Louis Pasteur n’a jamais été autant d’actualité. En 2022, le bicentenaire de la naissance du scientifique permettra à la ville de retrouver le niveau de complicité avec le savant qui aurait dû être le sien depuis longtemps. Le maire Jean-Baptiste Gagnoux, en habit de circonstance, développe le sujet.
Jean-Baptiste Gagnoux, le maire de Dole, dans la maison natale de Pasteur devenue musée. © Jean-Luc Petit
Rendre à Pasteur ce qui appartient à Pasteur : sa belle ville natale de Dole. Puis rendre à Dole ce qui appartient à Dole : le bénéfice de l’immense notoriété de Pasteur. Tel est le paradoxe qui surgit alors que le monde entier s’apprête à célébrer le bicentenaire de la naissance de l’illustre savant (1822-1895), dont l’œuvre est saluée comme la référence ultime de l’espoir en ces temps pandémiques.
Un homme en fait une opportunité pour sa ville. Jean-Baptiste Gagnoux veut que Dole profite du grand mouvement commémoratif pour donner à Dole une visibilité de premier plan. « C’est pour nous une fierté, mais Pasteur a connu lui aussi l’incertitude, il y a toujours une phase de doute dans la recherche », rappelle au passage l’édile. Il fait bien. Ce voyage en terre inconnue du scientifique a fini par avoir raison de la rage. « Il est le miroir de la situation actuelle, d’un monde en proie à de nombreuses questions. »
Dole et Pasteur, une histoire contrariée
Le doute et les tâtonnements aboutissent donc parfois à une réussite miraculeuse. La science a besoin de patience, de courage et d’un peu de chance pour forcer le destin des hommes. En pleine crise sanitaire, on doit se souvenir de tous ces chemins empruntés par Pasteur, érigé aujourd’hui en figure planétaire exemplaire. Sa ville natale fait partie de ces chemins. Elle ne saurait être mise à l’écart. « Pourtant, s’étonne encore Jean-Baptiste Gagnoux, le lien entre Dole et le Français le plus célèbre de tous les temps, l’homme ayant le plus grand nombre de rues à son nom, a toujours été difficile à établir. Toutes les municipalités s’y sont cassé le nez. » L’absence de lien contemporain avec le personnage expliquerait en grande partie cette forme d’indifférence.
2022 et 2023 donneront l’occasion de relancer une histoire d’amour demeurée trop longtemps platonique pour en rester là. D’abord par le biais des nombreux événements qui vont jalonner le calendrier des célébrations (lire encadré plus bas). Ensuite parce que la maison natale du génie jurassien fait l’objet d’un vrai projet de valorisation.
La Maison Pasteur de Dole. © Maxime Coquard / Jura Tourisme
Tour de France le 9 juillet
Jean-Baptiste Gagnoux a pris, sous sa casquette de conseiller départemental, la présidence d’un EPCC (Établissement public de coopération culturelle) qui coordonne les événements et projets entre Arbois et Dole. Le 9 juillet, les coureurs du Tour de France feront ainsi étape à Dole. « On mettra le paquet à partir de là », lâche alors l’élu, annonçant un programme dense.
Un mapping vidéo d’une vingtaine de minutes projettera le biopic de Pasteur sur les façades de l’Hôtel-Dieu, les vendredis, samedis et dimanches. Des expositions et des conférences animeront cette année de célébrations. Mais 2022 sera surtout le millésime choisi pour poser les bases « d’un projet durable, avec la transformation et la valorisation en profondeur de la maison natale de Louis Pasteur, sous des angles ludiques, pédagogiques et numériques ».
Le projet n’est pas encore sorti des planches à dessin de l’architecte. Il est ambitieux, on parle de quelques millions d’euros d’investissement. Globalement, le propos sera de mettre au jour le travail sur la microbiologie du grand savant. En pénétrant de la sorte l’univers scientifique de Pasteur, la belle jurassienne compte bien se mettre au diapason du monde la recherche, en s’alignant sur un terrain tenu si secrètement et exclusivement par les laboratoires qui portent le nom de son génie.
Dole est une belle jurassienne, au patrimoine remarquable. © Jean-Luc Petit
Un programme très viral
Tout au long des deux années à venir, DBM et DijonBeaune.fr reviendront sur le programme-hommage à Pasteur. En voici les temps forts.
Tour de France. Le 9 juillet, il empruntera symboliquement la route Pasteur au départ de Dole. Cette huitième étape jusqu’à Lausanne (Suisse), diffusée dans le monde entier, sera un écho rayonnant au savant.
Mapping vidéo. Dès ce même 9 juillet et chaque fin de semaine (vendredi, samedi et dimanche), un mapping vidéo illuminera la façade de l’Hôtel-Dieu. Le grand public saura tout de la vie du savant en une vingtaine de minutes.
Les films et le virus. Le cinéma c’est vital, le cinéma c’est aussi viral parfois. Au printemps 2023, Dole a l’ambition de réunir des films mettant en scène des virus. À la marge des projections, l’ambition est de réunir des chercheurs sur le traitement cinématographique des épidémies.
Prendre soin. Tel est le titre d’une exposition qui prendra place au Musée des beaux-arts, de la mi-octobre 2022 à la mi-mars 2023. Figures de soin depuis l’époque médiévale, malades et maladies, toucher et être touché, l’infiniment petit… Passionnants thèmes évoqués par cette exposition aussi transversale que philosophique.
Autres événements en vue. Microscope pour saluer Louis Pasteur, comédie musicale coréalisée mi-octobre. Dole au siècle de Pasteur, exposition en juillet. Un show pyromélodique. Lancement officiel le 4 février du 5e timbre commémoratif. Puis quelques conférences et autres événements à Arbois et Poligny, autres lieux de célébration de Pasteur.