Un dictionnaire-traducteur de patois bourguignon verra le jour cet été. Olivier Colas, le concepteur beaunois de cette plateforme, témoigne. L’idée n’est pas celle d’un beuillon !
Par Michel Giraud
Nom : Colas. Prénom : Olivier. Profession : œnologue à Bouzeron, en Saône-et-Loire. Rien ne prédestinait vraiment ce Beaunois passionné de photo, à s’intéresser aux langues régionales. Si ce n’est ce vocabulaire du vin dont il perçoit au fil du temps les subtilités : « Il existe beaucoup de vocabulaire dans le monde de la vigne, des mots spécifiques, précis, et beaucoup sont patoisants. Dès mes premières vendanges, ça m’a mis la puce à l’oreille. J’ai creusé autour des cabottes, des cadoles, de la gouzotte, de l’éborgnage… »
La graine du projet a été plantée il y a dizaine d’années, à travers un lexique de la vigne et du vin. Le passionné d’informatique qu’est Olivier Colas imagine très vite aller plus loin. « Je me suis intéressé à ce qui existait ou non sur internet et me suis rapproché d’Eugénie Barate, une passionnée qui avait déjà élaboré une base de données. Elle a accepté de m’aider en me confiant son lexique. » Après deux années de travail décousu, le projet d’Olivier Colas est en passe d’aboutir, confinement aidant.
Un Google Traduction bourguignon
Bientôt déboulera sur la toile le Dico Bourguignon, « imaginé comme un traducteur instantané. Nous avons entre 10 000 et 20 000 mots selon qu’on considère ou pas les doublons. Un peu à l’image de Google Traduction, vous entrerez un mot et vous aurez une traduction. Vous trouverez aussi des suggestions d’orthographe, des mots approchants et une provenance territoriale, car la finalité est de valoriser l’identité des différents patois de Bourgogne. »
Ce dictionnaire-traducteur de patois bourguignon sera donc une bible du patrimoine gratuite, « le souvenir de nos grands-parents, la transmission pour les enfants, la préservation de notre authenticité ». Les thèmes ne manquent pas de sens. Ils touchent au cœur le grand public comme les spécialistes. « À propos des spécialistes, j’espère très vite migrer vers une formule participative, dans laquelle les utilisateurs pourraient ajouter des mots, suggérer des traductions… », phosphore déjà Olivier Colas, qui peut compter sur le soutien de la maison du Patrimoine Oral de Bourgogne et quelques bonnes âmes via la plateforme de financement participatif Leetchi : « L’hébergement, le développement, la sécurité, vont entraîner un peu de frais. Mon travail est bénévole, cette cagnotte doit pouvoir financer une dizaine d’années de fonctionnement. Nous en sommes à la moitié des besoins, il reste quelques semaines pour arriver à nos fins. Je suis confiant. Le but n’est pas de faire des bénéfices. Si ça fonctionne, les dons supplémentaires seront reversés aux associations linguistiques régionales. » DijonBeaune.fr soutient à fond… et dit « marci ben » à ceux qui auront la bonne idée d’en faire de même !