Beaune: si les Ricains n’étaient pas là…

Beaune, la ville de Chevrolet a célébré sa libération et ses amis d’Outre-Atlantique en inaugurant l’Historial de l’amitié franco-américaine. Uniformes de GI d’époque, jeeps et voitures blindées made in USA ont croisé les anciens combattants et militaires en tenue officielle. Tout pour rappeler qu’on va redonner vie au quartier du Camp américain.

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Par Martin Caye
Photos: André Marceau, DR

« Sans les États-Unis, nous parlerions peut-être allemand et je vous ferais peut-être ce discours en allemand ». Alain Suguenot, député-maire de Beaune, n’a pas besoin de formule alambiquée pour expliquer les raisons de cette cérémonie et inaugurer l’Historial de l’amitié franco-américaine, en présence de Jane D. Hartley, ambassadeur [sic] des États-Unis d’Amérique en France. On se serait un instant cru dans un épisode de House of Cards, la série télévisée narrant les turpitudes de la vie politique américaine: énorme 4×4 noir aux vitres blindées, blason de la présidence des États-Unis et gorilles patibulaires avec oreillettes de rigueur.

Philippe Roux, adjoint à la médiation sociale et à la vie des quartiers, au devoir de mémoire et au monde combattant est considéré par tous comme l’artisan de cette initiative. « Le camp militaire était un hôpital d’une capacité de 20000 lits, a ouvert en avril 1918  » explique-t-il, « à la fin de la guerre, en 1919, il est devenu une université pour militaires étudiants: 10000 étudiants pour 600 professeurs. Cela semblait évident qu’il fallait commémorer cela. C’était quand même le double de la population de Beaune de l’époque ».

Mais pourquoi cet Historial ne sort-il de terre que maintenant? « Cela prend du temps de mettre tout le monde autour de la table, de réunir -tout de même- 548000 euros de budget, d’acquérir le terrain, les uniformes d’époque, etc. » poursuit Philippe Roux. Cette nouvelle structure s’inscrit également dans une logique de redynamisation du quartier du Camp américain et va de pair avec la construction de la rocade de Beaune.

Beaune l’Américaine

Les liens entre la cité vinicole et la patrie de l’oncle Sam ne se sont pas limités à ce seul hôpital militaire. Clin d’œil involontaire ou assumé, la voiture de l’ambassadeur, une imposante Chevrolet, porte le nom d’un ancien habitant de Beaune parti avec son frère faire fortune aux États-Unis. On parle ici de Louis Arthur et Gaston Chevrolet, pionniers de l’automobile ayant habité quelques années à l’angle de la rue Maufoux.

Aussi, il ne faut pas oublier que les cépages qui font la réputation de la région ont vu leurs pieds de vignes greffés sur des pieds américains, résistants au phylloxéra qui a décimé les ceps bourguignons à la fin du  XIXe siècle. Enfin, nombre des compatriotes de Barack Obama, grand amateur de moutarde de Dijon paraît-il, viennent chaque année découvrir la ville et ses vignobles. Et ce n’est pas Mme l’ambassadeur Hartley, venue passer sa lune de miel à Beaune il y a plus de 30 ans, qui dira le contraire.

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Terrain de baseball dit « Pershing Field » de l’université américaine de Beaune (1919). © Librairie Cretin-Pellion.

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