Après la disparition cet été de Michel et le départ à la retraite de son oncle Jean-Claude, Thierry André reprend avec ses associés la présidence du cabinet qui porte son nom. Il n’est donc pas seul aux manettes et tient à le dire. Du sol au plafond, dans le Groupe André, les comptes sont bien réglés et les valeurs humaines bien identifiées.
Par Dominique Bruillot
Pour DBM
Photo Jonas Jacquel
Juillet dernier, dans une collégiale pleine à craquer, l’émotion est palpable. Le monde économique, la ville de Beaune, ses amis, si nombreux qu’il avait croisés et aidés dans une discrétion absolue, sont venus rendre un dernier hommage à Michel André. Il n’était pas seulement, avec son frère Jean-Claude, le fondateur du cabinet d’expertise-comptable le plus important de la région. Son engagement et sa probité avaient rayonné dans un champ bien plus large, sur les terres consulaires, dans le vignoble et dans toute la Bourgogne.
Dans l’ombre, mais présent dans l’entreprise depuis 2005, Thierry, son fils, s’est préparé depuis longtemps à prendre la relève. D’autres collaborateurs associés sont venus renforcer le socle de cette succession bien orchestrée. Car André le groupe, c’est plus de 320 collaborateurs, une quinzaine de sites en Bourgogne-Franche-Comté et un état d’esprit chèrement revendiqué par son jeune président : « Conseiller pour le client ce qui est bon pour lui, pas ce qui est le plus cher, car il est au cœur de nos préoccupations. »
Service à 360 degrés
La mécanique est bien huilée. Cinq associés, bien répartis géographiquement complètent la gouvernance de l’affaire. Gérald Cantos à Nuits-Saint-Georges, c’est 20 ans de fidélité au cabinet. Frédéric Bouleuc à Paris et Armel Chevriaut dans le Doubs sont de solides relais. Laurent Fournier, ancien président de l’ordre des experts-comptables, navigue entre Dole et Besançon, faisant partager son expérience au groupe. Édouard Dinkel est quant à lui passé par la même école que Thierry, l’Edhec à Lille, et travaille sur Beaune tout comme Monika Clerc, qui a pris la suite de Jean-Claude. Un faisceau de compétences qui permet de construire une stratégie du « service à 360 degrés, sur l’ensemble de la région, quel que soit le secteur d’activité ».
Bien mesurer l’évolution de l’entreprise suppose de revenir à ses origines. En 1946, Philippe Martin crée son cabinet. Michel André le rejoint en 1972. Ils ne sont alors que cinq collaborateurs. Jean-Claude, pas encore diplômé (il deviendra associé plus tard), retrouve son frère en 1982. C’est le début d’une belle aventure, suffisamment spectaculaire pour attester que les experts-comptables sont aussi des entrepreneurs.
Certes, l’activité s’est développée au fil des opportunités. « Quand les vignerons sont passés du forfait au réel, cela nous a donné l’occasion de prendre pied dans la côte viticole », rappelle-t-on au sein de la direction du cabinet. De nombreuses étapes apportent cependant la démonstration que, pourtant bien implanté dans ce secteur, André le groupe n’a pas fait du vin une spécialité monolithique. En 1995 par exemple, six ans après s’être installé à Nuits-Saint-Georges, le cabinet a opté pour une croissance externe en se rapprochant d’un de ses confrères, Demougeot, situé à Valentigney près de Montbéliard.
Des valeurs… et du fond
Pendant que son épouse Lauriane veille sur le destin du domaine Françoise André, autre création née de l’enthousiasme de Michel André, du haut de ses 40 ans, Thierry aborde sans complexe l’entrée du XXIe siècle dans son métier. « Je ne suis pas seul, notre complémentarité entre associés nous permet de répondre à de multiples demandes », précise ce dernier. En ce sens, la numérisation est une arme redoutable de gestion. Il est vrai que traiter 8 000 dossiers revient à échanger avec quelques dizaines de milliers d’interlocuteurs, et que cela nécessite un minimum d’organisation.
D’autant que l’attente des clients est de plus en plus tentaculaire. « En 2020, on nous annonce la disparition progressive de la saisie des factures, la numérisation entre en jeu et elle permet déjà d’atteindre un taux de reconnaissance de 65% », préviennent les experts-comptables, qui se font fort d’anticiper cette spectaculaire évolution. L’étape suivante, on peut l’imaginer, notamment pour un certain nombre d’activités qui répondent à des règles standardisées, ce sera l’algorithme qui fera le bilan tout seul.
En attendant, la « machine » André est en marche, pour répondre à toute forme de sollicitation. Des ressources humaines au juridique pur et dur (un cabinet d’avocat lyonnais est lié au groupe beaunois), le cabinet multiplie les offres de service. Bien dans son époque, il installe en permanence la formation numérique, libère un espace pour le bien-être et le sport tout en proposant des voitures électriques à ses collaborateurs. Ici, peut-être plus qu’ailleurs, les valeurs déclarées ne sont pas illusoires. Elles ont du fond.