Que mangeaient nos ancêtres les Gaulois de Bourgogne ? L’exposition « Dans les cuisines d’Alésia », au MuséoParc Alésia jusqu’au 30 décembre, répond à cette question. Au risque de vous « divulgâcher », sangliers et grands banquets quotidiens n’étaient pas au menu.
En Bourgogne, nous avons du vin, de la moutarde et des anis entre autres délices. Mais qu’en était-il au Ier siècle avant JC quand les Gaulois, puis les Gallo-Romains occupaient ce territoire ? Au final, nos productions se ressemblent. Exit l’image des repas à la Astérix, nos ancêtres ne festoyaient pas à tout-va. Au milieu des plats, assiettes et restes de graines conservées, l’exposition retrace l’alimentation locale, allant de la vie de tous les jours, aux offrandes religieuses en passant par les repas de fête. En plus de toutes ces trouvailles archéologiques alisiennes, mises en valeur par une scénographie sobre, les dessins parfois grandeur nature d’Héloïse Chochois (lire encadré ci-dessous) nous accueillent dès l’entrée et nous plongent dans l’univers des Gaulois.
Un travail de longue haleine
Pour concevoir une exposition comme celle-ci, il faut compter deux ans entre le choix du thème et l’ouverture au public. « Les deux prochaines expositions sont déjà en route », confie Maud Goldscheider, coordinatrice médiation-exposition. Même si toutes les pièces archéologiques viennent du site d’Alésia, il faut du temps pour les choisir. « Certaines d’entre elles sont exposées pour la première fois car elles sont sorties de terre depuis peu, comme le crâne de bœuf. » Ainsi les chaudrons, verres et autres vaisselles anciennes ont toutes été sélectionnées soigneusement avec l’aide de Fabienne Creuzenet, céramologue à l’université de Bourgogne. À la fin de l’exposition, quelques pièces accèderont à la collection permanente du MuséoParc et resteront donc visibles à l’année.
Dans la cuisine d’Alésia, un mystère reste de mise
« Dans les cuisines d’Alésia » peut aussi donner envie de préparer des petits plats gaulois. Les ingrédients et les ustensiles utilisés sont connus, on peut retrouver les mêmes chez soi. Par contre, aucune recette gauloise n’a été écrite. Pour savoir comment étaient assemblés les ingrédients, des spécialistes continuent leurs recherches d’archéologie expérimentale pour restituer des recettes plausibles. Les résultats sont plutôt probants car une recette de gâteau gaulois est présentée dans l’exposition.
Les Romains, eux, au contraire, se sont faits une joie de retranscrire sur papier leurs mets les plus fameux. Apicius, auteur d’un livre de cuisine pour recevoir, décrit moult plats luxueux. D’ailleurs, vous reprendriez bien un peu de langue de flamant rose ? Sauf qu’il omet de préciser les quantités et la façon de préparer les ingrédients. Cependant, quelques recettes, visibles au MuséoParc, ont quand même été reconstituées et filmées pour donner de nouvelles inspirations à vos repas du dimanche. À vos fourneaux !
L’illustre histoire
Qui dit Gaulois dit dessins d’Uderzo. Avec ces préconçus, comment réaliser des représentations historiquement correctes de l’époque gauloise ? Héloïse Chochois, illustratrice et dessinatrice de BD spécialisée dans la vulgarisation scientifique, est à l’origine de tous les visuels présents dans l’exposition. Un dossier scientifique rempli de photographies et d’explications lui a été fourni par le MuséoParc. « Je faisais mes esquisses que j’envoyais aux spécialistes, qui me disaient ce qui allait et ce qu’il fallait améliorer. Par exemple, la nourriture n’a pas foncièrement changé, mais j’ai dû reprendre plusieurs fois les mottes de beurre car je les dessinais de façon trop contemporaine. » Ce ping-pong entre l’illustratrice et les historiens a permis au résultat de coller parfaitement à l’état de connaissance actuel sur le sujet. Ce qui apporte une plus-value appréciable aux objets présents. « C’est important d’illustrer pour visualiser les objets in situ. » Les images réalisées pour l’exposition aident ainsi à se plonger vraiment dans l’ambiance des cuisines et banquets d’autrefois, en se détachant de l’image d’Épinal des sangliers rôtis et des grandes tables rondes.