Exceptionnel! Avec un siècle d’écart la page Facebook « Géo soldat » publie à leur rythme d’envoi originel les 170 cartes postales d’amour écrites par un jeune sergent à sa future épouse Olympe, de 1913 à 1917. « Likez » Géo, c’est poignant !
Par Dominique Bruillot
Géo est parti sous les drapeaux, avant les premiers tirs d’obus. Le 9 juillet 1913, depuis Besançon, il envoie sa première carte postale à Olympe. « Mademoiselle, écrit le jeune soldat de la 5ème compagnie, pardonnez-moi cette hardiesse qui me permet de vous envoyer cette petite correspondance, mais je tiens à vous remercier de cette heureuse journée que vous avez bien voulu passer avec moi. (…) Un petit sergent qui pense à vous. »
Ce petit sergent enverra une deuxième carte, puis une troisième. Valdahon, Pontarlier, Besançon à nouveau: à chaque fois des mots tendres, à cœur ouvert. Puis, le 3 août la Guerre est déclarée. Geo continue à écrire à Olympe. Le 26 septembre, depuis le Territoire de Belfort, le ton change: « Ces derniers jours il m’a été impossible de pouvoir avoir le courrier. Nous sommes toujours en route. Le canon se fait toujours entendre, mais nous n’avons que trois tués de toute la semaine. Je suis toujours en bonne santé (…) Vos cartes arrivent très bien maintenant. Je suis heureux de vous lire. C’est un petit peu de France qui vient. J’espère que l’heureux jour qui nous réunira ne doit pas être loin et j’ai grand espoir de revenir sain et sauf. Votre petit Géo qui ne cesse de penser à vous. Mille baisers bien doux. »
Les mots de Géo racontent la guerre dans sa réalité ironique. « Cette carte comme vous pouvez pas le voir est boche. Quel goût ! Comme c’est bien du boche », juge-t-il, le 24 octobre, non sans oublier de préciser: « Le clocher à coté duquel j’ai mis une croix a été rasé par nous il y a huit jours. Se trouvant sur une hauteur il servait aux Allemands pour repairer leurs tirs. Nous l’avons supprimé. «
Un gros boulot!
Il en sera ainsi tout au long des conflits. Géo se fera le journaliste amoureux d’Olympe, sa marraine de guerre. Ils finiront par se marier, comme dans une belle histoire pourtant jalonnée par les faits de l’horreur.
Un siècle plus tard, leur petit-fils décide de mettre au jour cette exceptionnelle correspondance. Aux textes s’ajoutent les images parfois dérisoires de ces cartes envoyées comme des bouteilles à la mer. Patrick Etievant, a voulu livrer en « temps réel » mais avec un siècle d’écart ce trésor de témoignages, en alimentant une page Facebook « Geo soldat », au rythme des envois de Géo.
« Je vais me recaler dans les dates le 28 février prochain, puis les poster jusqu’en 2017, le tout représente à peu près 170 cartes postales. Un gros boulot! », reconnaît cependant Patrick, un « jeune » retraité bien connu en Bourgogne puisqu’il présida pendant quelques années l’INRA de Dijon.
Mais qui aurait pu un jour imaginer que les réseaux sociaux seraient capables de livrer une telle histoire d’amour. Allez, les amis, il faut « liker » le sergent Géo!
https://www.facebook.com/pages/Géo-Soldat/890124877704340?fref=ts