« Expériences authentiques ». Tel est le crédo de Happy Bourgogne, nouvelle plateforme régionale créée par Benjamin Magnen. Ce Bourguignon d’adoption, bien inséré dans l’économie sociale et solidaire locale, a fait l’ambitieux pari de promouvoir une offre touristique différente, en mettant dans la boucle les petits acteurs locaux. Le tout avec une équipe de qualité et un plan de marche séduisant.
Par Alexis Cappellaro
« À un moment où Google, Booking ou Airbnb débarquent dans le e-tourisme, à l’heure où tout le monde parle de réalité augmentée ou de robot assistant personnel de voyage… Nous faisons le pari un peu fou que beaucoup de gens resteront attachés à la rencontre authentique, humaine, réelle et charnelle. » C’est écrit noir sur blanc, Happy Bourgogne veut remettre le tourisme au milieu du village. Son créateur Benjamin Magnen est parti d’un constat : ici, le domaine profite d’une incroyable vitalité : selon les derniers chiffres de l’Insee, la consommation touristique en Bourgogne pesait 2,6 milliards d’euros par an. Mais les prestataires indépendants, les petits producteurs, manquent de visibilité. C’est la dure loi des tour-opérateurs et des offres calibrées pour le grand public, jamais loin de se noyer dans les poncifs et les clichés bien de chez nous.
Randonnée, atelier, balade gallo-romain et lamas
En ligne depuis peu, Happy Bourgogne entend tisser d’autres liens. Et permettre aux petits acteurs locaux, souvent dépourvus de sites internet marchand, de proposer leur « expérience touristique » à travers quatre thématiques : vins & gastronomie, patrimoine & artisanat, sport & nature, insolite & inclassable. Parmi la cinquantaine de prestataires déjà positionnés, les activités sont alléchantes : randonnée à Bibracte accompagné de rapaces avec Maud, atelier œnologique en Côte de Nuits avec Thomas, balade gallo-romaine à Dijon avec Kelly ou encore, côté « insolite & inclassable », la découverte d’une… exploitation de lamas et d’alpagas à Chambeire, chez Sylvie.
Modèle économique éthique
Pour bâtir ce réseau social du tourisme bourguignon, Benjamin Magnen a monté un modèle économique « le plus éthique possible », avec le(s) bon(s) sens et la connaissance du terrain * comme alliés. La rémunération des porteurs d’expérience est « supérieure à ce qui est pratiqué généralement dans le secteur » : les revenus de la plateforme proviendront des visiteurs sous forme de frais de réservation (5% du prix de vente) et des prestataires (commission à hauteur de 20% du prix de vente). L’équilibre financier est visé pour l’horizon 2019. D’ici là, la start-up – l’anglicisme est tendance en ce moment – veut tout simplement devenir « le leader de l’expérience touristique en Bourgogne », avec à terme une version en anglais pour s’ouvrir encore un peu plus au marché. Par son positionnement et la qualité de sa proposition, la plateforme est déjà une belle porte d’entrée à cette « Bourgogne secrète et créative ».
D’autant que si l’on se fie à sa campagne de communication, Happy Bourgogne, qui compte par ailleurs deux salariés en CDI, a tout juste. Son site est esthétique, intuitif, engageant. Il s’est même doté d’un blog animé par l’équipe de Sparse, dont les idées et le ton sont bien reconnaissables. Tout pour promouvoir une offre sensiblement différente, avec la hauteur de vue qu’elle mérite. Et montrer une bonne fois pour toutes que les meilleurs ambassadeurs de notre territoire restent encore ceux qui le font vivre.
(*) Benjamin Magnen est bien connu dans la région dijonnaise pour avoir fondé la Péniche Cancale, sur le port du Canal à Dijon, et pour avoir travaillé dans le secteur musical et culturel à Zutique Productions. En bon épicurien, et puisqu’il faut bien connaître son sujet, il est par ailleurs co-propriétaire de vignes en Côte de Nuits et Côte de Beaune.