Boulot : ce drôle de mot désigne à la fois le pain et le travail. Il colle bien à l’actualité de la Cité de la Gastronomie et du Vin à Dijon, dont François Rebsamen a annoncé ce mardi le véritable lancement, avec son partenaire Eiffage et les prestataires culturels sollicités par ce dernier: Vega et Fimalac. Maintenant que les feux sont au vert, il faut se retrousser les manches et véritablement construire le projet.
Par Dominique Bruillot
Illustrations : D.R.
François Rebsamen a donc mis les petits plats dans les grands pour lancer officiellement « sa » Cité de la gastronomie et du Vin. On savait déjà, depuis le vote par le conseil municipal de la cession du terrain de l’hôpital général à Eiffage, il y a un peu plus d’une semaine, que Dijon avait résolu une première partie de sa problématique. On savait aussi que le partenaire privilégié de l’opération, Eiffage, aura désormais les coudées franches pour mener à bien un projet d’envergure, qui tient autant du défi de l’urbanisation au sud de la capitale de la Bourgogne/Franche-Comté que de la réussite d’une Cité vouée à mettre en appétit les acteurs économiques locaux et les gastronomes les plus fins.
2000 à 3000 emplois
200 millions, c’est le chiffre martelé par François Rebsamen pour bien faire prendre conscience de l’envergure de l’opération. « J’irai jusqu’à 250 millions » surenchérit Michel Gostoli, président d’Eiffage construction, en présence de son PDG Benoit de Ruffray, du Dijonnais et vice-président d’Eiffage Jean-François Rovareto et d’une belle tablée de journalistes régionaux et parisiens. Tout en saluant au passage un modèle de partenariat public/privé, « très peu engageant pour l’argent de la collectivité. »
Il est vrai que l’enjeu, on ne va pas le répéter, tourne déjà autour de « 70000 mètres carrés de bâti, 540 logements, 3 résidences service au cœur d’un parc de 3,5 hectares, un hôtel 5 étoiles de 83 chambres et un complexe cinématographique de 13 salles qui participera à la vocation culturelle et pédagogique du projet. » Même si derrière l’annonce, il y aura toujours une multitude questions à propos du réalisme de cette ruche immobilière et hôtelière, voire de l’aspect providentiel d’un nouveau complexe cinématographique dans une agglomération déjà bien dotée en la matière. Peu importe finalement, l’avenir donnera sa réponse aux sceptiques, à tort ou à raison. François Rebsamen leur oppose déjà que « Dijon est la seule ville du Grand Est avec Strasbourg à avoir gagné de la population. »
Un joli gâteau
On voit bien tout l’intérêt que le monde du BTP régional, largement représenté au lancement officiel de la Cité de la Gastronomie à l’Hôtel de ville, porte à ce joli gâteau servi sur un plateau. Après la fin de l’ère du « tram », la profession à faim de commandes et ce gros chantier vient à point nommé pour reprendre des forces. « 2000 emplois créés pendant la période des travaux, 3000 à terme avec le développement touristique qu’il générera » précise encore le maire.
Dijon est même la plus en pointe parmi les 4 cités désignées à l’origine par L’Etat pour représenter l’universel Repas gastronomique des Français. Tours a en effet botté en touche en se rangeant dans le projet d’un immense banquet rabelaisien. Rungis attend que le train arrive à lui depuis Paris pour se lancer dans l’aventure, ce qui en repousse la perspective au-delà de 2020. Seule Lyon emprunte la voie choisie, à son rythme, laissant à sa petite sœur bourguignonne le plaisir de courir en tête.
Maintenant, le grand public a faim lui aussi de savoir ce que cette Cité va proposer. En guise d’amuse-bouche, l’architecte Béchu annonce que cet ensemble se « dégustera comme un menu gastronomique et culturel. » Soit, mais après?
Les jolies mises en perspectives du projet ont, il faut bien le reconnaître, de l’allure. Mais il va falloir maintenant travailler le contenu, finaliser la proposition culturelle, concocter une alléchante recette qui va régaler le visiteur et positionner enfin Dijon sur le strapontin des villes les plus gourmandes du pays, au-delà des effets de « com ».
Les clés du projet
En amont du dernier conseil, François Rebsamen himself, avait discrètement évoqué ses échanges instructifs avec Marc Ladreit de Lacharrière. Ce milliardaire créatif est le fondateur de Fimalac, un groupe financier fortement impliqué dans le monde culturel, à l’image de son action dans L’Association des Musées Méconnus de la Méditerranée (AMMed) et de Webedia, qui ambitionne de devenir le premier groupe média numérique français. On le retrouve sans surprise au cœur du dossier. Du lourd donc, qui rassure à propos du modèle économique qu’il saura trouver dans cette affaire dont son groupe a la charge.
Côté exécutif, Eiffage loue les services du groupe Vega, que l’on connaît à Dijon puisqu’il y exploite notamment le Zénith. C’est à lui que revient le challenge de bâtir une Cité de la Gastronomie douée d’un positionnement clair, d’une offre attractive et d’un juste rôle entre le Repas gastronomique des français, qu’elle représente, et les Climats de l’Unesco dont elle sera le point de départ au nord de la zone inscrite au patrimoine mondial.
On sait encore peu de choses sur ce que nous réserve cette prometteuse Cité de la gastronomie. Normal après tout, car il a fallu régler quelques « petits » soucis de foncier et d’amiante dans les bâtiments. On sait seulement que la formation à la cuisine y jouera un rôle important et que la concertation avec les acteurs régionaux (mondes du vin et de la gastronomie, du tourisme et de la culture, du patrimoine et de la communication) sera la clé de la réussite de l’ensemble.
On vous le disait au début de cet article: les feux sont au vert, maintenant, au boulot!
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