Michelin déclasse Jean-Michel Lorain dans l’Yonne et une table dans chacun des autres départements! L’Aspérule et son chef prodige Keigo Kimura à Auxerre sauve les meubles avec la seule nouvelle étoile bourguignonne.
En 2014, la Bourgogne représentait 15% des promus, en 2015 c’est la douche froide qui est tombée en fin de matinée du côté du Quai d’’Orsay à Paris. Impitoyablement, le guide Michelin a dévoilé son palmarès 2015, bien moins reluisant pour celle qui reste malgré tout l’une des plus grandes régions gastronomiques de France.
Le premier tremblement de terre a touché l’Yonne, pas très loin de Tonnerre justement, à Joigny. Jean-Michel Lorrain avait déjà connu pareille mésaventure en 2001 pour renouer avec le saint des saints quelque temps plus tard. Il perd sa troisième étoile, rejoignant à son insu son presque voisin icaunais Marc Meneau à Vézelay.
« Lors de mon dernier rendez-vous avec la directrice du guide en novembre, celle-ci m’avait indiqué que les inspecteurs avaient relevé quelques défauts d’assaisonnement dans les plats qu’ils avaient goutés. (…) Il faut croire que ces quelques grains de sel auront suffit à modifier notre classement! », réagit immédiatement sur son site un Jean-Michel Lorain très peiné pour lui et pour ses proches, évoquant aussi un contexte où « des maisons comme les nôtres auront de plus en plus de mal à rivaliser avec les grosses écuries qui dépensent sans compter pour atteindre les sommets. »
Un goût de vanille
Jean-Michel Lorain assure qu’il va « relever les bras » avec son équipe pour garder le contact avec l’élite mondiale de la cuisine. D’un point de vue comptable, l’Yonne se rattrape aussi à Auxerre grâce à l’émergence d’un jeune prodige formé à l’école de Joël Robuchon, Keigo Kimura. Son établissement, l’Aspérule, peut désormais afficher ses parfums de vanille parmi les nouveaux élus du grand gourou rouge de la gastronomie.
La Nièvre, elle, se retrouve carrément sans étoilé. Jean-Michel Couron, valeur sûre d’un département déjà peu riche en la matière, est en effet dépossédé de l’unique sésame de la catégorie dans le 58. Même punition pour la Poularde de la Chapelle-de-Guinchay en Saône-et-Loire et pour Christophe Quéant en région beaunoise qui, ceci expliquant cela, vient de quitter les cuisines collées au château de Pommard pour mieux s’émanciper à Beaune.
Au bout du compte, la note est salée pour la Bourgogne. A se demander si le célèbre guide, toujours malin dans ses effets d’annonce mais sans doute moins attendu qu’avant, ne pratique pas la douche écossaise pour le bien de sa crédibilité et le buzz qui va autour.
Une remarque gratuite, tant il est vrai que personne ne l’inspecte lui.