Le réseau FoodTech fédère des startups du monde alimentaire autour des nouveaux usages du numérique. Alors que se tiendra les 20 et 21 septembre la deuxième édition de FoodUseTech à Dijon Congrexpo, son référent Xavier Boidevezi explique, entre la poire et le fromage, les enjeux de cet écosystème. Lequel promet un alléchant destin à la métropole.
Propos recueillis par Dominique Bruillot
Pour Dijon-Beaune Mag #70
Foodtech, fablabs, startups, coworking, clusters… cette avalanche d’anglicismes crée le sentiment que l’univers de la cuisine n’a plus rien de glamour. Qu’en est-t-il pour 2040 ? Il n’y aura plus que des cuisiniers anglophones ?
La cuisine est avant tout ancrée dans une culture et une tradition. Même associée à une pointe d’innovation, elle devra rester émotionnelle et raconter une histoire à chacun, qu’il s’agisse de faire vite et bien de bons petits plats au quotidien ou de prendre le temps de déguster un menu signature dans un restaurant gastronomique. À nous de marier harmonieusement tradition et innovation pour que la France soit toujours à la pointe de la gastronomie en 2040. Nous en avons les moyens : les acteurs de grande qualité sont présents tout au long de la chaine, de la fourche à la fourchette. Un de nos rôles est de les accompagner, en leur donnant des clés pour déchiffrer cet univers digital et ces anglicismes qui peuvent parfois donner le tournis.
En dehors des clichés habituels qui tournent autour du vin en Bourgogne, du comté en Franche-Comté, de la moutarde et du pain d’épices à Dijon, qu’est-ce qui nous pousse à croire que notre grande et belle région sera à 5 ans, comme vous l’annoncez « la référence pour le développement des startups en Europe » ?
La force des produits que vous citez, c’est qu’ils sont justement des éléments fortement identifiés par tout le monde ! Ce qui veut dire que notre territoire a une légitimité à parler de tradition. Cette culture fait aussi de notre région un lieu où il fait bon voyager et pourquoi pas s’installer. C’est justement un des éléments que recherchent les startups. Pour les attirer, il faudra aussi démontrer que nous sommes terre d’innovation. C’est bien l’ambition de la FoodTech, de Vitagora ou de fleurons industriels comme SEB, qui est aujourd’hui à la pointe de l’intelligence artificielle dans le domaine culinaire. À nous de le faire savoir !
Donc, dans un peu plus de 20 ans, nous serons au moins champions du monde de la catégorie ?
Nous devons nous donner cette ambition. Si nous reprenons le projet métropolitain de Dijon, quatre thématiques clés ont été identifiées : alimentation, santé, numérique et tourisme. Elles sont toutes essentielles pour devenir champion du monde de la catégorie. Nous avons aussi lancé le projet Tiga (Territoire d’innovation de grande ambition) qui veut permettre à la métropole de devenir le territoire modèle du système alimentaire durable en 2030… J’invite d’ailleurs tous les interessés à rejoindre le groupe Tiga Dijon sur Facebook pour donner leur avis !
Ce programme pourrait faire de Dijon « le modèle absolu de la chaine alimentaire »…
C’est en effet un projet très important pour toute la région, car il permettrait de positionner la métropole comme le territoire d’expérimentation d’une alimentation durable. La technologie est aujourd’hui mature. Ce qui est essentiel, ce sont les usages. Pour s’assurer d’une bonne adoption par les utilisateurs, il faut des projets ambitieux comme le Tiga porté par Dijon Métropole. S’il est retenu, il devrait nous permettre d’expérimenter ces nouveaux usages.
Au fait, c’est quoi la définition d’une startup foodtech ?
Une jeune entreprise innovante développant des produits ou services sur un des axes agro-alimentaire et/ou culinaire et qui peut, grâce au digital, accélérer son développement très rapidement. Elles ont souvent vocation à lever des fonds pour permettre de prendre rapidement des positions sur un marché mondial.
Qui approuve l’éligibilité de ces startups à la Foodtech ?
N’importe quel acteur peut rejoindre la Foodtech et suivre ce qu’il s’y passe. Ensuite en fonction de sa maturité et de ses besoins, nous pourrons l’accompagner. Il s’agit avant tout de fédérer un écosystème, puis de leur proposer les bons outils quand nous voyons des trous dans la raquette. Nous faisons ensuite rayonner les entreprises les plus matures sur les marchés étrangers. Je pense entre autre à Toaster Lab, accélérateur dédié à la FoodTech porté par Vitagora.
Pouvez-vous, au débotté, citer 3 ou 4 startups régionales promises à un destin international ?
Je pense à Ynsect qui a installé son site de production d’insectes à Dole, ou bien R-Tech Œnologie, basée à Levernois, qui propose des solutions innovantes dans l’univers du vin et des objets connectés. Il y a aussi Novolyze, spécialisée dans le développement de germes prêts à l’emploi pour les industriels de l’agroalimentaire. L’entreprise basé à Daix a déjà installé des bureaux aux États-Unis, près de Boston.
De quels moyens la Foodtech dispose pour faire avancer le schmilblick ?
Nous bénéficions d’abord d’une crédibilité et d’une visibilité donnée par le gouvernement dans le cadre des réseaux thématiques de la FrenchTech. Mais nous avons voulu aller au-delà en trouvant des fonds pour être acteur de notre développement. La Région, la métropole et des acteurs privés nous soutiennent. L’association est composée de quatre personnes qui animent au quotidien l’écosystème, travaillent sur le projet Tiga ou pilotent des événements tels que FoodUseTech, autour de l’usage des nouvelles technologies. Il a rassemblé pour sa première édition de grands acteurs comme Orange, SEB, les Mousquetaires ou Coca-Cola. Nous préparons la seconde édition, les 20 et 21 septembre au parc des Expositions et Congrès de Dijon.
Avec quoi de nouveau par rapport à l’année dernière ?
Deux fois plus de startups seront accueillies, avec des représentants de pays étrangers. Nous voulons aussi avoir plus de grands groupes représentés. Les conférences aborderont par ailleurs des thèmes nouveaux autour des grandes tendances de demain. Rappelons qu’il n’existe pas encore d’événement entièrement focalisé sur les usages des nouvelles technologies et que l’ambition est d’installer cet événement comme la référence en France et en Europe.
La Cité de la gastronomie et des vins à Dijon, c’est pour 2020. Elle y abritera le Village by CA, un incubateur de startups. De quelle façon serez-vous présents ?
La FoodTech aura ses locaux dès l’ouverture de la cité. Nous avons décidé, avec Vitagora et le Village by CA, de créer des synergies pour le bien de la région. Cette implantation stratégique est capitale si nous voulons être visible en France et à l’international.