En saison hivernale, les équipes du MuséoParc Alésia soufflent un peu, avec le sentiment du devoir accompli. En deux ans, le centre d’interprétation a en effet redressé de manière spectaculaire la fréquentation du site tout en suscitant un véritable élan de sympathie. Ce qui n’est pas pour déplaire à son directeur Michel Rouger.
Propos recueillis par Michel Giraud
Pour DBM 79
80 000 visiteurs
Ils étaient 65 000 en 2017, 5 000 de plus l’année suivante… Le millésime 2019 s’inscrit dans cette remarquable dynamique de visitorat. « C’est la partie la plus visible de l’iceberg, commente le directeur. C’est très encourageant, cela veut dire que les nouveautés mises en place depuis deux ans trouvent leur public. Nous avions fait de gros paris, des choix radicaux, en osant arrêter les démonstrations de combats quotidiennes par exemple. Les gens sont curieux de la nouveauté, gourmands de ce qu’on peut leur proposer, et adhèrent à notre façon d’appréhender les choses. Après, il faut être réaliste, nous n’allons pas monter comme cela tous les ans. Mais depuis le début, je dis qu’Alésia est un site qui vaut entre 75 000 et 80 000 visiteurs annuels en vitesse de croisière. On sent que c’est faisable ! »
80 % de primo-visiteurs
Parmi tout ce beau monde, 8 sur 10 viennent pour la première fois. « On ne posait pas la question avant sur le primo-visitorat, on ne peut pas comparer dans le temps. Mais c’est l’une des deux questions que l’on pose désormais à nos visiteurs : quel est votre département et êtes vous déjà venus au MuséoParc ? Cela veut dire qu’il y a une énorme marge de progression. Il y avait peut-être une appréhension de locaux, les Dijonnais par exemple, qui n’étaient encore jamais venus ici. Nous avons mobilisé la curiosité des gens, qui ont envie de venir voir ce que nous proposons. Ces chiffres montrent aussi que nous avons encore un travail considérable pour fidéliser nos visiteurs. Dans l’idéal, il faudrait tendre vers 40 % de personnes qui reviennent. »
36 % de BFC
Seulement un bon tiers des visiteurs viennent de Bourgogne-Franche-Comté, ce qui peut paraître peu. « La stratégie de repositionner notre destination pour les excursionnistes situés à 2 heures de route fera évoluer sensiblement ce pourcentage. Nous devons réussir à attirer les curieux de Dijon, Besançon, Mâcon, Troyes, Auxerre… »
15 % d’étrangers
Les visiteurs étrangers représentent 15% du total annuel. C’est stable depuis 2012, juge Michel Rouger, qui voit affluer en majorité des touristes allemands, « à hauteur de 3 000 à 3 500 chaque année. Nous venons d’ailleurs d’initier un jumelage avec le site de Teutobourg, théâtre d’une bataille en l’an 9 après JC entre une alliance de tribus germaniques et trois légions romaines, où le principal protagoniste, Arminius, s’apparente à notre Vercingétorix. Nous allons voir dans quelle mesure nous pouvons mettre certains faits en parallèle. Le visitorat allemand sera travaillé de manière plus fine, en se rapprochant de l’Office franco-allemand de la jeunesse, des classes d’allemand avec des échanges de correspondants… d’autant que nos amis outre-Rhin sont généralement assez friands d’archéologie. »
76% d’individuels
Trois quarts sont des visiteurs individuels, par opposition aux groupes et aux scolaires. – « Notre cible principale reste la famille. On est clairement sur cette logique individuelle. Ce chiffre est donc logique car c’est à eux, la famille, le groupe d’amis, que l’on s’adresse dans nos efforts de communication. C’est au cœur de notre stratégie, cela colle aussi parfaitement à l’image de la Bourgogne, aux habitudes de visites de notre région. »
24 % de groupes
Le reste, vous l’avez compris, est donc constitué de visiteurs en groupes. « Un nouveau collaborateur commercial a été embauché il y a un an pour travailler spécifiquement l’offre pour les groupes. Il faut convaincre les autocaristes de notre valeur ajoutée, qu’elle soit pédagogique, ludique ou gourmande car nous avons un restaurant avec un menu gaulois pour les groupes. Nous visons les 30 %, clairement ! »
40 000 entrées à l’expo
La première exposition temporaire « Bling Bling », d’avril à septembre, a attiré 40 000 curieux. « C’est la première année que nous avons des chiffres aussi précis, apprécie le directeur, soucieux d’avoir installé un compteur dans la salle. Ces expositions ne déclenchent pas nécessairement un réflexe de visite, on vient avant tout au MuséoParc pour une expérience globale avant d’apprécier l’exposition… ou pas. Ce genre de fil rouge nous permet en tout cas de communiquer différemment et d’avoir une visibilité supplémentaire, sur un thème souvent porteur et ludique. En résumé, 50 % de nos visiteurs annuels ont vu « Bling Bling », c’est plutôt encourageant. »
8 000 pour Playmobil
La seconde expo temporaire, « Alésia en Playmobil », a duré seulement deux semaines, mais a enregistré pas moins de 8 000 visiteurs, « un très gros succès par rapport au temps d’exposition. Je savais que l’angle Playmobil, très universel et qui nous ramène à nos madeleines de Proust, fonctionnait dans les autres lieux. Je n’avais jamais expérimenté en direct. Je comprends mieux pourquoi cela se fait de plus en plus dans les institutions. C’est un vrai booster : nous avons connu en octobre des fréquentations journalières dignes d’un mois d’août ! Nous ne ferons pas d’exposition comme cela tous les ans, car elle est lourde à mettre en place en un temps court, mais on peut conserver l’idée d’en organiser une tous les trois ou quatre ans pour marquer les esprits. Au cœur de l’automne, cela peut être un bon moyen d’obtenir de la visibilité et d’animer une période généralement plus calme. En un mot, un super bonus. »