Menacé de destruction dans les années 90, le vélodrome de Dijon appartient à la mémoire collective de la ville. Les associations sportives le soutiennent, certains y font des exploits, mais sa rénovation complète n’est pas encore à l’ordre du jour. Patrimoine en péril ?
Le 18 septembre dernier, le sociétaire de l’ASPTT Dijon Roger Berthelon pose les bases du record du monde de l’heure dans la catégorie des 80-85 ans. Il met un coup de projecteur inattendu sur le vélodrome de Dijon. Journalistes et photographes, face à l’évidence, évoquent le contraste entre la performance du champion et la vétusté du vénérable édifice qui fêtera ses 80 ans en 2014.
Patrimoine à part entière de la ville, le vélodrome de Dijon a été menacé de destruction à plusieurs reprises. Bernard Mary, président du SCO Dijon, en convient : « Il ne se passait plus grand chose là-bas. Nous l’utilisions depuis des années juste pour l’entraînement de nos pistards. » Mais c’est à Gérard Dupire, l’adjoint chargé des sports de Dijon, que revient la bonne idée. Celle qui donne un sursis à ce lieu porteur de la mémoire collective des grands rendez-vous populaires du vélo. Pourquoi ne pas mettre le siège social du club cycliste au coeur du site, au cœur de sa propre histoire finalement. Reste alors à imaginer de nouveaux événements, à faire revivre l’équipement au-delà de son rôle occasionnel de parking VIP les soirs de match du DFCO, le club de foot voisin. Quelques coups de peinture et un peu d’agencement ne feront pas de mal non plus.
La piste, malgré tout, demeure le point sensible de l’affaire. Rénovée deux fois en un peu plus d’une décennie, elle ne donne pas satisfaction. « Elle pourrait devenir dangeureuse à terme « , va jusqu’à dire le président du SCO. Aussi, Dijon est une ville hyper active dans le domaine des sports. Revers de la médaille, Gérard Dupire est sollicité de toutes parts. Donc obligé d’en conclure que ce chantier n’est pas une priorité. « Chaque chose en son temps », plaide sportivement l’élu.
Pour l’heure, la piscine du carrousel et la nouvelle tribune de Gaston-Gérard sont au plus haut dans la pile des projets. Les nageurs et les footeux jouent devant les cyclistes, fussent-ils nostalgiques et protecteurs de leur patrimoine chéri. Dans le même temps, un sondage publié récemment dans le spécial sports de Dijon-Beaune Mag, auprès d’un échantillon qualifié de plus de 1000 habitants de l’agglomération, révèle que l’attente est différente. Une patinoire moderne (près de 25%) et, surtout des salles omnisports de quartier (45%) arrivent loin devant l’espoir d’un nouveau vélodrome (moins de 5%).
La remise à neuf de l’équipement sportif avoisinerait le demi million d’euros. Des réflexions sont engagées pour aller vers « des petits ajustements. » Par son exploit, Roger Berthelon aura donc lui aussi contribué à ce que les regards ne se détournent pas du vélodrome… qui est né après lui. De pansement en pansement, de tour de piste en tour de piste, le destin de ce monument attachant, parviendra peut-être à ne plus tourner en rond.