Suite à un appel à projets national lancé par l’Association pour le développement des immeubles à vivre bois (Adivbois), 24 sites ont finalement été retenus sur toute la France pour la construction d’immeubles en bois de moyenne ou grande hauteur. À Dijon, c’est la Société Est Métropoles (SEM, ex-Semaad) qui va organiser le concours d’architecture pour réaliser un bâtiment de bureaux de 6 étages au sein de l’écoquartier Heudelet 26.
Par Geoffroy Morhain
Pour Dijon-Beaune Mag
Après le tout-béton des Trente Glorieuses, le bois revient à la mode et effectue un retour en force dans un secteur du BTP bénéficiant d’une palette de matériaux de plus en plus large. Pour autant, « le 100 % bois aura du mal à résoudre l’équation face au béton », estime le Comité stratégique de la filière Bois.
Loin de la maison des Petits Cochons
En effet, le coût d’une construction en bois augmente avec sa hauteur : pour les bâtiments jusqu’à 5 étages (90 % du marché du logement), le bois ne revient pas plus cher que le béton, mais au-delà, les prix peuvent monter jusqu’à 2 000 euros le mètre carré, un niveau que peu de propriétaires peuvent se permettre. Ceci explique que, même aux États-Unis où 80 % de la construction est en bois, il existe peu de tours de plus de dix étages. Ceci étant, l’avenir durable de la filière BTP passe sans doute par la mixité des matériaux employés : « Outre son usage en surélévation sur des constructions en béton, il faut conjuguer le bois avec le béton, le métal, le verre… Il faut s’inspirer du Paris du XIXe siècle : cela ne se voit pas, mais plus de 50 % de la structure des bâtiments haussmanniens sont en bois », déclarait il y a peu un promoteur immobilier au journal Les Echos.
Dans ce contexte, si la grande hauteur ne représente pas l’avenir de la construction bois, les projets d’exception nés de l’appel d’Adivbois vont faire avancer les connaissances techniques. Et aider à lever certains freins psychologiques persistants, car « trop de gens associent encore le bois à la maison des Petits Cochons », comme le déclare avec humour Paul Jarquin, administrateur d’Adivbois et promoteur immobilier spécialisé dans les constructions à ossature bois.
6 étages de bureaux à Dijon
Qu’il s’agisse de la plus haute tour en bois résidentielle au monde à Bordeaux (17 étages sur plus de 50 mètres), d’un immeuble-pont de 7 niveaux au-dessus du périphérique parisien porte de Vanves, d’un immeuble HLM de 13 niveaux sur la gare de Gennevilliers-les-Agnettes, de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, ou encore d’un hôtel à Villeurbanne, pas moins de 24 projets (et 12 projets partenaires) vont voir le jour dans le cadre de l’opération « Immeuble à vivre Bois » initiée par Adivbois. Soit une surface expérimentale d’environ 130 000 m2 (220 000 m2 avec les projets classés partenaires) appliquée à une typologie variée de bâtiments et de contraintes : 18 immeubles d’habitation (soit environ 1 600 logements), 4 immeubles de bureaux (dont celui de Dijon), 1 école supérieure et 1 hôtel.
Parmi les projets lauréats, Dijon aura droit à son immeuble structure bois (d’autres matériaux sont acceptés en façade) : sur une parcelle de 955 m2, à côté de la caserne réhabilitée qui abrite les bureaux du Grand Dijon, et des différents programmes immobiliers déjà en cours, l’écoquartier Heudelet 26 accueillera d’ici 2020 un bâtiment en bois de quelque 2 100 m2 de bureaux sur 6 étages. Le projet reste à définir en détail, selon un budget (3,5 millions d’euros HT) et un cahier des charges donnés. Ce dernier, en cours d’élaboration, devrait être transmis en février 2017 aux candidats du concours d’architecture qui sera porté par la Société Est Métropoles. Un beau challenge pour ce nouvel aménageur durable sous statut privé, qui remplace depuis 2016 la Semaad (Société d’économie mixte d’aménagement de l’agglomération dijonnaise). Chantier à suivre…
L’écoquartier Heudelet 26 en détails
Sur 5 hectares (dont 2,2 ha déjà partiellement réaménagés), l’écoquartier dijonnais qui accueillera l’immeuble en bois constitue un projet pilote. Ce programme novateur et ambitieux en matière de qualité architecturale, d’écologie urbaine et de développement durable est le premier « morceau de ville » durable exemplaire inspiré des jardins ouverts sur la ville.
Par les aménagements proposés, porteurs d’usages et de biodiversité, par une grande attention portée à la qualité architecturale, à ses performances énergétiques, à son évolutivité aussi mais également à travers une réflexion menée sur les différents modes de vie proposés, ce nouveau quartier desservi par le tramway préfigure l’aménagement du Dijon de demain. Dans cet environnement piéton à l’architecture mixte, se conjugueront 300 logements, 7 000 m2 de bureaux, 2 100 m2 d’équipements culturels (ateliers d’artistes, compagnie théâtrale), mais aussi des commerces de proximité, des aires de jeux, un parking mutualisé et de nombreux espaces verts.