Un jeune architecte a modélisé une quarantaine d’églises et de monuments dijonnais détruits, en les restituant au plus près des sources. Sous ses crayons et sa souris prend vie le Dijon disparu du XVIIIe siècle, somptueusement mis en images. Celles-ci seront exposées, à la fin du confinement, dans la galerie d’arts Lorella Santiago. Un livre sera édité pour l’occasion. Découvrez ce travail étonnant en avant-première.
Chez Germain Gallet, la passion du patrimoine a devancé l’infloraison boutonneuse de la puberté. Depuis son enfance, le jeune trentenaire se passionne pour l’histoire et l’architecture. Il a poussé de nombreuses portes, suivi de laborieux sacristains dans le dédale des grandes églises dijonnaises, qu’il a explorées du sol au plafond. Et commencé un lent travail de collecte de documents et de dessins, pour se faire une idée de l’évolution des bâtiments à travers les âges. « J’ai vraiment commencé à systématiser ma démarche en 2010, alors que j’étais en école d’architecture. Et je me suis concentré sur le patrimoine sacré disparu, notamment au moment de la Révolution française », raconte-t-il. Avec sa formation d’architecte et son goût pour la modélisation 3D, Germain a commencé à redonner vie à quelques grandes silhouettes qui marquaient de leur empreinte le tissu urbain : le château de Louis XI, la rotonde de Saint-Bénigne par exemple.
Le château de Dijon comme personne ne l’a jamais vu
S’il ne se revendique pas historien, l’architecte s’est appuyé sur les sources disponibles, collectées aux Archives municipales, départementales, et, en ligne, nationales. « Selon les bâtiments, la quantité et la nature des sources disponibles varient considérablement. J’ai donc choisi de me concentrer sur ceux pour lesquels je disposais d’assez de références », précise-t-il.
Ainsi a-t-il choisi de matérialiser le château de Dijon – situé sur l’emplacement de l’actuelle place Grangier – tel qu’il aurait été si son projet de restauration avait été conduit à bien, notamment par l’architecte Charles Suisse au XIXe siècle. « Il y a de nombreuses photos du château de Dijon avant sa destruction, à partir de 1887. Ça n’avait donc pas d’intérêt de le représenter dans cet état. Le projet de restauration était très précis, et j’ai pu ainsi le mettre en image exactement comme il aurait dû être », éclaire l’inspiré « reconstituteur ».
40 « modéligraphies » et un livre
Germain Gallet travaille avec des logiciels 3D, mais tient à s’écarter de l’aspect trop lisse des images de synthèse. Il aime les dégrader un peu, fissurer quelques enduits, y faire quelques taches. Bref, leur conférer des traces de vie. Chaque modèle a été retravaillé à de multiples reprises, pour aboutir aux images finales. « J’ai énormément travaillé sur le rendu depuis le portail de la Chartreuse de Champmol, où l’on voit toutes les flèches des églises dijonnaises. C’est la « skyline » de Dijon, la ville aux cent clochers, selon l’expression incertaine que l’on attribue parfois à Henri IV, ou à François Ier », poursuit-il.
Pour concrétiser ses œuvres, Germain utilise un terme déposé par sa galeriste : les « modéligraphies ». « Le terme désigne la création d’une image d’art sur papier référencé, signée par l’artiste, obtenue à partir de dessins main et 3D », décrit-il. Le travail de Germain Gallet pourra être découvert à la galerie dijonnaise Lorella Santiago, à l’angle des rues Montmartre et Eugène Guillaume. L’exposition « Dijon, renaissance de ses monuments disparus » est prévue du 28 novembre au 31 janvier 2021. Elle sera vraisemblablement décalée, pour se tenir au sortir du confinement. Un livre sera également disponible, comptant une petite centaine de pages, et vendu 35 euros.
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