Du 23 au 25 juin, les rencontres Clameur(s), organisées par la Ville et la Bibliothèque municipale, reviennent une cinquième fois dans la cité des ducs. Pour ce grand plongeon littéraire, le thème amoureux devrait faire son petit effet et séduire les jeunes, à écouter la directrice de l’événement Marie-Hélène Fraïssé.
Par Michel Giraud
Pour Dijon-Beaune Mag #65
Cinq éditions qu’elle fédère les énergies créatrices de la Mairie de Dijon et de la Bibliothèque municipale. Réflexe d’écrivain sans doute, Marie-Hélène Fraïssé tient à soigner son introduction, avec un hommage appuyé à ce « réseau très actif des bibliothèques de Dijon, la bibliothèque patrimoniale, les bibliothèques de quartier, dont la vitalité est un terreau fertile pour Clameur(s) et, plus largement, pour la promotion de la lecture ».
Prendre du recul
Venant de celle qui reçoit toutes les semaines au micro de France Culture le gratin des écrivains, enchaine les essais, écume salons et festivals à travers le pays et plus encore, les mots vont droit au cœur. Aussi, cela dit beaucoup de la considération qu’elle accorde à l’événement phare de l’été culturel dijonnais. Né en 2013, Clameur(s) sillonne aujourd’hui toute la ville et convoque les lignes des grands esprits dans des lieux aussi divers que la Cour de Flore, l’Hôtel de Vogue, les Halles ou la Place du Bareuzai.
Cette année, le thème devrait parler au plus grand nombre. Il s’appelle « Des(ordres) Amour(eux) ». La conseillère détaille : « Nous sommes dans une année doublement électorale. Forcément, le débat entre les candidats a touché les problèmes de société. En partant de cela, nous avons voulu prendre du recul, aller dans l’affectif, évoquer notre monde intime. » C’est peu dire, la douce parenthèse ne nous fera pas de mal. D’autant qu’il y a bien des choses à dire sur le sujet. « Le thème amoureux balaye tous les genres littéraires, de la poésie à la psychologie, du roman à l’essai. On peut aborder les sentiments, la passion, le libertinage, l’érotisme, les mots intimes, le coup de foudre, la rupture… »
Lecture et « girl power »
Tout pour animer le Dijon d’Henri Vincenot ou d’Aloysius Bertrand (et d’autres !), même si, c’est promis, Clameurs ne se veut pas élitiste et encore moins racoleur. Marie-Hélène Fraïssé insiste sur le plateau volontairement restreint : « Comparé à d’autres, nous avons peu d’auteurs invités, 25 seulement. C’est de bon augure, on leur laisse du temps de parole, leur travail est respecté. »
Ajoutez à cela le caractère culturel de la ville, et Clameur(s) « jouit d’une belle réputation dans le microcosme. Les écrivains viennent à Dijon avec plaisir ». La gratuité est aussi un point fort du rendez-vous. Sans surprise, le but est de promouvoir la lecture. L’organisatrice parle d’une récente étude du Centre National du Livre, conduite par Ipsos. De ce baromètre bisannuel est sorti un constat : les Français sont toujours autant lecteurs, voire plus qu’en 2015, « mais cette activité est aujourd’hui majoritairement féminine ! Il faudrait analyser cela en profondeur. Modestement, nous voulons sensibiliser les hommes à ce sujet et les jeunes en particulier. »
Approche décousue
La Bourguignonne d’adoption ne veut pas nous faire le coup du « c’était mieux avant ». Mais quand même. « La génération est au zapping. L’approche de la lecture est aujourd’hui très décousue, il est rare que les jeunes puissent lire un livre de bout en bout. Nous voulons faire comprendre que la lecture est un véritable enjeu d’équilibre psychologique. » Il faudra une très belle cinquième édition, et bien d’autres efforts par la suite, pour remplir le contrat. La journaliste concède volontiers que « les jeunes sont peut être plus difficiles à convaincre », distraits qu’ils sont par les tocs de la modernité. « Mais je reste persuadée que le thème de l’amour va nous permettre de fédérer », reprend-elle, enjouée.
Les conférences et ateliers variés promettent de beaux moments de rencontres. « À vivre intensément, fait bien de préciser Marie-Hélène Fraïssé. Ce genre de moments est attendu par le public, bien sûr, mais aussi par les auteurs. Dans un livre, ces derniers se dévoilent, on en apprend sur eux. En revanche, la notion de lectorat est impalpable. Les auteurs aiment mettre des visages sur leurs lecteurs, les cerner… » Entre eux, très souvent, c’est aussi une histoire d’amour.