EXCLUSIF – Après l’annonce de la condamnation de Rudy Kurniawan (voir article), l’escroc aux grands crus, le vigneron Laurent Ponsot, à l’origine de son arrestation, raconte. Témoin privilégié lors du procès du faussaire, il est heureux d’avoir pu redonner au terroir bourguignon et au vin leur honneur.
« A présent, j’arrête. Je vais pouvoir me consacrer à ma passion qui est de faire du vin et de le déguster ! » Soulagé, Laurent Ponsot. A peine de retour de New York où il a assisté à l’intégralité du procès de Rudy Kurniawan qu’il a en grande partie contribué à faire arrêter, le vigneron se dit « très satisfait« . « Quand j’ai commencé mes investigations, on m’a pris pour un naïf. J’ai appelé ça une croisade, mais c’était plutôt au début le chemin de Don Quichotte contre les moulins à vent ! Puis j’ai commencé à trouver du grain à moudre… » Et des années plus tard voilà Laurent Ponsot convoqué par la justice américaine comme témoin principal dans le procès des Etats-Unis contre Rudy Kurniawan, faussaire en grands crus dont de prestigieux bourgognes dont il a largement contribué à l’arrestation.
« Kurniawan a terni l’esprit du terroir bourguignon »
« Je l’ai trouvé assez calme, raconte Laurent Ponsot. Pendant les trois heures et demie qu’a duré mon témoignage, j’ai eu le temps de l’observer ! J’ai pu croiser son regard, il m’a même souri ! Je crois qu’il était dans un déni de réalité. » A l’énoncé de la décision du jury, le faussaire, a noté Laurent Ponsot, avait certes un visage impassible mais les lèvres pincées… « Il avait été préparé à la décision. »
Quant à Laurent Ponsot, il est aujourd’hui satisfait. D’avoir eu raison de s’acharner pour amasser les preuves contre Kurniawan. Mais surtout, d’avoir barré la route à un homme « qui a terni l’esprit du terroir bourguignon. Qui en collant de fausses étiquettes sur du mauvais vin, a transformé un élément de convivialité, de partage, en objet de spéculation. »
Il faudra attendre le 24 avril pour connaître la peine encourue par Rudy Kurniawan : sur la seule affaire de la contrefaçon de vin, 20 ans de prison ont été réclamés (et 20 autres pour des fraudes spéculatives); on saura aussi le montant des indemnisations. Elles ne toucheront pas les vignerons français comme Laurent Ponsot à moins d’une procédure très coûteuse au civil… voilà pourquoi il a décidé, soulagé, de retourner à ses vignes. Content que le monde entier sache que l’on ne touche pas impunément à l’honneur et à la vérité du travail des vignerons bourguignons…