Mercredi 19 octobre 2022, une quarantaine de personnes ont assisté à un débat entre quatre dirigeants d’entreprises locales sur le thème « Aujourd’hui apprenti, demain patron citoyen ». Une table-ronde organisée par le Medef 21 et la Société des membres de la légion d’honneur Côte-d’Or.
« En 15 ans, 100% de nos apprentis (une cinquantaine environ) ont reçu une proposition d’embauche interne à l’issue de leur contrat. » D’entrée de jeu, Pascal Denis a posé les bases de cette table-ronde organisée par le Medef 21 et la Société des membres de la légion d’honneur Côte-d’Or (SMLH 21), mercredi 19 octobre. Le patron de Vernet Behringer, une entreprise dijonnaise de fabrication de machines industrielles, a débattu avec trois autres chefs d’entreprises sur le thème « Aujourd’hui apprenti, demain patron citoyen » : Patrick Jacquier (président de l’Umih 21), Sandrine Vannet (directrice générale de SEB) et Jean-Philippe Girard (président de Dijon Bourgogne Invest et ex-président fondateur d’Eurogerm). Des échanges rythmés par Dominique Bruillot, éditeur de Bourgogne Magazine.
L’apprentissage a le vent en poupe
Un thème dans l’air du temps tant les mérites de l’apprentissage ont été vantés par notre président de la République depuis sa première élection en 2017. Et les chiffres du gouvernement confirment que les formations professionnelles ont le vent en poupe : 718 000 contrats d’apprentissage ont été signés en France en 2021, privé et public confondus. Soit 2,4 fois plus qu’en 2017.
La SMLH 21 engagée auprès des apprentis
« L’apprentissage, c’est la transmission du savoir et du savoir-faire aux jeunes par les anciens, résume Jacques Barthélémy. À l’occasion du centenaire de notre association, les apprentis tailleurs de pierre du lycée des Marcs d’Or ont réalisé une magnifique stèle, installée place de la Légion d’honneur à Dijon. » Co-invitant de cette table-ronde, le président de la SMLH 21 travaille depuis une quinzaine d’années pour chasser les préjugés autour de la formation professionnelle.
Malheureusement, ils reviennent au galop. « C’est en partie la faute de l’Éducation nationale si les gens ont une mauvaise image de cette voie. C’est vu comme un plan B alors que c’est une voie idéale pour intégrer le monde du travail« , regrette la directrice générale de SEB.
« On a un rôle de patron citoyen à assurer »
« On ne recrute pas un apprenti pour remplir les tâches d’un salarié lambda. On est là pour le former, le faire progresser, et pour le fidéliser. D’ailleurs, c’est toujours un pincement au cœur d’apprendre un métier à un jeune et de le voir partir chez le concurrent. Mais c’est le jeu !« , explique Pascal Denis. Depuis une crise sanitaire qui a remis en question nos habitudes de travail, de nombreux secteurs ont été laissé à l’abandon par leurs salariés et peinent à recruter. « Nous sommes fautifs de ne pas nous être souciés des envies de nos salariés plus tôt, regrette Patrick Jacquier, patron du groupe Hôtels Bourgogne Qualité. On n’a pas écouté leur envie de travailler autrement. Travail sans coupure, semaine de quatre jours… Il faut étudier toutes les solutions pour donner un second souffle au secteur de l’hôtellerie-restauration. »
Au cours du débat, les quatre chefs d’entreprise ont longuement échangé sur leur rôle dans l’évolution professionnelle de leurs jeunes recrues. « On dit souvent que les entreprises ont un rôle d’ascenseur social pour nos salariés. Je préfère parler d’escalier social car les jeunes doivent transpirer pour réussir, comme on l’a tous fait ici. Et c’est notre rôle de faire en sorte qu’ils ne restent pas bloqués trop longtemps sur la même marche« , confie Jean-Philippe Girard, qui a récemment cédé son ETI Eurogerm pour se consacrer à la nouvelle agence d’attractivité de la Métropole. « On a un rôle de patron citoyen à assurer. On doit constamment s’assurer que notre affaire tourne, tout en faisant en sorte que nos employés s’épanouissent dans leur travail. » La SMLH 21 espère réitérer l’expérience en intégrant apprentis, écoles et jeunes patrons aux échanges. Dont acte.