L’Assemblée nationale a rejeté cette nuit un texte proposé par le député PS Denys Robiliard, portant sur la définition de la publicité pour le vin. Ce qui a le don d’agacer la filière… et les professionnels de l’information.
Par Dominique Bruillot
Dans la nuit du 1er au 2 avril, en séance plénière, les parlementaires de l’Assemblée nationale ont rejeté la définition de la publicité pour le vin proposée par le député PS Denys Robiliard, pourtant préalablement adoptée en Commission des affaires sociales. Ce qui n’a pas manqué de provoquer la colère de la filière.
« Cet amendement aurait permis de clarifier la loi Evin en distinguant la publicité de l’information. Pour les journalistes, les acteurs de l’œnotourisme, les milliers d’artistes et les écrivains, les avocats, c’était la possibilité d’évoluer dans un cadre légal clair, fidèle à l’esprit originel de la loi. Au lieu de cela, nous allons continuer à vivre dans un flou juridique préjudiciable à toutes les parties prenantes concernées par les conditions d’application de la loi Evin » déclare Joël Forgeau, président de Vin & Société.
Il est vrai qu’en la matière, la pratique de l’information de nature vitivinicole est devenue un exercice d’équilibriste. Paris Match en mars 2013, Le Parisien en décembre 2007 et Les Echos en juin 2007 ont ainsi été condamnés par les tribunaux, sur des arbitrages qui sont loin de faire l’unanimité.
Si les membres de Vin & Société (50000 acteurs de la vigne et du vin selon l’organisation), réaffirment leur soutien à la loi Evin et à son application, ils en appellent à la clarté. « La filière viticole a notamment initié un dialogue avec les pouvoirs publics dès juin 2013, via la campagne d’information « Monsieur Evin Revenez, votre loi on n’y comprend plus rien! » En vain (…) les juges se sont substitués au législateur, s’éloignant de l’esprit initial de la loi Evin visant à encadrer la publicité sans pour autant interdire toute forme de communication », poursuit Joël Forgeau.
L’éloge de la clarté
Les professionnels de la filière avaient formulé trois propositions: « Encadrer la publicité et protéger les populations à risque; clarifier les frontières entre ce qui relève de la publicité et ce qui concerne l’information journalistique, le divertissement, la création artistique ou culturelle; permettre d’exprimer des messages de consommation responsables dans les publicités et diffuser les repères de consommation. »
Certes, la loi Evin ne se durcit pas, mais Vin & Société entend bien profiter des débats actuels pour que l’activité professionnelle de ses membres, « chère au cœur des Français et si essentielle pour notre économie, puisse s’exercer dans un cadre clair et sécurisé, sans dogmatisme ni stigmatisation aussi injuste qu’inefficace. » La définition de ce qui est publicité et de ce qui ne l’est pas est un des moyens pour atteindre de tels objectifs de clarification. Après tout, les journalistes ou/et exploitants de médias liés à l’art de vivre en France, ne sont-ils pas les premiers à espérer en ce sens?
Nous avons nous aussi toutes les bonnes raisons d’adhérer au bon sens de Vin & Société qui s’exprime en ces termes: « Le vin devrait être appréhendé de façon transversale dans notre pays parce qu’il relève à la fois de l’économie, du tourisme, de l’agriculture, de la culture, de la santé et de l’éducation (…) C’est en donnant au vin sa juste place, celle d’un produit culturel à apprécier avec raison, dont seul l’excès doit être condamné, que nous obtiendrons des résultats contre l’alcoolisme. »
Sans cela, sans cette vision des choses, quelle représentation de la Bourgogne pourrions-nous donner par exemple?