C’est une compétition pas comme les autres qui se déroule ce jeudi à Charolles : les Ovinpiades. Une centaine de jeunes venus de toute la Bourgogne vont en découdre pour montrer leurs aptitudes à devenir… bergers ! Une filière d’avenir qui a pourtant du mal à séduire.
Le constat est simple : dans les 10 années à venir, l’agriculture française aura besoin d’installer 8000 éleveurs de moutons pour remplacer les actifs partant à la retraite. « Dans une dizaine d’années, précise l’interprofession, 58 % des éleveurs de brebis partiront à la retraite. Or, ils détiennent à eux seuls 43 % de la production moutonnière française. » La filière a donc imaginé les Ovinpiades des Jeunes Bergers, une grande opération de communication, volontairement ludique, pour tenter d’attirer les jeunes.
Dix-neuf régions accueillent des épreuves de sélection, et pour la Bourgogne, ça se passe aujourd’hui à Charolles. Au nom du LEGTA La Barotte – Haute Cote-d’Or, où il enseigne, Eric Demouron encadrera onze jeunes candidats côte-d’oriens, tous élèves de Bac Pro Conduite générale des exploitations agricoles: « Ce sont des jeunes qui souvent ne connaissent pas le métier de berger. Il y a, dès le départ, chez beaucoup d’entre eux, un a priori négatif. Le mouton a toujours été considéré comme un élevage moins noble que la vache, sans finalement que l’on sache pourquoi. En manipulant les moutons, les jeunes découvrent la réalité, ils se rendent compte que c’est très technique, mais également que l’on peut gagner sa vie avec l’élevage de moutons. Car jusqu’ici l’élevage ovin n’était pas forcement valorisé. Y compris économiquement. Il était plus intéressant de faire des céréales ou des élevages bovins. On a un peu oublié les moutons. Aujourd’hui, les éleveurs ovins peuvent bénéficier d’aides, et ça va dans le bon sens. »
Mais le temps presse ! A l’heure actuelle, en Côte-d’Or, la moitié des éleveurs ont entre 50 et 60 ans; il y a donc urgence à mettre des jeunes, formés, en face. Et voilà comment berger devient une filière d’avenir: « D’autant plus renchérit Eric Demouron que 80 % des moutons que nous consommons en France viennent de Nouvelle-Zélande et d’ailleurs. Il y a un vrai enjeu à mon sens, et de vraies perspectives de développement.» C’est pour cela que ce jeudi sur le site du Pôle régional ovin de Charolles en Saône-et-Loire, de jeunes élèves bourguignons vont en découdre. Quizz, tri de brebis, parage, évaluation sanitaire, tout va y passer ! Les meilleurs candidats (ils seront une quarantaine sélectionnés sur toute la France, dont deux bourguignons) seront qualifiés pour représenter la Bourgogne aux finales nationales qui auront lieu lors du Salon de l’Agriculture fin février à Paris.