© Jean-Luc Petit
Le premier numéro de Bourgogne Magazine est paru le premier mars 1995. 20 ans après (sortie en fin de semaine), la revue en pince pour Clim’art, s’interroge sur le projet de Parc National entre Bourgogne et Champagne, défend le sort d’une petite auberge talentueuse dans l’Yonne. Après tout, c’est peut-être cela la diversité à la bourguignonne. Edito.
Par Dominique Bruillot
Photos: Jean-Luc Petit
La photo (ci-dessus) de Xue Feng Chen, artiste d’origine asiatique participant à Clim’Art à Villars-Fontaine, en est une belle démonstration: la Bourgogne est une belle région, assise dans ses certitudes, mais pas si plan-plan qu’il n’y paraît.
Elle n’a rien de cette vision d’une province conventionnelle, installée dans l’héritage d’une histoire ducale grandiose, portée par la notoriété de ses vins et l’impulsion spirituelle que le monde lui doit à travers Cîteaux et Cluny. Ce raccourci est lassant. Pour qui connaît bien le territoire (le premier numéro de Bourgogne Magazine fut livré dans les kiosques le 1er mars 1995), la Bourgogne est bien autre chose. Ici, il n’est pas besoin de crier pour agir, il n’est pas besoin de se mettre la main sur le cœur pour s’engager.
Ce nouveau numéro de Bourgogne Magazine, un peu particulier, rend hommage à la grandeur de Jean sans Peur et livre la beauté des paysages quand la nature s’éveille. C’est son rôle. Pour autant, sous la plume de l’excellent Philippe Bertrand, il s’interroge sur le sens à donner à la création d’un Parc national comme celui qui rassemblera la Bourgogne et la Champagne, au nom des feuillus du Châtillonnais. Il prend fait et cause pour la survie de cet établissement discret de Saint-Julien-du-Sault, Les Bons Enfants, ressuscité dans toute son âme par un ancien éditeur qui, contre vents et marées, plaide pour que la cuisine du bonheur (et au beurre si besoin est) ne meure pas. Il rappelle, à travers les incroyables exploits du corsaire Thurot, que la faille sismique d’une côte viticole peut donner naissance à des aventuriers au large, prêts à en découdre, jusqu’à la mort, avec les frégates anglaises.
Il souligne aussi l’attractivité de nos terroirs fabuleux qui, comme au château de Pommard, sont le symbole d’une réussite pour des milliardaires américains ayant fait fortune dans les nouvelles technologies. Tout cela n’a rien à voir avec les clichés éculés d’une région enfermée dans ses accords mets et vins. Sans autre forme de calcul, la rédaction de Bourgogne Magazine s’est donc « amourachée » de l’expérience insolite et audacieuse de Pierre Lignier et de sa petite commune de Villars-Fontaine: 150 habitants à tout casser, qui veulent faire de leur fief un siège pour l’art libre au cœur des grands crus.
Clim’art donne de l’air aux terroirs, il rassemble culture et viticulture dans un esprit joyeux. Voilà pourquoi nous sommes là, voilà ce qui nous motive à donner de la Bourgogne une vision inattendue, parce que la vérité, quand on va la chercher, est toujours inattendue. Sur ce, chers lecteurs, faisons de nos 20 ans le point de départ d’une ère de renouveau à la gloire de cette définitivement si belle région.
Bourgogne Magazine, en vente dans les kiosques ou par abonnement. Pour ce numéro (mi-mars à mi-mai), deux couvertures ont été réalisées: une nationale (Clim’Art), une pour le secteur de l’Yonne (Auxerre réveille les sens).