Place Wilson : petites anecdotes d’une place mythique et mouvante

C’est un agréable endroit goûté par les Dijonnais, qui viennent lézarder au milieu des arbres fleuris ou y faire leur footing. La place Wilson a aussi une histoire passionnante, marquée par ses changements de noms. Petit récit d’une place mythique et mouvante. 

©D.R.

C’est une des plus belles places de la ville. Quelque 8000 m2 pour se poser au soleil, dans la fraîcheur des jets d’eau… et, accessoirement, un nœud sur lequel les automobilistes peu avertis ont parfois du mal à trouver leur voie. Ceci est un autre sujet.

Difficile de savoir quand la place a véritablement pris forme. Sûr de lui, Wikipedia explique qu’elle a été « créée lors des embellissements urbains du XVIIe siècle. » C’est vague. On peut en revanche remonter aux années 1840 pour avoir une trace précise de celle que l’on appelait alors la place Saint-Pierre, en référence à l’église voisine. À cette époque, Dijon est une ville moyenne d’environ 26 000 âmes, qui entame sa croissance. Son visage change. Les rues sont élargies, les premières places naissent près des fortifications. C’est le cas de la place Saint-Pierre, qu’Henry Darcy magnifie grâce à ses talents d’ingénieur : en 1841, des jets d’eau sont inaugurés, approvisionnés grâce aux réservoirs de la Porte Guillaume et Montmusard, servant aussi pour les fontaines du jardin Darcy.

Photographie d’époque représentant la place Saint-Pierre d’alors. ©D.R.

Station de l’ancêtre du tram

La place tiendra un rôle de premier plan dans la distribution des fluxs à l’aube des années 1900, quand la Ville décidera la création d’un « réseau urbain d’omnibus à traction hippomobile sur chaussée ». Tirés par des chevaux, ces cars estampillés Ripert pouvaient transporter jusqu’à vingt personnes et sillonnaient la ville sur deux lignes, l’une reliant la gare PLM à l’actuelle place Wilson ; l’autre joignant la place de la République au port du Canal. Soit l’ancêtre des omnibus-tramways, arrivés dans la foulée et présents jusqu’en 1961*.

Au nom des alliés

Entretemps, cette esplanade eut plusieurs vies. En 1904, la municipalité socialiste d’Henri Barabant débaptise jusqu’à 27 rues dijonnaises aux noms de saints et de saintes, pour dire adieu aux « temps pénibles d’obscurantisme et d’oppression cléricale » . La place Saint-Pierre n’y échappe pas. Vive la place du Peuple ! Mais pas pour très longtemps. La nouvelle municipalité la renommera en hommage aux soldats américains envoyés en France, dont certains sont basés ou soignés à Dijon. Le 4 juillet 1918, la plus belle place de la ville prenait le nom du président des États-Unis, pour le garder encore aujourd’hui. λ

* À ce sujet, lire Dijon de trams en bus, du bus au tram, de Guy Louis. (LR Presse Loco Revue, 2010, 350p.)