Ce peintre inspiré par les couleurs du Maroc sondait l’âme du fondeur et la profondeur de l’âme. Dans les usines Schneider, sur une magnifique chanson de Lavilliers, voici un émouvant voyage en hommage aux hommes de la sidérurgie creusotine.
Par Dominique Bruillot
L’empire Schneider tissait jadis sa toile d’acier paternaliste au Creusot et en région stéphanoise. Associer l’œuvre de Raymond Rochette aux « Mains d’or » de Bernard Lavilliers n’a donc rien d’incongru. Le peintre saône-et-loirien avait puisé dans le sol et le ciel marocains un sens aigu des couleurs chaudes et de l’humanité. Il les a importées dans les grands espaces sombres des acieries, éclairant l’ouvrier sous un jour nouveau, totalement à l’opposé de ces fresques soviétiques sentencieuses, censées rendre un hommage grandiloquent et patriote au monde du travail.
Raymond Rochette (1906-1993), c’est un aspect moins connu de son œuvre, savait aussi poser son regard sur les rebords de fenêtres qui ouvraient sur une campagne joyeuse et éveillée. Cette bienveillance positive, il la glissait dans la représentation du fondeur à la tâche, dont l’âme semblait voler au-dessus de ce « monstre de métal qui va dérivant » pour reprendre Lavilliers.
Comme « une flamme orange dans le ciel mouillé », le peintre restituait avec une touchante poésie cette cohabitation surréaliste entre « l’acier rouge et les mains d’or », entre le fer et l’air. Avec une pensée pour tous ceux qui devront… « travailler encore ».
Raymond Rochette & « les mains d’or » (Bernard Lavilliers)