Le maire de Dijon est monté au créneau pour en dire un peu sur la transformation à venir du centre-ville. Au cœur de cette revitalisation, la rue des Godrans est l’artère de tous les défis.
Par Geoffroy Morhain
Photos: D.R.
A en croire les déclarations du maire Alain Millot lors d’une récente conférence de presse qui visait à contrer ses détracteurs politiques autant qu’à rassurer les Dijonnais, le centre-ville de Dijon, loin d’être mort, représente « la grande chance de Dijon ».
Boutiques, terrasses et vieilles pierres
« Les oiseaux de mauvais augure qui annoncent la fin du commerce en centre-ville sont des irresponsables, mais surtout des menteurs. » Et de présenter le secteur comme « le plus grand espace commercial à ciel ouvert de Bourgogne », qui regroupe non seulement du commerce (près de 1 400 vitrines), mais aussi de l’habitat, des services, de la culture… Le tout sur un secteur sauvegardé de près de 100 hectares qui constitue un cadre d’exception pour la flânerie et le shopping.
Difficile effectivement pour un centre commercial, aussi grand soit-il, de rivaliser avec ce décor historique, ce patrimoine urbain qui incarne l’art de vivre à la dijonnaise. Véritable destination touristique, ce centre-ville attire d’ailleurs de plus en plus de visiteurs (+ 4 % en 2014, avec une hausse de 14 % pour les étrangers), des promeneurs dont le nom rime bien souvent avec « consommateurs ».
Entre voies piétonnières (les rues Charrue et Piron vont faire l’objet d’une concertation publique à ce sujet), vitrines, terrasses (+ 700 m2, soit environ + 10 %, sur la dernière année, malgré une révision des tarifs à la hausse qui a fait grincer des dents) et vieilles pierres, il est vrai que le cœur de ville dijonnais a des atouts à faire valoir. « N’en déplaise aux Cassandre, ce centre-ville est valorisé, accessible, et connaît un dynamisme sans précédent qu’attestent les comptages piétons », réplique la Ville, chiffres à l’appui.
Le revival du secteur Godrans
Rendue aux piétons depuis trois ans, la rue des Godrans est certainement celle qui symbolise le mieux ce renouveau porté par l’arrivée du tramway. Plus qu’une évolution, une métamorphose, qui a transformé cette rue noire de circulation aux trottoirs exigus en une artère pleine de vie, la plus fréquentée par les piétons après la rue de la Liberté. Bousculée les matins de marché, cette voie reliant la place Saint-Bernard au coin du Miroir s’est imposée très rapidement comme l’une des principales portes d’entrée du cœur de ville.
Divia enregistre d’ailleurs environ 5 400 montées à la station « Rue des Godrans » (côté rue de la Liberté), soit autant qu’à Dijon-Gare et Foch cumulés. Entre les terrasses de bar-restaurant (Brasserie de l’Industrie, Caveau de la Chouette), les artisans de bouche (le chocolatier Sébastien Hénon ou le pâtissier Pierre Hubert) et les boutiques spécialisées (la chapellerie ou le magasin de jouets), la rue des Godrans est un peu comme un village dans la ville, une sorte de rue Gama « pour de vrai », sympa et conviviale.
Dernier aménagement en date allant dans ce sens, la démolition du mur aveugle de la Banque de France, que les commerçants voyaient comme une verrue, a commencé le 17 juin. D’ici fin juillet, cette façade de béton aura été remplacée par une élégante grille en fer forgé à travers laquelle se dévoileront les jardins de la banque en question.
La Cour Bareuzai en gestation
Dans la continuité de la rue des Godrans, un ambitieux renouveau commercial s’amorce aussi autour de la place Grangier. La Ville a engagé un travail avec le Côte-d’Orien Bertrand Lavier, une pointure de l’art contemporain, pour réfléchir à l’aménagement d’une place à dominante végétale, dans un planning qui s’inscrira naturellement en continuité du planning des travaux de la poste centrale. Cette dernière va en effet également connaître une profonde métamorphose en 2016: à côté du bureau de poste qui restera ici, il est prévu la création de quatre ou cinq boutiques sur les rues Jean-Renaud et du Temple, l’ouverture d’un hôtel Okko de 90 chambres côté place et l’aménagement de bureaux haut de gamme pour des entreprises tertiaires côté boulevard.
A deux pas de là, dans la partie sud de la rue des Godrans, au n° 61, l’hôtel des Godrans (lire encadré) fait l’objet d’un autre projet d’envergure. La Ville de Dijon ayant regroupé ses services rue de l’Hôpital, ce bâtiment historique, qui abritait le Centre communal d’action sociale, a été vendu par la municipalité, qui a expressément imposé à l’acquéreur d’y installer une activité commerciale.
Parmi les cinq dossiers en compétition, le projet « La Cour Bareuzai » semble emporter les faveurs d’Alain Millot: « C’est à mon sens le projet le plus audacieux, porté par un acteur local associé à un architecte international. Il révèle un choix architectural innovant, mêlant ancien et contemporain, avec un usage maximal du verre qui garantit la transparence et met en valeur le bâti historique rénové. C’est aussi un projet urbanistique qui prévoit la réouverture du passage piéton entre la rue des Godrans et la place François-Rude. Enfin, c’est un projet commercial ambitieux avec 6 boutiques créées sur un total de 2 350 m2, avec des enseignes nationales voire internationales pas encore présentes en Bourgogne-Franche-Comté pour certaines d’entre elles. »
Réponse définitive le 29 juin à l’occasion du conseil municipal qui statuera officiellement sur le projet lauréat. Quoi qu’il en soit, la mutation du centre-ville passera par là.
Légende photo Rue des Godrans © Ville de Dijon :
Depuis sa piétonisation, la rue des Godrans a retrouvé le sourire, ainsi qu’un sympathique petit air de « rue Gama ». Pas moins de 80 000 piétons y passent chaque semaine en moyenne (comptage au niveau de la station de tramway de la place Saint-Bernard).
Légende photo Rue des Godrans © Clément Bonvalot :
Place Grangier, le bâtiment de la poste centrale (à gauche) abritera bientôt des commerces, en plus du bureau de poste qui sera conservé.