Angela Merkel a fait ses adieux officiels à la France et au président Emmanuel Macron depuis la Côte-d’Or. Beaune et Vougeot étaient les heureux élus. Récit.
Quand Yoann Chapuis envoie le repas dont il est le chef d’orchestre, c’est toute la Bourgogne qui est fière. Au menu du chef étoilé de Tournus, venu spécialement cuisiner au château du Clos de Vougeot, des œufs en meurette bien évidemment. Hasard du timing, il y a quelques semaines, Grégory Cuilleron, a été sacré champion du monde de la spécialité ici même.
Les truffes de Bourgogne accompagnent le pâté en croûte. Le bœuf a gambadé dans les bocages charolais avait de se voir prélever un filet et paleron braisé, pour terminer dans l’assiette présidentielle accompagné d’un jus au gevrey-chambertin. Fromages affinés de Bourgogne et cassis dans le dessert complètent la farandole des grands classiques. Partition 100% locale, parfaitement exécutée.
Joachim Sauer et Angela Merkel, Brigitte et Emmanuel Macron ont apprécié, tout autant que les breuvages servis en accompagnement : Saint-Aubin 1er cru 2015 Le Charmois de chez Picard et Nuits-Saint-Georges 1er 2014 du domaine Gavignet. Aucune tromperie sur la marchandise. Il faut dire qu’à l’annonce de la visite d’État, le Palais de l’Elysée avait clairement motivé son choix à travers un communiqué : Beaune et Vougeot, c’est l’art de vivre à la française, le patrimoine, les plaisirs de la table.
Mauvais millésimes
La dernière visite officielle de la chancelière, après 16 ans au pouvoir, a donc eu lieu en Côte-d’Or et nulle part ailleurs. Flatteur. Le vin fut le fil rouge de la visite car sur ce thème, France et Allemagne sont cousins à bien des égards. Beaune et ses hospices, d’ordinaire si calmes avant la vente des vins le troisième dimanche de novembre, étaient pleins à craquer. De quoi rappeler des souvenirs à ceux qui, comme le maire Alain Suguenot, étaient déjà là en 1993 lors du sommet Kohl-Mitterrand. Avant cela, dans une fameuse boutique de vins de la ville, les deux chefs d’État avaient reçu un flacon en cadeau. Millésime 1955 pour madame la chancelière, 1978 pour le président français. Leur année de naissance respective (1954 et 1977) étant parait-il de mauvaises années pour les vignerons bourguignons, on a fait une petite entorse. L’attention a fait sourire. Angela Merkel a apprécié, elle qui apprécie beaucoup le vin rouge.
« Danke Mutti !« , pouvait-on entendre, lancés par quelques allemands en vacances à Beaune, qui ont donné le sourire aux lèvres de nos confrères de la presse allemande, venus en nombre, et dont certains ont prévu d’étirer le séjour pour effectuer quelques reportages sur l’art de vivre à la bourguignonne. Riche idée.
La Renault d’Emmanuel Macron est arrivée la première pour accueillir l’Audi de la chancelière. Aucune faute non plus concernant les véhicules du cortège officiel. Équilibre parfait entre France et Allemagne. Ban bourguignon de circonstance par le comité d’accueil. Le même, beaucoup plus vigoureux, reçu au château du Clos de Vougeot, dans le phare de la Bourgogne viticole, au moment des intronisations par la confrérie des Chevaliers du Tastevin.