Répondant aux inquiétudes de l’association des Climats, RES, promoteur de deux parcs totalisant 18 éoliennes, assure que celles-ci seront « invisibles ou presque » depuis le bien Unesco. Photomontages à l’appui.
C’est au tour de l’opérateur RES, promoteur de deux parc éoliens dans le sud Côte-d’Or, de présenter ses arguments pour la défense de ses projets, attaqués l’Association des Climats du vignoble de Bourgogne. Celle-ci reproche aux projets de « menacer l’authenticité des paysages du site inscrit au Patrimoine mondial, en rendant visible ces éoliennes depuis le site inscrit ».
Il n’en est rien rétorque RES, qui nous transmet un « droit de réponse ». Celui-ci dévoile des photomontages censés témoigner de l’impact visuel très limité des éoliennes sur les prestigieux paysages de la côte viticole. RES estime, en outre, que l’association des climats répand des « fausses informations » sur ses projets et qu’il n’y a pas lieu d’opposer patrimoine et œnotourisme. Au contraire, les éoliennes donnent une « image positive » d’un « territoire engagé dans la transition énergétique ».
Droit de réponse de RES au communiqué de presse de l’association des Climats de Bourgogne – Patrimoine Mondial au sujet des projets éoliens Grands Communaux et Chaumes des Communes
Depuis 2017, RES développe deux projets éoliens indépendants en prolongement du parc existant des Portes de la Côte-d’Or. Le premier, Grands Communaux, situé sur les communes d’Antheuil et de Saint-Jean-de-Boeuf comprend 13 éoliennes qui répondraient aux besoins en électricité de 52000 personnes. Le second, Chaumes des Communes, est situé sur les communes de Santosse et Val-Mont. Il comprend 5 éoliennes qui répondraient aux besoins en électricité de 17 000 personnes. Ces deux projets séparés d’une vingtaine de kilomètres représenteraient 13 % de la consommation électrique des habitants du département.
Un important travail de conception a d’ailleurs été réalisé pour réduire au maximum la visibilité de ces deux projets. Très éloignés de la côte viticole et masqués par le relief, ils ne seront que très peu visibles depuis le bien Unesco voire pas du tout pour les 13 éoliennes de Grands Communaux.
En toute transparence et afin que chacun puisse se faire son idée, RES a mis en ligne une plateforme recensant les photomontages réalisés pour ces 2 projet
Le parc des Portes de la Côte-d’Or, développé par RES depuis les années 2000 avait déjà, au cours de son développement, fait l’objet de débats visant à opposer sa réalisation à la procédure de classement des Climats de Bourgogne au patrimoine mondial, en cours à l’époque. Il n’en a rien été. Les Climats de Bourgogne ont été inscrits au patrimoine de l’Unesco le 4 juillet 2015 en parallèle de la construction du parc éolien. Ils sont tous deux désormais bien en place depuis plusieurs années.
Cette opposition entre classement au patrimoine mondial et parc éolien a d’autant moins de sens que les oenotouristes, eux-mêmes, sont favorables au développement des énergies renouvelables dans la région de Beaune. En effet, c’est le cas de 74% des sondés selon une enquête BVA réalisée à l’été 2018. Par ailleurs, pour 86% d’entre eux, le parc éolien existant donne l’image d’un territoire engagé dans la transition énergétique et moderne, pour 77% des sondés. Notons enfin que 82% d’entre eux n’avaient pas remarqués ces éoliennes.
Au regard notamment de la sensibilité des paysages des climats de Bourgogne et de l’activité viticole au changement climatique, il nous semblerait préférable d’accorder plus d’attention au bilan complet de ces deux projets avant de les réduire, purement et simplement, à leur impact paysager. Rappelons que les années 2018 et 2019 sont les plus chaudes jamais enregistrées en Côte-d’Or. C’est pour répondre à ce défi climatique que la Région Bourgogne-Franche-Comté a pour ambition forte d’être un territoire à énergie positive et neutre en carbone en 2050. Ces deux projets s’inscrivent dans ce cadre.
Enfin, ces projets représentants 80 millions d’euros d’investissement et 700 000 euros de retombées fiscales annuelles pour leurs collectivités d’implantation, ils répondent au besoin de diversification économique de ce territoire à l’heure où celui-ci fait face à une situation de déclassement de ses zones agricoles.
Au-delà de son parti pris, ce communiqué de presse comporte également de fausses informations qui nous paraissent être destinées à donner globalement l’image d’un projet développé en dépit du territoire sur lequel RES est présent depuis près de 20 ans :
• Le projet Chaumes des Communes serait situé « entre Ivry-en-Montagne et Saint-Romain ». Il est en réalité situé sur les communes de Santosse et Val-Mont qui ne sont pas à l’intérieur du périmètre des Climats de Bourgogne. RES a justement pris soin d’éviter toute visibilité depuis Saint-Romain.
• L’impact paysager de ces projets impliquerait « une potentielle pollution lumineuse nocturne qui n’a pas été évaluée ». Or des photomontages de nuit sont présents dans le dossier de Grands Communaux.
• Les cartes proposées par RES ne matérialiseraient ni la zone inscrite au Patrimoine mondial, ni la zone dite « tampon » ce qui ne serait pas conforme au guide ministériel relatif à l’élaboration des études d’impacts des projets de parc éoliens terrestres. Les dossier soumis aux services instructeurs s’appuient sur ce guide et vont plus loin. Ils comprennent chacun un chapitre complet d’environ 100 pages consacré exclusivement à la prise en compte du bien Unesco.
• RES aurait développé ce projet en l’absence totale de concertation. Au contraire, après de nombreuses visites de site et réunions impliquant élus, habitants et services de l’Etat, l’emplacement des éoliennes a été défini grâce à une très large concertation.