Ils sont les petites pierres apportées à l’édifice de notre rémission. Portraits de ces travailleurs ordinaires sous l’œil du photographe Jean-Luc Petit. Épisode 5 : Vanessa Barbier, agent des services hospitaliers (ASH) au CHU Dijon. Une volontaire revenue du front.
Texte : Geoffroy Morhain
Photos : Jean-Luc Petit
38 ans, deux enfants, agent des services hospitaliers (ASH) depuis dix-huit ans, Vanessa Barbier n’avait pas une vocation particulière pour l’hôpital au départ. Titulaire d’un BEP en carrières sanitaires et sociales, elle adresse spontanément une demande d’emploi au CHU, qui lui propose en retour un poste d’ASH en chirurgie. Elle accepte sans trop savoir à quoi s’attendre et se retrouve parachutée, non sans une certaine appréhension, dans l’inconnu des blocs opératoires.
Les petites mains de l’hôpital
À l’aise dans cet univers, Vanessa y trouve finalement vite sa place et prend goût à son métier d’ASH qu’elle a exercé au bloc Chir III de l’hôpital général jusqu’en 2011, puis au plateau technique interventionnel (PTI)* du CHU Dijon où elle est toujours aujourd’hui. « On fait partie des petites mains de l’hôpital rarement mises en avant, mais qui sont indispensables au bon fonctionnement de l’hôpital, à la sécurité et au bien-être des patients. »
« J’ai eu énormément de signes de gratitude de la part des patients, de mots gentils, de remerciements pour mon travail, ce qui n’est pas le cas d’habitude. »
Il est vrai que l’agent des services hospitaliers (à ne pas confondre avec l’AS, l’aide-soignant) est bien plus qu’un simple « agent de nettoyage », même si sa mission habituelle consiste en l’entretien des locaux et de l’hygiène, au rangement du matériel, au service des repas. Dans les blocs opératoires, il est parfois chargé des courses quotidiennes ; aux urgences, il peut aussi effectuer des missions de confort. Vanessa a la lourde charge de laver et désinfecter des salles d’opération entre chaque intervention. Sans tenir le bistouri, la moindre négligence de sa part pourrait avoir de graves conséquences sur la santé d’un patient.
Trois semaines aux urgences Covid
Habituée à pourchasser les microbes et à porter des équipements de protection, notre ASH s’est de suite portée volontaire pour aller travailler dans un service Covid. Elle se retrouve alors propulsée au front, trois semaines à l’accueil des urgences. « Je me suis retrouvée dans un service que je ne connaissais pas du tout en plein pic de l’épidémie (ndlr, la dernière semaine de mars et les deux premières d’avril). Au début, j’étais stressée, anxieuse. La peur de ramener le virus à la maison est forcément là, mais l’action reprend vite le dessus… »
À la difficulté d’être confronté à des malades graves, parfois presque mourants, a succédé le petit bonheur de la reconnaissance : « J’ai eu énormément de signes de gratitude de la part des patients, de mots gentils, de remerciements pour mon travail, ce qui n’est pas le cas d’habitude. »
Désormais revenue aux blocs opératoires, soulagée mais fière d’avoir participé à ce combat collectif, Vanessa reste perplexe sur la réelle revalorisation de son métier à l’avenir : « On espère toujours, mais ce n’est pas nous qui décidons. On verra bien… » Son rêve pour l’instant est bien plus prosaïque : prendre quelques jours de vacances chez sa sœur à Toulon, quand l’évolution du déconfinement le permettra. Elle l’aura bien mérité.
* Le PTI comprend les blocs opératoires (pas moins de 25 à Dijon), mais aussi les salles d’accouchement, d’imagerie médicale, d’anesthésie, d’endoscopie…
Déjà parus
Épisode 1 : Carole Descharmes, médecin généraliste à Gergy (71)
Épisode 2 : Romain Bormel, conducteur de benne à ordures à Dijon
Épisode 3 : Magali, caissière au Super U d’Arc-sur-Tille
Épisode 4 : Lakhdar Zelbouni, président de l’épicerie solidaire Le Cœur Dijonnais