Le plus important salon du vin bio en France, tenu au Parc des Expositions de Montpellier du 29 au 31 janvier, a mis en lumière plusieurs Bourguignons. Sur place, notre expert Guillaume Baroin en a profité pour livrer sa bien bonne et bien bio sélection.
De notre envoyé spécial Guillaume Baroin
Photos : Gilles Lefrancq, D.R.
Il vient de fêter son quart de siècle. Le 25ème salon mondial Millésime Bio a vécu trois intenses journées de dégustations à Montpellier. Tout cela fut à la hauteur de la réputation du plus important rassemblement de ce type en France : 17% de visiteurs en plus par rapport à la dernière édition tenue à Marseille, choyés par 5700 professionnels réunis pour la (très) bonne cause (agents, cavistes, importateurs, sommeliers…)
Devant la demande croissante de producteurs désirant exposer, l’organisation Sudvinbio a fait passer le salon de 800 à 1000 exposants. “Malgré cela, nous avons encore 150 domaines sur liste d’attente dont 50 étrangers”, affirme Nicolas Richarme, son jeune président de pas encore 40 ans. Ici, pas de bousculade, on déguste debout et frontalement avec le producteur qui, quelle que soit sa notoriété, a la même surface de stand. Du coup, les échanges sont directs, efficaces. Les allées donnaient l’impression de conversations le long d’un zinc de 200 mètres ! L’occasion ou jamais de prendre la température de nos bourgognes bios. Voici neuf vins retenus parmi la cinquantaine de domaines et négoces bourguignons ayant participé au salon. Santé !
Château de Melin – Gevrey-Chambertin 2015
À Auxey-Duresses, Arnaud et Hélène Derats veillent sur 25 hectares certifiés en bio depuis 2012. Née d’un assemblage de deux terroirs, cette vigne de 35 printemps a des notes de poivre vert sous un jus pourpre aux reflets violets. La pulpe prend place dans une bouche qui lâche les amarres du tannin. Son final en queue d’épices annonce un garde minimale de trois ans. 28 euros (au château)
Clos des Rocs – Pouilly-Loché “Clos des Rocs” 2015
C’est le premier Millésime Bio pour Olivier Giroux qui, bien que certifié en 2015, travaille en bio depuis 2006. Sous un or de voile clair se dégage un parfum brut de goudron qui évoque les grands riesling. En bouche, le calcaire ferrugineux de ce clos de 3 hectares se dessine dans une saveur large et pénétrante au retour salin. Bluffant de franchise. 21 euros (au domaine)
Château de Pierreclos – Bourgogne rouge 2016
Ce château servit de décor principal à Premiers crus, sorti en 2015. Un an plus tard, son propriétaire Jean-Marie Pidault obtenait sa certification et sortait ce rouge surprenant. Ne vous fiez pas à sa robe transparente qui évoque une grenadine à l’eau. Il distille un parfum de cendres froides, d’âtre de cheminée et de fleurs. Sa bouche gourmande est portée par une digestibilité idéale pour un apéritif dînatoire entre amis.13,50 euros (au domaine)
Domaine des Riots – Bourgogne Aligoté “Fût de chêne” 2015
Thierry Moreau exploite seul 5,50 hectares certifiés en 2013, dont la moitié en aligoté de 23 ans. Il l’a élevé 100% en fûts de chêne mais sans aucun bois neuf. Le fait qu’il n’ait pas connu de souffre fait osciller son nez entre tilleul et vieux cognac. Sa mâche large et ample libère un grain de pépin de citron qui touche un coeur d’amande. Atypiquement bon. 13,50€ (au domaine)
Domaine Rateau – Beaune “Cuvée ronde ” 2016
Jean-Claude Rateau a commencé la culture du raisin en biodynamie dès 1979. Un puriste qui a redescendu sa surface de vignes à 8 hectares pour mieux la travailler, mais qui envisage d’en planter trois dans les années à venir ! Cette cuvée est issue de Beaune rouges de niveau communal qu’il a assemblés suite au gel dévastateur d’avril. Le parfum mauve du lilas en fleurs et la cannelle s’emparent du nez tandis que la chair chaude de la cerise noire vous régale les papilles. À boire maintenant sur sa jeunesse insolente ! 29 euros (cavistes)
Domaine Henri et Gilles Buisson – Saint Romain “La Perrière” 2016
Le nom des frères est resté sur l’étiquette mais ce sont les deux fils de Gilles, Franck et Fréderick, qui ont repris le flambeau et remis la culture biologique que leur père avait commencé avant de l’arrêter. Né d’une vigne de 2 hectares plantée dans leurs années de naissance, elle dévoile sous un jaune pur des fragrances fines de petites fleurs des murets. Son entrée au palais large et fraîche offre la trame fine de la poire verte de juillet ainsi qu’une finale saline soignée. 26 euros (sur leur boutique en ligne)
Domaine Jean Goulley – Chablis 1er cru “Mont de Milieu” 2014
En 1991, Philippe Goulley fût le pionnier de la viticulture biologique dans le Chablisien. Ce qui est courageux quand on sait qu’il s’agit du vignoble le plus gélif de Bourgogne. Sous un liquide à l’or vert bien vif se cache un nez de silex fûmé, de cailloux frottés. Sa texture offre une expression pure du sol kimmeridgien grâce à sa tension toute en équilibre. Un premier cru idéal pour (re)découvrir le chablis. 19,50 euros (au domaine)
Domaine des Champs de l’Abbaye – Rully “Les Cailloux” 2016
Isabelle et Alain Hasard ont certifié en 1999 cinq hectares d’appellation de la Côte chalonnaise qu’ils bichonnent comme leur potager. Ce village est particulièrement réussi avec son nez de poire jaune qui passe en bouche et se pose sur l’énérgie calcaire du sol. Sa fraîcheur et son équilibre en font un vin qui passera de la petite table à la grande. 22 euros (au domaine)
Domaine Chapelle – Santenay “Clos des Cornières” 2016
Le gel a réduit à peau de chagrin cette vigne plantée en 1970 à côté du château. Mais quel beau chagrin ! Dirigé par Jean-François Chapelle, les caves et la vigne couvées par Yannick Jacrot, le domaine est passé totalement en bio en 2006. Cette cuvée vous fait éprouver dès le nez la vie du sol et de la plante qui y pousse. Les petits fruits rouges bien mûrs (fraise, framboise) s’harmonisent d’un boisé doux. Au palais, la finesse du pinot fait éclater sa sensualité. Si sa longueur n’est pas phénoménale, l’impression de vie qui s’en dégage l’est. À acheter sans attendre. 21 euros (au domaine)