C’est un Dijonnais bien connu qui fait venir au parc de la Combe à la Serpent une grosse trentaine d’artistes pour la toute première édition du festival Vyv-Les Solidarités, les 8 et 9 juin. Christian Allex a, entre autres, assuré la programmation de L’An-Fer, à l’époque, et plus récemment du concert de rentrée. Entretien avec un homme qui tutoie les stars et organise un festival qui va déchirer.
Propos recueillis par Patrice Bouillot
Pour DijonBeaune Mag 76
Vyv-Les Solidarités, ce n’est qu’une nouvelle page de votre histoire avec Dijon…
Et pour cause, je suis né à Dijon ! Plus sérieusement, ma première expérience ici remonte à la fin des années 1980 quand j’ai organisé le festival Rock On à Quetigny. On avait fait venir des artistes représentatifs de la scène punk et rock de l’époque : Le Cri de la mouche, Les Casse-pieds, Les Garçons bouchers… Fan de la scène rock anglaise, j’ai ensuite organisé des concerts avec mon collectif Mayonnaise Production, à L’An-Fer puis à La Vapeur. Et puis j’ai fini par prendre en charge la direction artistique de L’An-Fer : Laurent Garnier, Daft Punk, Cassius, David Guetta, des chefs de file de la techno US comme Derrick May sont venus… J’étais passionné par la techno, dans une ville où la vie nocturne débordait d’énergie. Ensuite je suis parti à Paris pour le Global Techno Festival, puis à Belfort pour la direction artistique des Eurockéennes, j’ai travaillé pour de nombreux festivals, mais je n’ai jamais vraiment quitté Dijon. J’y suis toujours revenu, pour travailler, pour préparer des projets. À partir de 2008 et jusqu’à l’an dernier, j’ai assuré la direction artistique du concert de rentrée. Et voilà maintenant Vyv-Les Solidarités.
Comment avez-vous travaillé sur une « première » ?
Je voulais proposer un spectre musical le plus ouvert possible. Rien de pointu, un mélange de genres qui reste toutefois cohérent, une affiche ouverte au plus grand nombre, avec, en point commun de chaque artiste, une grosse énergie sur scène, une capacité à créer la magie. J’ai veillé aussi à adapter la programmation aux caractéristiques spécifiques du site : le public va déambuler entre deux grandes scènes, véritables « clairières musicales », et une « friche urbaine » où on proposera des concerts façon club, pour une expérience plus intimiste, avec des prestations de collectifs locaux (Why note, Zutique, Risk…).
Les Dijonnais n’ont pas l’habitude des grands festivals. Il y a des codes : un festival, ce n’est pas un concert au Zénith !
Mais comme c’est une première, évidemment, vous ne savez pas comment tout cela va fonctionner…
Non et c’est tout l’enjeu de voir comment le public va s’approprier le lieu. Les Dijonnais n’ont pas l’habitude des grands festivals. Il y a des codes : un festival, ce n’est pas un concert au Zénith ! On ne vient pas écouter tel ou tel artiste, mais pour l’atmosphère, pour des rencontres, pour des découvertes. Pour que les gens viennent, il faut les rassurer sur l’organisation matérielle (les navettes, la restauration, les toilettes…), il ne faut pas qu’ils galèrent. Et il faut ensuite leur permettre de vivre et d’apprécier une expérience, en famille, avec des amis. Un festival, c’est un peu comme un grand barbecue : comme il fait beau – sur ce sujet, je croise les doigts –, on abandonne le confort de la salle à manger, on s’installe dans le jardin et on vit un moment tous ensemble autour d’une côte de bœuf. La côte de bœuf doit être bonne, mais ce n’est pas le seul facteur de réussite du barbecue. Un festival c’est pareil : la musique, c’est essentiel bien sûr, mais il doit s’y passer autre chose.
Ça ne doit pas être si facile de faire venir des artistes à une première édition. Comment les avez-vous convaincus ?
Je l’ai joué à la confiance avec les artistes et les agents que je connais bien. J’ai identifé des artistes « 4×4 », capables d’ouvrir de nouveaux événements, qui ont envie de curiosité. Je voulais Thiéfaine, il est le premier que j’ai contacté, parce que je savais que ça lui plairait, et aussi bien sûr parce qu’il est dijonnais. Et puis j’ai fait en sorte que d’autres me suivent. Si ça leur plaît, ils le diront et attireront d’autres artistes pour les prochaines éditions. Et si le public aime, il aura envie de revenir. Voilà ce qui ferait qu’à mes yeux cette première édition serait réussie !
> Programmation et billetterie sur vyv-les-solidarites.org