon, salon des vignerons et salon du chocolat, repose il est vrai sur un bénévolat formidable et fragile, toujours plus ou moins entre les mêmes mains. Nuits-Saint-Georges aura besoin de ces forces vives pour la préparation du Tour de France.
Le premier adjoint Jean-Claude Alexandre a monté un peloton de choc pour l’occasion. Vendredi 5 juillet, un contre-la-montre de prestige fendra les vignes jusqu’à Gevrey-Chambertin. La population nuitonne va probablement tripler. Et les besoins se font très concrets. « 6 km de barrières à financer et un besoin d’environ 200 bénévoles », dit-on pêle-mêle côté nuiton. Mais il n’est pas encore l’heure de se mettre en selle. Au mois de mars, Nuits-Saint-Georges roule avant tout pour la vente et les festivités qui l’accompagnent.
Les rêves sont permis
Le week-end du 9 et 10 mars a été choisi. Une date qui coïncide avec ProWein, le salon de vins européen et ses 40 000 visiteurs pros, obligeant il est vrai le négoce local à un peu de contorsionnisme calendaire. Ainsi soit-il, les acteurs principaux de la vente s’organiseront et seront bien là.
Avec un résultat record de 3 603 000 euros l’an dernier, tous les rêves sont permis. Au marteau, le très efficace duo formé par le commissaire-priseur Hugues Cortot et l’expert Aymeric de Clouet sent bien que la dynamique n’a plus rien à voir avec les années précédentes. Le prix moyen d’une pièce de vin a plus que doublé depuis 2019, le nombre d’acheteurs ne cesse de grandir, « avec notamment un intérêt croissant des acheteurs chinois », font savoir les Hospices de Nuits.
Ce millésime 2023 ne fut pas de toute repos. Il est en tout cas digne du plus grand intérêt, avec 150 pièces de vin (dont 3 de blanc) à la vente. Jean-Marc Moron est naturellement « heureux de pouvoir présenter un deuxième millésime généreux consécutif ». Depuis trente ans, le régisseur du domaine des Hospices est le garant de la qualité et de la sérénité de la vente. Comme la tradition n’exclut pas la créativité, ses équipes ont fait naître ces dernières années une « cuvée des bienfaiteurs » issue d’un assemblage des 9 premiers crus du domaine, dont la vente profitera cette année à la très utile Fondation Clément-Drevon. Une autre, exclusivement issue de vieilles vignes, rend hommage au premier donateur Hugues Perdrizet. Jean-Marc Moron s’est donné encore un ou deux millésimes avant de passer la main. Pour lui aussi, ensuite, ce sera le début d’une autre vie.