EDF Hydraulique et Kärcher accompagnent l’artiste allemand Klaus Daven dans la folle réalisation d’une fresque végétale sur les parois de l’emblématique barrage de Vouglans (Jura). Retardée par les crues du début d’été, l’opération devrait être achevée fin septembre. Zoom sur une opération sous haute pression.
En 2012, Klaus Dauven conçoit et réalise un dessin du genre monumental. « Empire Fish », mesure 307 mètres de large et 57 m de haut. Son support ? Un barrage chez lui, en Allemagne. Son pinceau ? Un nettoyeur haute pression. Les images feront le tour du monde. En juillet 2021, ce même Klaus fait connaissance avec le Jura, au pied d’un autre mastodonte de béton : le barrage de Vouglans. « C’est mon cinquième barrage, car il y en a eu au Japon, en Corée du Sud… J’ai découvert Vouglans en cherchant un lieu en Europe et suis tombé sous le charme », commente l’artiste, très sensible aux propriétés de son support. « Pour que cela fonctionne, les lichens et les algues doivent être très prononcés. Le contraste doit être fort. Ici le béton est très clair d’origine et les dépôts sont très noirs, c’est parfait. » Vive la saleté !
À partir de plans d’architecte, l’Allemand s’est donc mis au travail, selon une technique qu’il a lui-même inventée : des croquis associés à de savants calculs. « Ici, je n’ai jamais vu une forêt comme celle-ci. C’est une sorte de jungle, dense, verte, pleine de mousse sur les arbres. Impressionnant. Alors mon dessin, c’est un hommage à cet environnement, pour rappeler aussi qu’ici, avant le lac, il y avait de la végétation. ». Exploitant du barrage de Vouglans, EDF Hydro Alpes a très vite donné son aval. La fondation Kärcher, de longue date engagée dans d’impressionnants « nettoyages » patrimoniaux, est restée fidèle aux défis de Klaus.
Fish Empire, exemple d’art au Kärcher signé Klaus Dauven, au barrage d’Eibenstock (Allemagne) en 2012.
2 500 points au laser
Le dispositif est impressionnant. Suspendus à des cordes, quatre à six techniciens s’emploient sur les parois du barrage sous surveillance permanente. Depuis la berge, des géomètres activent des lasers et matérialisent près de 2500 points distants de 3 mètres qui seront reliés entre eux, tel un jeu d’enfants, par une gomme biodégradable. Ces repères serviront alors de guide aux cordistes chargés de nettoyer. Simple non ?
« Depuis plus de 40 ans, Kärcher s’engage dans le mécénat culturel et la préservation de l’environnement », rapporte le chef de chantier Nick Heyden, soucieux de revendiquer une approche écoresponsable. « Un barrage produit de l’électricité : nous utilisons 500 m de câbles électriques pour prendre l’énergie à la source. Nos nettoyeurs haute pression sont à l’eau froide, provenant directement du lac.
Notre gomme pour les contours est biodégradable… » Le défi technique est un autre aspect. Comment maintenir une pression constante à travers 130 m de tuyaux ? « Ce sont des situations extrêmes, mais nous savons faire. Pour Kärcher, c’est un moyen très marquant de montrer notre valeur ajoutée technologique. »
L’arbre qui cache la forêt
L’œuvre forestière sera bien sûr éphémère. C’est dame nature qui décide. Les touristes de passage pourront tout de même se régaler du résultat pendant trois à cinq ans, selon l’évolution des dépôts. Cette fresque monumentale promet de créer l’événement. Romain Apparigliato, délégué territorial de la Vallée de l’Ain pour EDF Hydraulique, est enthousiasmé par ce qui se passe ici. « Suite à la réussite populaire des 50 ans de Vouglans en 2018, nous avons ouvert au public, l’année suivante, en partenariat avec les collectivités locales, deux belvédères à Cernon et Lect, depuis lesquels la vue sur le barrage est exceptionnelle. Avec les travaux réalisés en 2019 pour améliorer la sécurité de la plage de Surchauffant et les visites du barrage-usine de Saut-Mortier relancées cette année avec l’office de tourisme Pays des Lacs et Petite Montagne (2 visites par jour, sur réservation), nous proposons une véritable offre de tourisme industriel au territoire. C’est aussi un excellent levier pédagogique, pour faire comprendre que l’hydraulique est la première des énergies renouvelables. Cette fresque complète ce programme et rejoint nos engagements pédagogique, environnemental, touristique et d’innovation. »
En principe, le travail devait être terminé fin juillet. Les pluies diluviennes en ont décidé autrement : elles ont fait augmenter le niveau de l’eau et l’activité du barrage, avec un débit multiplié par 100 (!) par rapport à un été normal. Les cordistes ont donc rangé sagement le matériel et reviendront à partir du 20 septembre pour un petit mois de travail. Pour l’heure, seul un sapin est visible. Il est l’arbre qui cache la prometteuse forêt.