Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) s’est rendu à l’évidence : le rendement des vendanges 2021 sera l’un des plus faibles de ces dernières décennies. La conférence de presse de rentrée, donnée à Meursault mardi 5 octobre 2021, fût également l’occasion de mettre en lumière la bonne dynamique du marché national et international, et la nouvelle identité de la Cité des Climats et vins de Bourgogne. Santé !
« Le gel m’a tuer. » François Labet et l’interprofession des vins de Bourgogne se souviendront longtemps de cette année. Alors que les vendanges touchent à leur fin, le président du BIVB était déjà en mesure d’affirmer que la récolte est « historiquement faible ». Le changement climatique n’en finit plus de contrecarrer les plans des vignerons. Dame Nature n’a pas été clémente avec nos 30 000 hectares de vignes. Le gel d’avril et les orages de grêle ont laissé des traces indélébiles, et ce du Chablisien au Mâconnais. Ce qui a forcé les viticulteurs à repousser l’échéance, jusqu’à plusieurs semaines parfois. Le nord du Mâconnais se battait encore avec les intempéries quelques jours avant les premiers coups de sécateur.
« La récolte annuelle moyenne a chuté d’environ 30 % depuis 10 ans »
« Nous estimons cette récolte à 50 % de la production moyenne, soit environ 750 000 à 800 000 hectolitres de rendement pour le millésime 2021. La Bourgogne va renouer avec un millésime classique et une tendance sur des vins rouges qui auront besoin de vieillir », prévoit François Labet. Pas de quoi s’inquiéter sur la qualité du millésime pour autant.
L’année 2021 vient tout de même confirmer une crainte. Malgré une année 2018 exceptionnelle ou encore une cuvée 2020 prolifique, « la récolte annuelle moyenne a chuté d’environ 30 % depuis 10 ans. Une baisse liée aux conditions climatiques, ainsi qu’au dépérissement du vignoble. » Ce qui ne devrait pas causer une hausse des prix pour autant, selon le BIVB qui agît pour que ces faibles rendements ne deviennent pas monnaie courante. « On cherche toujours des moyens pour se prémunir du gel. Les maladies des vignes est aussi un sujet important. Tous les producteurs font très attention à la présence de flavescence dorée dans leurs rangs. » De son côté, le commerce connaît de beaux jours. Les chiffres des sept premiers mois de 2021 dépassent les attentes de l’interprofession.
Des ventes quasi records
« Les affaires vont bien », rassure Frédéric Drouhin, président à la négoce. Paradoxalement, la commercialisation des vins bourguignons a le vent en poupe, en France comme à l’export. Le marché national, qui représente 50 % des parts de marché, a vu son volume croître de 17,2 %, et son chiffre d’affaires de 22,1 % par rapport au premier semestre 2019. Les pays étrangers sont tout aussi bons élèves. La Corée du Sud multiplie ses importations par 4, pendant que les États-Unis (+14 %), le Royaume-Uni (+19,7 %) ou encore la Belgique (+34,4 %) continue d’agrandir leurs stocks.
Ces chiffres s’expliquent notamment par la qualité des récents millésimes et l’essor de la vente en ligne, en partie causé par la pandémie. « Nous n’avons pas encore de chiffres pour quantifier ce boom du marché en ligne, mais il saute aux yeux. Les récents accords de libre-échange y sont pour quelque chose aussi, nous les soutenons pleinement. » Mais l’heure est à la prudence, avec des stocks qui devraient logiquement en prendre un coup. La faute àune récolte deux fois inférieure à celle de 2020 (environ 1,56 million d’hectolitres).
La Cité des Climats et vins de Bourgogne, c’est pour 2022 !
Cette rentrée était également l’occasion de présenter la nouvelle identité de la Cité des vins et climats de Bourgogne. Celle-ci devient la Cité des Climats et vins de Bourgogne. « Cela reflète la raison d’être de cette Cité : révéler et faire découvrir au plus grand nombre que la Bourgogne est le berceau d’un grand modèle de viticulture », précise Benoît de Charrette, président de ce projet. La sortie de terre des cités de Beaune, Chablis et de Mâcon est prévue courant 2022.
« Le secteur peine encore à recruter »
Vita Bourgogne a un an ! Le « Pôle Emploi du vin » souffle sa première bougie, et fait déjà ses preuves. Ce n’est pas un secret, la filière recrute. En douze mois, plus de 600 offres ont circulé sur son site internet, dont environ 70 % d’entre elles pour les métiers de tractoriste et de caviste. Mais trop rares sont les offres qui débouchent sur des embauches. « Il y a en moyenne 9 candidats par offre. Mais on manque de candidats formés, d’où les difficultés de recrutement. Et nos métiers sont encore mal perçus, bien que la rémunération soit bonne », précise une représentante du programme. La plateforme met en ligne des offres de formations, afin de permettre aux futurs employeurs de maximiser leurs chances de recrutement.