Le vigneron de Magny-les-Villers s’est éteint dans sa cinquante-septième année, des suites d’une cruelle maladie. Figure du vignoble bourguignon, Gilles Jayer sera salué une dernière fois dans l’église de son village, ce mardi à 14h30.
Par Dominique Bruillot/Photo: Michel Joly
Discrètement, par petites touches et avec un humour dont il avait le secret, il ne refusait pas la contradiction. On pouvait être son ami et avoir des points de vue différents : cela ne faisait qu’aiguiser sa curiosité et réveiller ses arguments les plus forts.
Avant d’être un vigneron de grande qualité, Gilles Jayer était un homme de conviction. Entier, loin du consensus mou, mais ouvert à l’échange. En sa compagnie, le partage d’une bonne bouteille, la sienne de préférence, permettait de pousser plus loin le bouchon de la conversation.
Gilles Jayer s’est éteint trop tôt. Emporté comme d’autres de ses proches sans avoir eu le temps de tout donner de lui. On pense à son ex-beau-frère Charles Cavin, ou encore à l’ami Bruno Gabette qui, comme lui, n’auront pas poursuivi leur chemin au-delà de la cinquantaine.
Gilles était dans sa cinquante-septième année. Au cours de l’été de l’année dernière, sans savoir encore quel mal le rongeait, il cédait son domaine au Suisse André Hoffmann, passionné de vin tout comme lui. Soit 11 hectares dont une majorité de Hautes Côtes de Beaune et de Côtes-de-Nuits villages, un peu d’Echezeaux. Il accompagnait, pour trop peu de temps finalement, le nouveau régisseur du domaine dans la reprise de son activité.
Alexandre Vernet, après être passé par les domaines Germain à Nantoux et Olivier à Nuits-Saint-Georges, a la lourde de tâche de pérenniser le nom de Jayer-Gilles sur les étiquettes. « Le nom du domaine a été conservé, c’est ce que je souhaite ardemment » précise le viticulteur. Une lourde tâche, car à l’image de leur concepteur, les vins de Gilles ont du caractère en bouteille. Petit cousin du mythique Henri Jayer, il avait sa façon à lui de faire des vins reconnaissables entre tous, allant chercher des notes grillées sur ses blancs, des arômes de mûre et de cassis sur ses rouges.
A son épouse Nina et à tous ses proches, nous adressons nos meilleures pensées. Et promettons, très vite, de faire une dégustation mémorable de certains de ses plus beaux millésimes. Après tout, ce sera le meilleur des hommages à lui rendre.
Les obsèques de Gilles Jayer auront lieu ce mardi 30 janvier 2017 à 14h30 en l’église de Magny-les-Villers.