L’énergie déployée par Anne Caillaud dans le Festival du film policier n’a rien de mystérieux. L’adjointe au maire croit en la dimension culturelle de sa ville, bien au-delà du vin. Et ne manque pas d’arguments à faire valoir…
Par Dominique Bruillot
Photo : Christophe Remondière
Comme souvent, dans les institutions, on aime bien les noms à rallonge. Son titre ? « Adjointe en charge de la culture et de la promotion du patrimoine culturel ». Vous pouvez souffler, merci.
En réalité, son contact est bien plus abordable qu’il n’y parait. Sous des airs un peu stricts vu de loin, Anne Caillaud cultive l’empathie et une insatiable envie de partager son amour des arts et de la culture. Dans la vie de tous les jours, elle voit le monde entier passer par l’Athenæum qu’elle dirige depuis longtemps déjà, de la période d’André Boisseaux, qui en fut le fondateur, à celle de Vincent Clément, repreneur engagé de ce temple de « l’œnoconnaissance ».
Pour autant, l’élue ne veut pas enfermer Beaune dans une image de cité viticole et rien d’autre : « Quand je suis arrivée ici, il y a 28 ans, je ne connaissais la ville que par le biais de son festival de musique baroque, j’ai découvert le vin après. » Elle n’a pas tort, Anne. Après tout, les Hospices ne sont-ils pas déjà une référence patrimoniale et médicale ? Quand bien même le vin serait, dans leur histoire, le meilleur des « alicaments »…
Et puis, Beaune est douée pour le cinéma. La ville de Marey, authentique fondateur du septième art, multiplie les effets d’écran pour s’imposer dans le domaine. En première ligne des servitudes à rendre, mais toujours derrière le feu des projecteurs, Anne Caillaud est l’organisatrice dévouée des petites choses qui font que le Festival du film policier, par exemple, se déroule selon un scénario bien huilé.
Des archives exemplaires
« Avec Fabrice Jacquet (ndlr : en charge des grands événements) et Jean-François Champion (à la tête du Palais des congrès), nous faisons en sorte que tout se passe bien », poursuit l’adjointe, « et mes copines élues me donnent un sacré coup de main pour mobiliser les commerces locaux. »
On peut bien évidemment supputer que tout cela n’existerait pas vraiment sans le rayonnement mondial du vin qui irradie la cité côte-d’orienne. Comme en témoignent la Cité des vins de Bourgogne qui verra le jour à l’entrée sud de la ville, ou encore le coup de rafraichissement dont a récemment bénéficié le Musée du vin, modèle culte (et au demeurant fort charmant) d’une vision de la muséographie de l’après-guerre.
« Grâce à lui, l’objet usuel, l’outil de la vigne, devient culturel », s’enthousiasme Anne Caillaud, pas peu fière de rappeler que le mathématicien Gaspard-Monge et le peintre Félix Ziem ouvrent aussi le champ à d’autres perspectives. Lelouch, qui vient d’installer ici ses ateliers, témoigne à sa façon du destin bienheureux d’une une ville qui ne contente pas de vivre bêtement recroquevillée dans ses caves. Le belle histoire.
Beaune sait même faire le lien entre son histoire et la modernité et le prouve. « La façon exemplaire dont nos archives municipales ont été proposées sur les réseaux sociaux est saluée au niveau national », conclut Anne la militante qui, au bout du compte, a bien fait de s’intéresser à la musique baroque avant d’apprendre à déguster le vin.