Pour tout le monde à Dijon, il est Chris. Natif d’York en Angleterre, Christopher Wooldridge est l’incontournable Monsieur Vélo de la place. Surtout depuis qu’il a ouvert, il y a une petite année, un magasin d’un genre nouveau en zone Cap Nord. Le jeune dirigeant est le nouvel invité de notre chronique Wall Street English sur les anglophones de Côte-d’Or.
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« T’as vu ma carte de séjour ! C’est bon, je peux rester ici. » Chris se marre. Comme tous les ressortissants britanniques vivant sur le sol français, après un peu de paperasserie, il a enfin le « go » pour poursuivre sa route. L’effet Brexit a ceci de déstabilisant quand on vit dans l’Hexagone depuis l’âge de 10 ans. Anyway, passons.
Le trentenaire vient de York, au nord-ouest, jolie ville fortifiée (elle abrite la plus grande cathédrale gothique du pays) comparable en taille à la métropole dijonnaise. « Je me souviens bien du voyage en bateau. On arrivait en France pour le travail de mon père, dans la presse », retrace sobrement l’intéressé, dont la vision de la France se limite d’abord à Paris. Puis viennent les campings de Vendée, « pour bosser ». Là-bas, il cultive son tempérament de touche-à-tout, au contact des deux-roues principalement. Plus tard, à Dijon, il débarque comme stagiaire aux Cycles Berry, près de la place Wilson. Practice makes perfect : Chris sera successivement apprenti, employé, associé, puis propriétaire de l’enseigne en 2018. « Dijon, c’est un pur hasard et au final, j’aime sa position centrale, sur les grands axes de communication, proche de la montagne. C’est pas loin de Morzine, mon spot préféré pour rouler, de l’Italie aussi… »
Service à l’anglaise
Installé sur 1200m2 en zone Cap Nord, Chris Bike Dijon a élargi son cercle d’influence en un temps record. C’est un peu l’esprit maison. « J’ai parcouru le monde et me suis inspiré des meilleures idées partout. Je voulais les compiler dans un grand magasin qui me ressemble. J’ai l’impression que ça marche », estime le dirigeant, entouré au quotidien de huit collaborateurs, ravi par ailleurs que son naturel et la qualité de sa proposition aient autant payé. « J’essaie de développer un service à l’anglaise, sourit Monsieur Vélo. Là-bas, c’est 7/7, ouvert entre midi et deux, il y a moins de charges sur les salaires qu’en France, donc plus de personnel , donc plus de flexibilité. Ici, je me contente d’un 6 jours sur 7, mais les clients peuvent venir à tout moment de la journée. L’équipe parle anglais, j’y tenais. C’est indispensable pour échanger avec les fournisseurs et rester ouverts aux technologies qui sortent partout dans le monde. Et puis sur la Côte, on ne compte plus les étrangers avec résidence secondaire, qui sont rassurés de pouvoir échanger en anglais. »
D’ailleurs, alors que nos camarades britanniques occupent régulièrement les podiums, la perfide Albion est-elle un vrai pays de vélo ? « Dans la pratique urbaine, le développement est exponentiel, comme en France. Le vélotaf (ndlr, l’acte de se rendre au boulot à bicyclette) est une religion à Londres et est en plein boom ailleurs, les pistes cyclables se multiplient. Il faut dire que les centres des grandes villes sont de plus en plus limités aux voitures, carrément taxées pour leurs émissions de CO2. Cela dit, concernant la pratique sportive, la montagne la plus haute d’Angleterre culmine à 1000 m d’altitude… » Forcément, les possibilités sont limitées. Vive nos montagnes françaises !
Fédérer une communauté
Christopher Wooldridge n’a pas d’accent mais garde la petite habitude de faire tourner les radios british dans son magasin. Personne ne s’en étonne. Dans ce petit paradis du vélo, les stocks foisonnent et les dernières trouvailles ne sont jamais bien loin. « Commercialiser des vélos n’est pas une fin en soi. Nous sommes confrontés à une hausse continue de la demande, le vélo électrique notamment connait un essor impressionnant. À coté de ça, je tiens à développer de l’événementiel, des soirées, des séjours encadrés à Morzine, à Finale Ligure en Italie, et ailleurs en Europe. L’enjeu est de fédérer une communauté autour du vélo et du magasin. L’après Covid va être déterminant, le besoin d’évasion et de voyage est tellement fort… » Tant que la carte de séjour est up to date…
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Tous les épisodes « Wall Street English »
🇺🇲 #9 Becky Wasserman, adieu à une grande dame du vin
🇦🇺 #8 Jane Eyre, ex-coiffeuse devenue Négociante de l’année 2021
🇺🇲 #7 Brittany Black, créatrice d’une librairie anglophone
🇬🇧 #6 Christopher Wooldridge, le docteur vélo et mister bike de Dijon
🇺🇲 #5 Alex Miles, personnage multicasquette et fin gourmet
🇬🇧 #4 Deborah Arnold, Dijon et sa cité des dukes
🇬🇧 #3 Jasper Morris, pape des dégustateurs en Bourgogne
🇦🇺 #2 Kevin Pearsh et ses totems de Commarin
🇬🇧 #1 Clive et Tanith Cummings, protecteurs de l’abbaye de La Bussière