Il fait partie des dirigeants malmenés par le virus. Malgré tout, David Butet a signé pour un deuxième mandat à la présidence du Medef 21, sur les bases d’une maxime très actuelle : à quelque chose malheur est bon. Vivement l’université d’été, jeudi 9 septembre, pour aborder autour de prestigieux invités le thème « Effondrement et émergence : la jeunesse comme levier du changement ».
« Je vais mieux, voire bien. » Avant de présider le Medef Côte-d’Or, David Butet est un chef d’entreprise comme les autres. Enfin, pas tout à fait, puisque la nature même de son activité l’a renvoyé dans les cordes du combat mené contre le Covid. Sonné, mis à terre, il a dû passer par des « décisions drastiques » : licenciements au sein de l’Atelier Panel qui construit habituellement son mobilier, mise en berne de son agence événementielle. Puis il a fallu se reconstruire. « Je me suis lancé dans l’agencement mobilier sur mesure, au service des professionnels. » Pas de « B to C » mais du « B to B » qui passe par des prescripteurs efficaces comme les architectes, et des interventions in fine dans des bureaux, des restaurants ou des hôtels refaisant peau neuve en attendant le retour aux affaires. 19 emplois ont ainsi été sauvés à l’Atelier Panel.
David Butet a fait ce qu’il sait faire de mieux : exciter son imagination sur des projets différents et compatibles avec les compétences historiques de son activité. Après une période dédiée à la fabrication de distributeurs de gel hydroalcoolique (quoi faire d’autre alors ?), sa menuiserie s’est investie dans un « positionnement intermédiaire entre le petit artisan et le gros fabricant ». D’autant que le bois, plus que jamais, a le vent en poupe.
Le résultat est là. « Je signe des marchés dans la durée, mon carnet de commandes est plein jusqu’à novembre, nous avons pour 2 à 3 millions d’euros de marchés conclus à moyen terme. » Strat Design, son bureau d’études, a développé en parallèle des boutiques et des terrasses éphémères. La démarche participe d’une vision globale à laquelle David Butet ajoute une activité de développement externalisé, basée sur l’activation de son important carnet d’adresses.
« En 2020, j’ai réfléchi longuement à ma capacité à tenir mes promesses pour le syndicat, mais je me suis vite rendu compte que sans cet engagement, j’encourais aussi le risque d’une déprime. »
Du coup, le chef d’entreprise se sent de nouveau à l’aise avec son mandat au Medef Côte-d’Or. « Je ne vais pas vous cacher qu’en 2020, j’ai réfléchi longuement à ma capacité à tenir mes promesses pour le syndicat, mais je me suis vite rendu compte que sans cet engagement, j’encourais aussi le risque d’une déprime », confie sans fard ce dernier.
Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. David Butet a fait sienne cette maxime dans un environnement de patrons et patronnes qui, malgré tout, « ont plutôt un bon moral, notamment dans un département pas trop affecté ». Le virus, certes, a fait des victimes sur le terrain économique. « Mais la plupart du temps parmi ceux qui n’étaient pas bien avant. »
Le chef d’entreprise a un devoir d’exemplarité. « Être au cœur du combat nous oblige à être des poissons pilotes. » Avec la satisfaction que « pour la première fois, les collectivités interrogent les organisations syndicales sur la politique à mener ». On peut même parler de petite révolution. « L’acculture économique est un mal français », rappelle David Butet, partisan d’un « bon sens des mathématiques appliqué à l’économie au quotidien ».
Paris n’est pas la France
Ce retour à la pleine confiance et à l’écoute des pouvoirs publics n’est évidemment pas étranger à une opinion publique qui, à la très grande majorité, considère que le salut viendra des chefs d’entreprises bien avant les politiques. « Construire économiquement le territoire, c’est déjà agir sur le social. Mais nous ne sommes pas assez inclus dans les réflexions », martèle le président.
L’organisation patronale côte-d’orienne saisit la balle au bond en créant des commissions spéciales sur les grands dossiers comme l’hydrogène, le tourisme et l’attractivité économique. Elle surfe sur la réforme des OPCO, les fameux opérateurs de compétences, qui « autorise le sur-mesure dans la formation et attire de nouveaux talents ». Le Medef Côte-d’Or représente via ses employeurs près de 65 000 salariés sur les 141 000 que compte le département, tous directement impliqués dans le territoire, « contrairement à l’Île-de-France, par exemple, dont 30 % des salariés n’y vivent pas ». Paris n’est pas la France, le temps et l’espace les séparent à tout point de vue.
Prestigieux invités
L’université du Medef Côte-d’Or, dont David Butet fut le créateur sous sa casquette professionnelle, célèbrera ses dix ans jeudi 9 septembre, à l’Écrin de Talant. « Effondrement et émergence » en sera le thème. Ses têtes d’affiche se nommeront Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef national bien sûr ; le chef-entrepreneur superstar Alain Ducasse ; Justine Hutteau, l’inspirante fondatrice de la marque de produits d’hygiène naturels Respire ; Philippe Wahl, le PDG du groupe La Poste depuis 2013 ; Nicolas Isnard, le chef étoilé de l’Auberge de la Charme ayant dû passer aussi par une révolution de son métier.
Avec une question qui dit tout (voir détails ci-dessous) : « Comment prendre en compte dès maintenant les attentes professionnelles d’une jeune génération qui bouscule parfois nos certitudes, et les intégrer tel un levier du changement ? » Vaste programme. Mais à quelque chose malheur est bon.
L’université d’été du Medef Côte-d’Or : rendez-vous à l’Écrin et en ligne
La 10e édition de l’université d’été du Medef Côte-d’Or sera axée sur une thématique forte, « passant un véritable message de soutien aux entreprises » dixit le syndicat : encourager le rebond et valoriser les initiatives et l’énergie déployée partout sur le terriroire. Parler d’« effondrement et d’émergence », c’est mettre en lumière les étapes qui transforment une épreuve en opportunité : la veille qui permet d’anticiper, la perception qui accompagne les décisions éclairées, et l’audace qui pousse à l’innovation et à la transformation.
La jeunesse sera aussi au cœur du programme, promettent le Medef et l’agence INNOV’Events Dijon qui pilotent l’événement de concert : « Le rebond ne peut se faire sans penser dès maintenant l’inclusion de cette nouvelle génération qui va intégrer un monde du travail totalement chamboulé. Elle sera représentée par des étudiants qui livreront leurs attentes du monde du travail, et partageront leurs connaissances sous la forme de mentorats inversés. » Cette université sera plus digitalisée que jamais, avec des retransmissions live et un networking qui promettent une véritable immersion.