Directrice du lycée de jeunes filles de Dijon (qui porte aujourd’hui son nom), Marcelle Pardé était une femme de conviction. Résistante active pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est déportée au camp de Ravensbrück et y meurt le 20 janvier 1945. Portrait.
Article extrait de Bourgogne Magazine n°57
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Née en 1891 à Bourgoin-Jallieu (Isère), Marcelle Pardé étudie à l’École normale supérieure de jeunes filles à Sèvres, officie comme infirmière pendant la 1ère Guerre mondiale, puis s’embarque en 1919 pour les États-Unis où elle travaille comme professeur de français. À partir de 1930, elle voyage dans tout le Moyen-Orient pour mener une enquête sur les écoles françaises. Revenue deux ans plus tard, elle devient en 1935 directrice du lycée de jeunes filles de Dijon, où elle restera jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, malgré l’opportunité de retourner aux États-Unis qui lui était offerte.
Marcelle la résistante
Femmes de conviction et d’action, Marcelle Pardé et sa secrétaire Simone Plessis entrent en résistance dès le début de l’Occupation. Elles sont respectivement lieutenant et sous-lieutenant des Forces françaises combattantes dès 1942 et ont, sans même que le lycée ne soit au courant de leurs agissements, servi comme agents au sein du réseau Brutus. Elles surveillent les chemins de fer et canaux de la région et font passer des documents importants, mais s’emploient également à éloigner dans la plus grande discrétion quelques élèves juives du lycée.
Le réseau Brutus est arrêté à Paris en 1944 et ne peut alerter leurs agents départementaux. Le 3 août 1944, sur dénonciation, la Gestapo vient chercher mesdemoiselles Pardé et Plessis à leurs domiciles respectifs, puis les déportent ensemble au terrible camp de Ravensbrück. Là, les témoignages rapportent la générosité de Marcelle Pardé, qui s’évertuait à distraire ses sœurs de malheur et à maintenir leur esprit éveillé, les réconfortant sans rien laisser paraître de sa souffrance. Car la directrice du lycée est très malade et si son esprit est resté vif, son corps ne survit pas aux mois de dénutrition ni au rude hiver 1945. Elle meurt pendant le mois de janvier.
Séparée de sa directrice depuis son transfert à Torgau en septembre 1944, Simone poursuit quant à elle son voyage en enfer. Elle résiste tant bien que mal aux durs travaux des camps et est décrite par ses camarades de captivité comme très énergique et altruiste. La jeune femme est ensuite envoyée dans le camp de représailles de Kœnigsberg-sur-Oder, avant d’être finalement ramenée à Ravensbrück le 29 mars 1945. La nuit même, après avoir échappé à la chambre à gaz, elle succombe à une syncope dans la barque où elle s’était réfugiée.
Ce n’est qu’à la rentrée 1945 que les élèves du collège dijonnais apprennent avec stupeur le décès de leur ancienne directrice et de sa secrétaire.