Le créateur de France Montgolfières est américain. C’est déjà gonflé. Installé à Semur-en-Auxois, David La Beaume est en réalité un Bourguignon adopté, amoureux d’un pays dont il fait découvrir les charmes depuis 1985. La preuve : ses bases à Vézelay et Beaune font beaucoup d’heureux. Djokovic himself a testé et approuvé. Rencontre au sommet.
Par Alexis Cappellaro
Pour Dijon-Beaune Mag #70
Photos : Jonas Jacquel, sauf mention contraire
« Un demi pêche ? » Installé à la terrasse d’une brasserie, sous le soleil semurois, David La Beaume s’étonne du choix de l’auteur de ces lignes. Il ne connaissait pas cette subtilité. Ce chaleureux Américain a pourtant de la bouteille : presque 20 ans qu’il vit en Bourgogne. Et il n’a rien du cliché de « l’amerloque » que l’on trouve parfois entre nos ceps. Lui vient du comté de Sussex, dans le New Jersey, « un coin proche de New York ; mais j’ai toujours vécu en milieu rural. Il y avait des fermes partout quand j’étais petit », détaille l’entrepreneur parti à l’aventure au début des années 80. « L’envie de découvrir le monde », glisse pudiquement David, sans trop pouvoir expliquer comment il s’est retrouvé, par un coup du destin, à être capitaine sur une péniche-hôtel de luxe en France. Puis à proposer à ses clients des vols en « balloon », et créer France Montgolfières en 1985.
Du Kenya à Vézelay
À cette époque, il vole sept mois en France et le reste de l’année au Kenya, pendant l’hiver. « Une expérience fabuleuse », marquée par d’inoubliables safaris photos dans la réserve du Masai Mara. Ses pérégrinations l’amèneront en Bourgogne, après avoir croisé la route de son associé gallois Mark Dworski en 1992. De cette union anglo-saxone naîtra une constellation de dix bases de départ en France, dont deux « chez lui », à Vézelay et Beaune. Pas fou, David a installé le siège de son entreprise en contrebas de la cité médiévale de Semur, au bord de l’Armançon. Un havre de paix, « et un épicentre stratégique ». De sa fenêtre, il peut apercevoir les parasols rouges de son adresse préférée, La Fontaignotte. Il aime la tendre oisiveté qui émane de cette terrasse ombragée. Il en profite bien, quand il « trouve le temps ».
Car gérer une entreprise ainsi disséminée n’est pas de tout repos. Cela suggère des actes forts de gestion et de délégation. « Tout est question de confiance. » 8 pilotes, 16 équipiers, 5 employés pour l’administratif (« le nerf de la guerre ! ») ont ainsi la responsabilité d’une flotte de 15 ballons allant de 2 à 18 places. France Montgolfières revendique plus de 8 000 clients chaque saison, « un vrai défi car tout repose sur 7 mois d’activité, durant lesquels toutes les conditions météorologiques doivent être réunies. On ne prend aucun risque », insiste David, qui a déjà passé un ou deux étés bourguignons à maudire la pluie et le vent.
Notre « Burgondo-ricain » n’en perd pas son enthousiasme habituel et pense à développer son service : si 90% de ses départs se font depuis les bases, il veut proposer plus de vols à la demande, en amenant nacelle et ballon directement près du client. Cette perspective permettrait « une expérience encore plus personnalisée », sans trop de contraintes pour ses équipes, si ce n’est « une étendue suffisamment grande pour décoller et atterrir, sans lignes électriques aux alentours ».
Demande inoubliable
Pour cela, il peut compter sur des pilotes professionnels aguerris. Tous ont au moins une centaine d’heures de vol au compteur. « On parle de la sécurité des personnes, il ne faut pas plaisanter », tranche David, pour qui la France a eu un petit train de retard dans ce genre d’expérience touristique. « Jusqu’en 2004 ou 2005, il était difficile d’avoir un Français dans une nacelle. » Les temps ont changé : en Bourgogne, saluer d’en haut Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay ou admirer l’ahurissante mosaïque de climats depuis Beaune en séduit plus d’un.
Dans un autre registre, Novak Djokovic pourrait en témoigner. Le tennisman a effectué sa demande en mariage depuis une nacelle France Montgolfières, au départ de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence. « C’était il y a quatre ou cinq ans, son « personal assistant » nous avait contactés dans la plus grande discrétion pour organiser ce vol », détaille le dirigeant, toujours amusé de partager un peu de ces moments de joie. Et puis il y a ce ciel, immense, pour compagnie. Ça s’arrose. Un demi pêche ?