Le réseau nivernais en avait besoin, son pendant côte-d’orien le voyait d’un très bon œil: depuis l’été, les Gîtes de France de Côte-d’Or et de Nièvre ne font plus qu’un. Une fusion inédite pour le premier réseau d’hébergement chez l’habitant en France. Et un (tout) petit pas vers une union burgundo-comtoise.
Ils se sont dit oui, pour le meilleur… et le meilleur, bien sûr. L’union entre les deux réseaux voisins, qui forment maintenant un parc de près de 850 hébergements (gîtes et maisons d’hôte), est l’aboutissement d’une logique de rapprochement qui remonte à plusieurs années. Elle est impulsée par trois hommes: Patrice Lanier, président des Gîtes de France en Côte-d’Or, son directeur Frédéric Gachet et l’ancien président des GDF Nièvre Michel Lacaze, aujourd’hui vice-président de la nouvelle entité.
C’est une première en France. Une fusion est aussi à l’étude dans les Hauts de France, mais reste au stade embryonnaire. Pour l’instant, les trois hommes sont les seuls à avoir mis à profit leur même vision d’avenir. Il paraît que l’union fait la force…
Faire face aux évolutions législatives, technologiques et structurelles
Et de la force, il en faudra. D’abord, pour affronter les évolutions législatives. La fin généralisée des subventions départementales d’ici deux à trois ans va poser la question de la vitalité des départements dotés de petits parcs d’hébergements. La Nièvre en fait partie. Michel Lacaze, son ex-président, n’a pas attendu le point de non-retour pour se greffer à la Côte-d’Or: « Avec 240 gîtes et 70 maisons d’hôtes, notre parc est réduit. On était demandeurs, dans la mesure où il nous fallait impérativement une locomotive. »
Michel Lacaze n’oublie pas de noter le coût technologique, véritable poids pour les petites antennes. À cela, se greffent les évolutions structurelles: le vieillissement des membres du réseau GDF rime avec baisse de l’investissement. D’où la nécessité d’attirer des membres plus jeunes, qui veulent véritablement vivre de cette activité. Pour aider, un taux de commission à 0% a été mis en place.
En outre, la très bonne entente entre les trois hommes a été le ciment de cet acte fondateur. « Je crois que les rapprochements se font et se défont en fonction de l’humain, note Patrice Lanier. Ce triumvirat fonctionne bien depuis plusieurs années. Il fallait le matérialiser. »
Exit les départements, place aux « bassins touristiques »
Le matérialiser, oui, mais comment ? Sous ses faux airs de « fusion-acquisition », cette union est en fait bien plus « douce ». La Nièvre garde son antenne locale pour ne pas mettre à mal la proximité entre l’association et son réseau d’hébergements. Le succès des Gîtes de France repose en grande partie sur une parfaite connaissance de l’offre. Ainsi, seules les clés administratives nivernaises sont remises à la centrale commerciale en Côte-d’Or, qui gère aussi le parc de l’Yonne.
Quid des autres départements ? Cette mutualisation n’est pas envisagée par toutes les antennes. Mais à terme, le but est bien de réorganiser le paysage en « bassins touristiques ». Sans trop s’avancer, car il est encore bien tôt, les trois hommes pensent à un découpage sur toute la Bourgogne-Franche-Comté. En ce sens, la direction nationale envisage aussi un système organisé autour de 13 unions régionales en France.
Le premier réseau alternatif de tourisme chez l’habitant pense à un nouveau virage. Il fait bien: son fonctionnement n’est plus celui d’une petite association de quartier. 60 000 hébergements, 47 000 propriétaires, plus de 3 millions de vacanciers par an, 430 millions d’euros de volume d’affaires… Mieux vaut bien réfléchir avant de dire « oui ».