Entre 15 et 16000 packs vendus, sans doute plus de 40000 personnes, des vins très appréciés et une sécurité bien gérée: le bilan de cette Saint-Vincent entre Vougeot et Gilly-lès-Cîteaux est d’autant plus positif que l’événement a renoué avec son esprit originel.
Par Dominique Bruillot
Photos: Clément Bonvalot
Parmi les points les plus appréciés: le rituel de la messe et un état d’esprit général proche des origines de la Saint-Vincent. Malgré plus de 40000 personnes et, sans doute, entre 15 et 16000 packs de dégustation vendus, cette édition entre Vougeot et Gilly-lès-Cîteaux fait la démonstration que le vin peut être célébré dans la liesse et sans débordements. Seule petite ombre au tableau, il a manqué d’un peu de TER samedi en fin de journée, ce qui a provoqué une file d’attente en gare de Vougeot.
Pour le reste, au moment de tout ranger ce lundi, les bénévoles les plus téméraires (il y en avait près de 600 inscrits pour l’ensemble de la Saint-Vincent) n’ont pas la gueule de bois, bien au contraire. « Nous le devons à l’engagement de tous« , confirme la rassembleuse Elisabeth Vincent, présidente comblée et heureuse de voir qu’il restera un peu de vin à boire pour fêter cette performance en « interne ».
Déjà, le samedi, en remontant le fil des pèlerins engagés dans les pas des moines, on se rendait vite compte que la Bourgogne n’est pas une région ordinaire. Affrontant la neige et le vent glacé, des milliers de badauds faisaient et refaisaient l’itinéraire qui a présidé à la naissance de grands vins, intimement vinifiés dans les cuves de la spiritualité.
Gilly-les-Cîteaux et Vougeot sont dans le berceau de l’Occident chrétien, ne l’oublions pas. En plaçant cet événement hautement populaire qu’est la Saint-Vincent tournante sous le signe des origines du vin, sur le chemin des hommes en robe de bure qui, en d’autres temps, défrichèrent les sols et révélèrent les terroirs, les organisateurs de la fête ont multiplié les signes pour que cette grand’messe du terroir puisse rayonner au-délà des clichés entendus.
Terminus Vougeot
Rien de tout cela entre Gilly et Vougeot. Le cortège singulier des villages et de leurs saints, en sortant de l’église, a été béni par les flocons. Les spectateurs volontaires de la cérémonie applaudissaient, pressés ensuite de poursuivre leur périple de plusieurs kilomètres pour déguster les sept cuvées de la Saint-Vincent. En ordre bien maîtrisé, la dégustation commençait avec le C de Cîteaux, avec un blanc d’entrée, pour se terminer avec le « X » qui symbolise le versement du « salaire » espéré, un grand cru portant au choix le nom de Clos de Vougeot ou d’Echezeaux. In excelsis Deo.
Pendant ce temps, la petite gare de Vougeot et sa voie ferrée, placée là comme une ligne de démarcation joyeuse entre les deux villages réunis pour cette célébration de la Bourgogne, absorbait à son rythme (un peu lent parfois, comme nous le disons plus haut) mais sans empressement le flot continu des voyageurs à destination des plaisirs du palais. Chez ces derniers, la plupart du temps, ni impatience ni fatigue. « Le plaisir d’être ensemble » comme le martèle si souvent Christian Delin, l’un des artificiers de ce défi sur lequel peu avaient pourtant misé un euro il n’y a pas si longtemps.
Le résultat est sans appel. Dans un territoire peu fourni en vignerons, mais qui porte pourtant en lui les germes de la Bourgogne viticole la plus prestigieuse, le comité de la Saint-Vincent présidé par Dame Vincent née Pinot (on ne s’en lasse pas), prouve que la vénération du pinot noir et du chardonnay est un phénomène qui appartient à la totalité des Bourguignons, et pas seulement des vignerons.
En ces temps de tourmente, c’est la Saint-Vincent tournante qu’il nous fallait!