Sur fond d’aides et de réforme liées à la crise, l’apprentissage est un élément clé de la reconstruction économique. À l’échelle de l’École des Métiers Dijon Métropole, le plus important CFA de la région, cela se traduit par l’apparition de nouveaux profils et un suivi plus que jamais au cas par cas.
De 5 000 à 8 000 euros d’aide à l’employeur, y compris pour les contrats de professionnalisation. Des aides promises à l’équipement numérique. La possibilité de garder jusqu’à six mois un apprenti dans l’attente de lui trouver une entreprise. Soit deux fois plus longtemps que la passerelle prévue avant la crise sanitaire ! Ces mesures post « covidiennes » éclaircissent l’horizon des centres de formation d’apprentis (CFA).
Soufflant le froid et le chaud, l’économie de notre pays a retrouvé de l’intérêt pour l’alternance, un regain qu’elle mérite après tout. L’École des Métiers est elle aussi affectée par la situation. Elle entend saisir ces réformes comme un acte de résilience. « L’évolution de la passerelle, par exemple, nous permet d’envisager de ne pas perdre de temps et de recruter une centaine d’apprentis en plus à la rentrée. Nous aurons plus de temps ensuite pour leur trouver des entreprises », apprécie déjà Alain Tomczak, directeur de l’établissement.
« Trouver des apprentis » avant tout
Dans le même temps, l’apparition d’une filière « Assistant commercial » sort définitivement cette alternance d’une vision technique caricaturale pour s’aventurer plus largement sur le terrain de l’enseignement supérieur. Feu le CFA La Noue, devenu École des Métiers Dijon Métropole, se lance dans cette voie, encouragée par une prime de 1 000 euros par contrat signé, qui permet d’accompagner l’action commerciale nécessaire à ce genre de recrutement. Car tout ne se fait pas naturellement. « Il est plus difficile de trouver des apprentis que des employeurs, en raison de problématiques géographiques, mais aussi par manque d’intérêt pour certains secteurs qui devront se montrer constructifs et retrouver de l’attractivité », prévient le président du premier CFA de la région, Christophe Le Mesnil. « Cela va se durcir dans les secteurs non alimentaires, répond en écho le directeur, où, tous métiers confondus, il nous faudrait 500 inscrits. Or, nous n’en avons qu’une centaine à ce jour. »
« Il est plus difficile de trouver des apprentis que des employeurs, notamment en raison du manque d’attractivité de certains secteurs. »
École des Métiers, école du cas par cas
Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises pensent à leur survie, avec une visibilité qui n’a jamais été aussi courte, une fragilisation de leurs fonds propres consécutive au confinement et la crainte d’un retour de virus. L’environnement a changé, la façon de travailler aussi, et dans tout ça, l’alternance doit s’adapter. Ce qui, pour nos jeunes en quête d’entreprise, se traduira par une ou des immersions d’une semaine dans un environnement de travail. Comme une sorte de pay-per-view avant de sceller une union efficace avec son employeur car, il ne faut jamais oublier, un contrat ne peut fonctionner que s’il est validé par les deux parties.
Il y a beaucoup à faire aussi, pour sortir de cette image fausse d’un apprentissage synonyme d’emploi à faible coût. « Cette voie, c’est souvent celle de la solidarité que nous devons à des jeunes de 18 ans qui n’ont pas ou peu de diplôme et doivent trouver leur place dans la vie », analyse Alain Tomczak.
Le spectre de l’apprentissage est si large qu’il demande une approche au cas par cas. Citons ainsi trois profils particuliers de l’alternance auxquels l’École des Métiers est confrontée cette année : assistant commercial, CAP chocolatier et BTS automobile. Le premier, qui se joue sur 18 mois, est une nouveauté ouverte aux titulaires d’un diplôme de niveau IV. Il propose un enseignement théorique concentré sur la maîtrise de l’anglais. L’attractivité du deuxième, alors que nous sommes dans un environnement demandeur (Dijon compte un nombre important de chocolatiers) a semble-t-il fait les frais du Covid. Le troisième, une nouveauté aussi pour l’École des Métiers, propulse le secteur auto dans l’ère du numérique. Il attire : « Il y a déjà 16 préinscrits », constatait début juillet Alain Tomczak. Ainsi se redessine la mosaïque économique dans laquelle l’apprentissage est en permanence à réapprendre.