Elles seront les invitées du Café des Bourrus(*) sur les ondes de France Bleu Bourgogne ce samedi à 11h30, où l’on se demandera si les Bourguignons sont des machos comme les autres. Mais les Miches feutrées, Cécile et Hélène dans la vie de tous les jours, sont avant tout femmes et artistes. L’une écrit et chante, l’autre joue de la musique. Présentation.
Par Michel Giraud
Photo : Matthieu Chèneby
Article extrait du dossier « Esprits libres »
publié dans le Dijon-Beaune Mag en cours
« Cap ou pas cap?» Un simple SMS lancé en forme de défi, un soir de concert à Dijon: « Je m’en souviens très bien, sourit Hélène. Nous étions à la Péniche Cancale. C’était fin 2012. Ce soir-là, sur scène, se sont succédé uniquement des groupes de mecs! Alors j’ai pris mon téléphone, j’ai fait un texto à Cécile qui était à quelques mètres de moi. Je lui ai dit: chiche, on fait un groupe de filles!»
Avant cela, Hélène Pluyaut-Biwer, la chanteuse, et Cécile Thyébault, la musicienne, ne se connaissaient pas plus que ça: des soirées communes, des amis communs. Et c’est tout. « Je savais qu’Hélène chantait, raconte Cécile. Elle savait que je jouais de la basse et de la guitare. Nous avons donc appris à nous connaître, elle m’a présenté ses textes, je lui ai fait écouter mes compositions. Et petit à petit, la rencontre s’est enrichie. » Les Miches feutrées étaient nées.
« C’est simple: on fait de la musique feutrée et on a des miches! » s’esclaffe à l’unisson le duo. « Intimiste-acoustico-fémino-jazzy. Féminin, pas féministe », précise Cécile. « Cru, jamais vulgaire, embraye Hélène à qui on doit la majorité des textes. Je me suis rendu compte que j’écrivais beaucoup autour du corps, autour du quotidien aussi. Je n’arrive pas à écrire sur des sujets d’opinions, de société. Il y a tellement de gens qui le font que je me dis que finalement c’est aussi bien comme ça! Moi, j’écris des conneries, j’écris la vie, les pieds sur terre. » Les Miches feutrées se sont peu à peu créé leur univers.
« J’écris des conneries, j’écris la vie, les pieds sur terre. »
Un premier concert à la Péniche Cancale, un soutien appuyé des gens de la Vapeur, et voilà comment le duo a pris de l’assurance: « On a développé un univers théâtral, explique Hélène. J’ai fait beaucoup de danse et de cirque avant de rencontrer Cécile. Et ça m’inspire. » Sur scène, elles emmènent toujours un portrait de basset sauvé de la déchetterie, une cage à oiseaux, et surtout une grande guirlande de soutiens-gorges.
« On a même une topette sur scène. Dans l’esprit des gens, il n’y a que les hommes qui boivent au goulot d’une topette! Eh bien non! Nous sommes deux nanas, sourit Cécile. On défend fièrement le fait d’être femmes, d’avoir le droit de faire de la musique. On parle beaucoup des femmes, sans montrer du doigt les hommes, bien au contraire. Je ne conçois pas la femme sans l’homme! Et nous sommes fières de cette aventure. Le public adhère, nous suit. Début décembre, on a égaré notre sac d’accessoires, on a perdu tous nos soutifs de scène… On a lancé un appel, et depuis on croule sous les dons! »
Musicalement, le style est épuré, les textes touchants, comme cette chanson Femme, étonnant enchaînement de verbes pour évoquer le quotidien, la « vraie vie » des femmes, comme Happy Boobs Day aussi, inattendu « hommage » aux seins, aux « roploplos », aux « doudounes », aux « pare-chocs »… « Ça aussi c’est parti d’une connerie, rigole Hélène, mais au final, on a trouvé là un moyen de parler des femmes. » Une à deux fois par semaine, les Miches feutrées se retrouvent pour travailler.
Le 20 février, à Lyon, Cécile et Hélène seront à l’affiche du Kraspek Music, un grand tremplin national dédié aux groupes féminins. Ils étaient 43 au départ. Il reste 6 groupes, dont elles: « On va donc aller faire connaissance avec le public lyonnais avec grand plaisir! » Et l’histoire ne fait sans doute que commencer.
(*)Retrouvez-les Miches feutrées au Cafés des Bourrus sur France Bleu
Ce samedi 7 mars, de 11h30 à 12h30 sur France Bleu Bourgogne, le Café des bourrus, émission habitée par l’esprit du café du commerce, propice au bavardage sans conséquence mais pas forcément dénué de bon sens, tentera de trouver des éléments de réponse à une question grave et de circonstance: Les Bourguignons sont ils machos?
Parmi les invités de Dominique Bruillot et Frédéric Nicolas on retrouvera nos deux Miches feutrées. Alors qu’on nous annonce qu’une entreprise sur quatre seulement est dirigée par une femme, à quelques jours d’une élection départementale qui impose la parité, on va vous causer du pays!