Le pôle culturel de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin (CIGV) de Dijon devait témoigner de la bonne entente public/privé pour financer ses expositions. La crise sanitaire met à mal le mécénat et contraint la Ville à reprendre la gestion du pôle en direct. L’association auparavant missionnée repose les couverts.
Changement de couverts pour le pôle culturel de la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin à Dijon : l’association, auparavant chargée de la conception et de l’animation de celui-ci, ne s’estime pas en mesure de conduire sa mission à bien. Ce lundi, son président Philippe Crevoisier, ancien directeur général de SEB, s’en expliquait. « Notre association a ressenti des doutes quant à la pérennité du financement, notamment pour la partie qui devait venir du secteur privé. Malgré l’obtention d’un rescrit fiscal, qui permet de défiscaliser une partie des dons, nous pensons que la partie privée de notre financement devenait trop aléatoire. Nous nous sommes retournés vers Eiffage et la Ville de Dijon pour les avertir de ces difficultés, et de notre souhait de nous retirer de la gestion du pôle culturel », indique-t-il.
Le pôle culturel du projet de Cité de la Gastronomie doit s’étendre sur 1750 m2 et accueillir des expositions de diverses natures. Sa création et sa gestion ont initialement été confiées à une association, présidée par Philippe Crevoisier et dont Catherine Petitjean, patronne des pains d’épices du même nom, est trésorière. À ce stade, le contenu même dudit pôle reste mystérieux, pour ne pas dire imprécis : il doit organiser des expositions temporaires, associées, peut-être à terme, à une exposition permanente, consacrées au Repas gastronomique des Français. Des expositions qui doivent être suffisamment attractives pour justifier un tarif d’entrée encore en discussion, mais probablement situé autour de 8 euros.
Une facture qui s’alourdit
L’échec de la Cité de la Gastronomie lyonnaise, fermée après 9 mois d’ouverture, a sans doute servi de catalyseur à cette décision. « Le projet lyonnais a été asphyxié rapidement. Cela montre que pour être valide et durable, ce type de projet a besoin d’un financement stable et assuré, non tributaire des aléas du secteur privé », poursuit-il. C’est donc la Ville, soutenue par la Région et l’État, qui va gérer ce pôle culturel de la Cité de la gastronomie et du vin, selon une formule encore à trouver, peut-être sous forme de régie.
Une chose est certaine à ce stade, la facture s’alourdira pour les collectivités d’au moins 3 à 4 millions d’euros, attendus initialement des mécènes. « La création du pôle culturel et sa scénographie initiale mobiliseront autour de 15,5 millions d’euros – 12,5 millions pour l’acquisition des murs et 3 millions pour la scénographie. Ensuite, le coût de fonctionnement, que l’on ne peut pas estimer aujourd’hui car il dépendra beaucoup du nombre de visiteurs, sera à la charge de la Ville », décrit François Rebsamen. La Région Bourgogne-Franche-Comté a d’ores et déjà annoncé du « rab », passant son enveloppe de 5 à 7 millions d’euros.
La donne a changé
Le maire de Dijon et président de la métropole veut voir de nombreux avantages à cette nouvelle situation. « Cela va nous permettre de bien maîtriser la question du prix du billet d’entrée à la CIGV, de développer une approche optimisée des expositions temporaires, dont le renouvellement est essentiel pour la récurrence des visites. Mais nous savons faire, comme en témoigne le Musée des Beaux-Arts », assure-t-il. La pleine gestion du pôle culturel par la Ville est réclamée de longue date par Emmanuel Bichot, principal opposant municipal auteur de nombreux recours contre le projet de cité. Pourquoi avoir, en premier lieu, confié la gestion d’un tel ensemble public à une association privée ? « C’est une bonne question, c’était dans l’air du temps, une période où l’on était sûr que les entreprises participeraient. La donne a changé avec la crise sanitaire », estime le maire.
Le calendrier d’ouverture, lui, ne change pas vraiment. Les travaux devraient être achevés largement pour l’inauguration en décembre prochain. L’ouverture de la CIGV au public sera vraisemblablement plus tardive. « Nous espérons pouvoir ouvrir au public dans un an. La crise sanitaire devrait être derrière nous et les beaux jours devant », positive François Rebsamen.